Révision de documents secrets: le fédéral planche sur un comité
La Presse Canadienne|Publié le 28 avril 2022Le leader en chambre du gouvernement, Mark Holland, a déclaré mercredi que le NPD avait donné son accord et qu’il espérait voir le Parti conservateur et le Bloc québécois faire de même. (Photo: La Presse Canadienne)
Ottawa — Le gouvernement fédéral libéral va de l’avant avec la création d’un comité spécial transpartisan auquel une autorisation de sécurité sera accordée afin de permettre à ses membres de réviser des documents secrets au sujet du congédiement de deux scientifiques du Laboratoire national de microbiologie.
Ce comité sera mis sur pied avec ou sans la participation des conservateurs qui s’opposent à cette idée.
Le leader en chambre du gouvernement, Mark Holland, a déclaré mercredi que le NPD avait donné son accord et qu’il espérait voir le Parti conservateur et le Bloc québécois faire de même.
Les membres de ce comité spécial seront habilités à consulter les versions non caviardées des documents, mais un panel indépendant formé de trois anciens juges nommés conjointement par tous les partis fédéraux aura le dernier mot sur le contenu qui pourra être éventuellement rendu public sans nuire à la sécurité nationale.
En décembre dernier, les conservateurs ont rejeté cette proposition des libéraux. Ils disaient préférer que les documents soient tout simplement remis à un comité régulier de députés.
Selon une motion de la Chambre des communes, adoptée par les partis d’opposition au printemps dernier malgré l’opposition des libéraux, ces documents devraient être analysés par des auxiliaires juridiques de la chambre afin de prévenir tout risque pour la sécurité nationale, mais les membres pourraient ensuite décider de rendre publique toute information qu’ils jugent pertinente.
Dans une lettre transmise en janvier, Mark Holland priait les conservateurs de réviser leur position en citant de nombreux experts ayant appuyé la décision du gouvernement qui craint de mettre à risque la sécurité nationale en se pliant aux demandes de l’opposition.
Mercredi, M. Holland a assuré que le projet de comité mixte respectait la demande des conservateurs d’avoir accès à des documents non caviardés. Il a ajouté que si l’opposition officielle demeure campée sur sa position, il aura des doutes sur la sincérité de leurs demandes.
«Vous ne pouvez pas d’un côté dire que vous voulez voir les documents, puis refuser de les voir», a-t-il résumé.
Selon lui, un refus obstiné des conservateurs s’expliquerait uniquement par la volonté de faire traîner le débat à des fins partisanes.
Le porte-parole conservateur en matière d’Affaires étrangères, Michael Chong, a réagi en soirée mercredi en disant que son parti ne participerait pas au comité. Il a accusé les libéraux de court-circuiter le parlement avec la complicité des néo-démocrates.
«C’est clair que les libéraux paniquent et cachent quelque chose en créant ce comité non parlementaire. Nous allons poursuivre nos efforts pour que ces documents soient remis à un comité parlementaire», a-t-il déclaré.
Le Bloc québécois n’a pas immédiatement réagi à la décision des libéraux.
Les partis d’opposition croient que ces documents secrets permettront de faire la lumière sur le mystérieux congédiement de Xiangguo Qiu et de son mari Keding Cheng. Les deux scientifiques avaient été escortés hors du Laboratoire national de microbiologie, situé à Winnipeg, en juillet 2019 avant d’être officiellement renvoyés en janvier 2021.
Ils veulent aussi consulter des documents liés à l’envoi supervisé par Mme Qiu de souches de virus Ebola et de virus de Nipah à l’Institut de virologie de Wuhan, en Chine, en mars 2019.
Le gouvernement souhaite que le comité se mette au travail le plus rapidement possible et se dit même prêt à aller de l’avant sans les conservateurs et les bloquistes s’ils tardent à se manifester.