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Sondage: quitter un commerce si on n’est pas servi en français?

La Presse Canadienne|Publié le 22 mars 2024

Sondage: quitter un commerce si on n’est pas servi en français?

La place du français dans les commerces montréalais préoccupe les francophones. Ils sont 68% à dire que la situation s’est détériorée au cours des cinq dernières années. (Photo: La Presse Canadienne)

Servir les clients en français, «c’est bon pour la business». De nombreux consommateurs francophones des banlieues délaissent la métropole de peur de ne pas pouvoir se faire servir dans leur langue, un marché potentiellement très lucratif qui échappe aux entreprises montréalaises. 

L’accueil, l’affichage et le service en français représentent le deuxième critère le plus important pour les consommateurs francophones de la grande région de Montréal, derrière la compétitivité des prix, selon le sondage, dévoilé vendredi, réalisé par Léger en collaboration avec la firme Raymond Chabot Grant Thornton.

L’étude démontre que 40% des francophones renonceraient à leur achat s’ils ne se faisaient pas servir dans leur langue. Ils sont quatre sur cinq à se dire prêts à se déplacer 30 minutes pour des raisons linguistiques.

Près du tiers (30%) des francophones choisissent d’éviter certains secteurs de la ville de crainte de ne pas être servis en français.

La firme Raymond Chabot Grant Thornton estime que ces clients récalcitrants représentent un marché de près de 1,1 milliard de dollars.

Les résultats du sondage démontrent qu’il y a un argumentaire économique à faire des affaires en français dans les commerces, souligne Christian Bourque, vice−président exécutif et associé chez Léger. «Ça va peut−être sonner un peu Elvis Gratton là, mais servir ses clients en français, c’est bon pour le “business”, c’est aussi simple que ça.»

Les résultats démontrent que le français ne doit pas seulement être perçu comme une contrainte réglementaire, mais bien comme un atout qui ouvre des portes, défend le ministre de la Langue française, Jean−François Roberge.

«Ce que je retiens aujourd’hui, c’est que les Montréalais, les gens du Grand Montréal ont soif d’être servis en français et que les gens qui auraient une résistance prendraient en réalité une mauvaise décision d’affaires», dit le ministre.

«Il faut diffuser cette information−là pour que les gens d’affaires soient conscients que c’est payant de faire des affaires en français.»

La place du français dans les commerces montréalais préoccupe également les francophones. Ils sont 68% à dire que la situation s’est détériorée au cours des cinq dernières années.

Pour le ministre Roberge, il ne s’agit pas que d’une perception, mais bien de la réalité. «Malheureusement, c’est la réalité. Il y a eu un recul du français.»

Le ministre a défendu les politiques de son gouvernement, notamment en ce qui concerne l’affichage dans les commerces, les universités anglophones et l’immigration. «Moi, je suis confiant qu’on va inverser ce déclin.»

Le sondage démontre également que quatre anglophones sur dix ignorent qu’il existe une obligation légale de commercer en français au Québec. Ce taux est de 4,5 sur 10 pour les allophones.

Le sondage a été effectué en ligne au mois de mai auprès de 3012 répondants résidant dans la grande région de Montréal. La marge d’erreur de ne peut pas s’appliquer dans ce cas, puisque l’échantillon n’est pas aléatoire, mais Raymond Chabot Grant Thornton affirme que les résultats ont été pondérés pour être représentatifs de la population. 

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne