Santé: le taux de postes vacants a doublé depuis quatre ans au Québec
La Presse Canadienne|Publié le 05 septembre 2024En 2023, le taux de postes vacants dans le domaine des soins de santé et de l’assistance sociale s’est élevé à 7,4%, soit 43 000 postes. En 2019, il était de 3,5%. (Photo: Ryan Remiorz La Presse Canadienne)
Encore une fois, le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale présente l’un des taux de postes vacants les plus élevés au Québec. Selon les données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) dévoilées jeudi, le taux de postes vacants a doublé dans ce secteur en quatre ans.
En 2023, le taux de postes vacants dans le domaine des soins de santé et de l’assistance sociale s’est élevé à 7,4%, soit 43 000 postes. En 2019, il était de 3,5%.
La moyenne pour l’ensemble des industries du Québec pour 2023 est de 4,5 %.
Les données de l’ISQ du premier trimestre de 2024 qui ont été publiées en juin semblent indiquer que la tendance se maintient. Pour cette période, on estime qu’il y avait 41 300 postes vacants en santé, ce qui «ne se distingue pas de façon statistiquement significative du nombre observé au premier trimestre de 2023».
Par ailleurs, environ 70 % des postes à pourvoir dans les professions de la santé étaient à temps plein en 2023. Cette proportion est supérieure d’environ 20 points à celle observée en 2019.
Le bât blesse surtout en ce qui a trait aux infirmières. C’est pour cette profession que le nombre de postes vacants a le plus augmenté, passant d’environ 3500 en 2019 à environ 9900 en 2023.
Ce n’est pas la seule profession où il est difficile de pourvoir les postes. En 2023, on comptait environ 7200 postes vacants d’aide-infirmière, d’aide-soignante et de préposée aux bénéficiaires, comparativement à 4100 en 2019.
Dans son analyse, l’ISQ souligne également que le temps qui s’est écoulé depuis l’affichage d’un poste ouvert est une donnée pertinente pour montrer que les employeurs ont plus de difficulté à pourvoir les emplois. Pour l’ensemble des postes vacants du domaine de la santé, environ 52% étaient affichés depuis au moins 90 jours pour l’année 2019. Ce taux a grimpé à 62% en 2023. La majorité des postes à pourvoir en santé étaient donc vacants depuis au moins trois mois.
Pour les infirmières seulement, la part des postes vacants depuis 90 jours ou plus est passée de 52 % en 2019 à 68 % en 2023.
D’autre part, les années d’expérience parfois requises à l’embauche ne semblent pas être la raison pour laquelle il est difficile de recruter de la main-d’œuvre puisqu’en 2023, environ 85 % de tous les postes vacants du domaine de la santé n’exigeaient aucune année d’expérience.
La rémunération a peu d’impact
Globalement, les données montrent qu’entre 2019 et 2023, il s’est ajouté environ 25 000 postes vacants dans le domaine de la santé et l’assistance sociale. «Il faut savoir qu’en parallèle, on note également une croissance d’environ 36 000 emplois salariés dans cette industrie, qui ont été pourvus, ce qui témoigne des besoins accrus de la main-d’œuvre dans le domaine», peut-on lire dans l’analyse de l’ISQ. En raison du vieillissement de la population, les besoins en service augmentent dans le secteur de la santé.
Pourtant, la rémunération a augmenté, mais cela ne semble pas suffisant pour attirer plus de main-d’œuvre. En 2023, le taux horaire moyen des postes vacants en santé était de 27,66$, ce qui représente une hausse de 26% par rapport à 2019 où le taux horaire moyen s’établissait à 21,94$.
L’augmentation de la rémunération est variable selon la profession. La plus forte croissance a été constatée chez les aides-infirmières, les aides-soignantes et les préposées aux bénéficiaires. Leur salaire est passé de 17 $ en 2019 à 24,16 $ en 2023, une hausse de 42 %.
Le Québec n’est pas la seule province confrontée à des défis pour pourvoir des postes en santé. Au cours des dernières années, l’Ontario a aussi observé une croissance des postes vacants dans ce secteur, mais elle a connu une baisse en 2023. Le taux de postes vacants dans le secteur de la santé et de l’assistance sociale en Ontario s’élève à 6,0 %, ce qui creuse l’écart avec le Québec qui continue de voir ce taux grimper.
Par Katrine Desautels
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