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Roundup: demande d’action collective québécoise

La Presse Canadienne|Publié le 24 mai 2019

La demande d'action collective accuse le fabricant d'avoir falsifié des données relatives aux dangers du glyphosate.

Une demande d’action collective contre Monsanto et sa société mère Bayer a été déposée mardi devant la Cour supérieure du Québec relativement au populaire herbicide Roundup.

Cette démarche a été instiguée au nom de tous les résidants du Québec ayant reçu un diagnostic de lymphome non hodgkinien après avoir utilisé ou été exposés à l’herbicide Roundup depuis 1976.

Le groupe est représenté par Liliane Paquette, de L’Assomption, qui a appris en 2005 être atteinte de leucémie lymphocytique chronique _ une forme de cancer du sang _ à un stade avancé, après avoir travaillé et vécu plusieurs années sur une ferme laitière où le Roundup était employé.

La demande d’action collective reproche à Monsanto, à sa division canadienne, de même qu’à Bayer d’avoir faussement représenté le Roundup comme étant sécuritaire, alors qu’ils connaissaient ou auraient dû connaître ses dangers.

Le document, soumis en anglais, allègue entre autres que Monsanto _ qui distribue le Roundup depuis les années 1970 et qui a été racheté par Bayer en 2018 pour 63 milliards $ US _ a discrètement rémunéré des experts soi-disant indépendants pour conduire des études lui étant favorables.

Au Canada, les géants de l’agrochimie auraient mené «une longue campagne de désinformation et de fraude scientifique» afin de convaincre les autorités fédérales de la sûreté de leur produit et de son ingrédient actif, le glyphosate.

Bien que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une composante de l’Organisation mondiale de la santé, considère l’herbicide comme «probablement cancérogène», Santé Canada maintient à ce jour qu’il est peu probable que le glyphosate présente un risque de cancer pour les humains.

La demande d’action collective accuse le fabricant controversé de pesticides et de semences OGM d’avoir falsifié des données, attaqué des études légitimes révélant les dangers du glyphosate et influencé indûment les preuves sur lesquelles s’appuyait l’agence fédérale pour autoriser le Roundup.

Le document soutient que l’entreprise a aussi fait reculer l’Agence américaine de protection de l’ environnement, qui avait initialement classé le glyphosate comme «possiblement cancérogène pour les humains» en 1985.

Le recours entrepris par la firme Dussault Lemay Beauchesne, de Québec, demande 10 millions $ en dommages-intérêts punitifs, en plus d’une indemnisation pour les dommages pécuniaires et la perte de jouissance de la vie des demandeurs, dont l’ampleur serait déterminée lors du procès.

En réponse à une demande d’entrevue de La Presse canadienne, Ginger Rozmus de Bayer Canada a déclaré que «le glyphosate a beaucoup été étudié par des scientifiques et autorités réglementaires du monde entier, et les résultats des recherches confirment qu’il n’est pas carcinogène».

«Nous compatissons beaucoup avec le plaignant (sic), mais les herbicides à base de glyphosate ne sont pas la cause de sa maladie, et nous entendons défendre rigoureusement nos produits», a-t-on ajouté, en précisant que ceux-ci sont utilisés «en toute innocuité depuis plus de 40 ans» et demeurent autorisés «dans plus de 160 pays».

L’Associated Press rapporte que Monsanto est présentement la cible d’un déferlement de poursuites, avec 13 000 personnes intentant des recours à son endroit aux États-Unis seulement. Pas plus tard que la semaine dernière, un jury américain a condamné l’entreprise à verser 2 milliards $ US à un couple souffrant de cancers attribuables au Roundup.