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Rogers ne devrait pas être autorisé à acquérir Freedom

La Presse Canadienne|Publié le 06 avril 2021

Rogers ne devrait pas être autorisé à acquérir Freedom

(Photo: Adrian Wyld pour La Presse canadienne)

Rogers Communications ne devrait pas être autorisée à acheter le quatrième service sans fil en importance au Canada, Freedom Mobile, car cela annulerait les efforts pour améliorer les prix et les services grâce à la concurrence, ont indiqué aux députés d’Ottawa des experts en politique des télécommunications. 

Lors d’une troisième journée d’audiences sur la proposition de Rogers d’acheter Shaw Communications, qui possède Freedom et le plus grand réseau internet de l’Ouest canadien, le professeur de droit de l’Université d’Ottawa Michael Geist a fait valoir que les régulateurs devraient exiger une scission des actifs sans fil avant d’approuver l’accord. 

« Bien que certains cherchent à le justifier ou à l’expliquer, la simple réalité est que les Canadiens paient déjà des prix parmi les plus élevés au monde pour les services sans fil », a affirmé M. Geist, faisant écho à d’autres opposants à l’accord. 

« Si cette fusion est approuvée, la situation risque de s’aggraver. En effet, lorsque Rogers promet de ne pas augmenter les prix pour les clients de Shaw Freedom Mobile pendant trois ans, cela signale en fait qu’il les augmentera dès que cette période sera terminée. » 

Le chef de la direction de Shaw, Brad Shaw, et celui de Rogers, Joe Natale, ont affirmé au même comité, le 29 mars, qu’ils seraient des concurrents plus forts de Bell et de Telus en combinant leur pouvoir d’achat et leurs actifs. Cela permettrait à l’entreprise fusionnée d’atteindre des zones plus rurales et mal desservies, ont-ils fait valoir. 

Brad Shaw a également affirmé que la société fondée par son père, J.R. Shaw, n’était tout simplement pas assez grande à elle seule pour financer les énormes investissements nécessaires à la construction de réseaux sans fil de cinquième génération. 

Interrogé, M. Geist, un expert en politique d’internet et du commerce électronique, a indiqué que le résultat « le plus acceptable » serait que Shaw et Freedom restent des rivales indépendantes des trois plus grandes entreprises de télécommunications du Canada. 

« Shaw est un concurrent viable et innovant », a estimé M. Geist. « Donc, le retirer du marché (…) serait une perte pour les consommateurs en fin de compte. »

Ben Klass, membre d’une équipe de recherche qui étudie la concentration de la propriété dans les industries des télécommunications et des médias au Canada, a souligné que le gouvernement devait s’en tenir à l’objectif d’un quatrième opérateur sans fil dans chaque région. 

La plupart des nouveaux concurrents sans fil apparus en 2008 et 2009 ont été absorbés par les trois géants de l’industrie. Shaw a acheté en 2016 le plus grand opérateur indépendant, Wind Mobile, pour le rebaptiser Freedom. 

« Ce qu’il nous reste, c’est Freedom (en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique), Vidéotron au Québec, et Eastlink dans les provinces maritimes », a précisé M. Klass. 

« Si cette fusion était autorisée, cela reviendrait à admettre que le gouvernement ne souhaite plus soutenir une véritable concurrence dans ce secteur. » 

L’accord annoncé le 15 mars a besoin d’une approbation réglementaire pour aller de l’avant. Des responsables clés, y compris le commissaire fédéral à la concurrence, devaient s’adresser au comité mercredi.