Rémi Marcoux, beauceron pur sang

Publié le 16/02/2012 à 00:00, mis à jour le 16/02/2012 à 09:13

Rémi Marcoux, beauceron pur sang

Publié le 16/02/2012 à 00:00, mis à jour le 16/02/2012 à 09:13

Le défi américain

Au début des années 80, c'est par plusieurs millions d'exemplaires que chaque mois, Transcontinental exportait aux États-Unis les circulaires quatre couleurs de ses clients, notamment K-Mart USA. L'imprimeur de Saint-Laurent y était déjà connu comme un précurseur et un innovateur. Aujourd'hui, Transcontinental produit ou exporte aux États-Unis le quart du chiffre d'affaires de ses imprimeries. Transcontinental a essayé de produire directement aux États-Unis un volume plus important de catalogues et de magazines en acquérant une participation de 19,9% dans Amersig Graphics en 1994, mais a choisi de se retirer et de ne pas exercer son option d'achat sur le reste des actions.

"Mauvais timing, explique Rémi Marcoux: nous devions améliorer la rentabilité de l'entreprise au moment où le prix du papier augmentait et où l'offre dépassait la demande sur le marché. Heureusement, nous avions eu la sagesse de prendre une simple participation minoritaire et nous avons eu le courage de nous retirer. Une décision qui faisait mal mais qui, à long terme, s'est révélée bénéfique."

Rémi Marcoux considère qu'un échec peut apporter beaucoup à une entreprise: "J'ai commis des erreurs et j'en commettrai d'autres, enchaîne-t-il. L'important, c'est d'en tirer des leçons. C'est ainsi que nous avons choisi de percer le marché américain avec des créneaux prometteurs, comme le marketing direct ou les annuaires téléphoniques. Nous restons à l'affût d'acquisitions mais entre-temps, avec la transmission électronique, il est moins nécessaire d'être sur place pour desservir nos clients américains."

À ceux qui le trouvent trop "frileux", Rémi Marcoux répond qu'il ne veut pas risquer la bonne santé financière du Groupe: "J'ai déjà vécu des récessions, je sais combien une bonne base financière compte dans notre industrie."

L'autre grand défi

En plus de l'expansion de la distribution en Ontario, de l'ouverture mexicaine et de la pénétration ciblée du marché américain, l'autre grand défi est l'avenir de Disque Améric, l'un des plus importants fabricants de disques compacts en Amérique du Nord. Véritable Eldorado pour Transcontinental au milieu des années 1990, l'entreprise ressent actuellement la surcapacité de production de l'industrie du disque compact à l'échelle mondiale.

"L'usine de Drummondville est rentable, affirme Benoît Dubé, analyste chez C.M. Oliver, mais pas les deux usines américaines de Modesto et de Miami, qui fonctionnent à sous-capacité. Les marges ont fondu et les prix ont chuté de 16% en 1997. La situation est difficile."

Pour les analystes, Transcontinental n'a guère le choix: elle doit conclure une alliance stratégique pour renforcer sa position dans le secteur, ou bien céder les usines américaines, voire l'ensemble de Disque Améric. Avec des ventes annuelles d'environ 150 millions de dollars, Disque Améric représente près de 5% des revenus de Transcontinental, qui n'en est propriétaire qu'à 51%.

Rémi Marcoux est catégorique: "J'ai déjà mentionné que le statu quo était inacceptable. Nous travaillons fort à améliorer la rentabilité et nous allons participer à la consolidation en cours dans cette industrie. Nous avons vécu le même phénomène dans l'imprimerie et nous nous en sommes très bien tirés. J'ai confiance. C'est une question de temps."

Un homme de famille

Malgré sa taille, Transcontinental reste une entreprise de type familial, reflétant ainsi la principale valeur de son fondateur. Au Mexique, entre deux options d'achat, son choix s'est porté sur Refosa, propriété de deux familles et dont la seconde génération avait pris les rênes. "Pour racheter Interweb, Rémi a posé deux conditions, raconte René Hétu, le fondateur de l'imprimerie. Il voulait 100% des actions et que mes deux fils restent dans l'entreprise pour apporter leur savoir-faire au Groupe."

"Le plus important et le plus méconnu de ses conseillers, c'est Carmelle, sa femme, poursuit Claude Dubois. Elle l'a toujours appuyé dans les décisions importantes qu'il a prises. Il a une confiance totale en son jugement."

Deux des enfants Marcoux participent déjà aux affaires de l'entreprise: Nathalie, comptable agréée, travaille dans l'équipe de réingénierie, et Isabelle, avocate, au Service juridique du siège social. Quant à Pierre, il termine sa maîtrise en journalisme aux États-Unis. Et l'un des gendres, François Olivier, gère un regroupement d'imprimeries dans la région de Montréal.

"Nous tenons régulièrement un conseil de famille où nous discutons de l'entreprise, précise Rémi Marcoux. J'aimerais que mes enfants y jouent un rôle et se réalisent au sein de Transcontinental, mais ils devront faire leurs preuves et gravir les échelons, comme n'importe qui. Le défi de la relève, c'est aussi celui de nos 9 000 employés, de la base jusqu'au sommet. Je ne suis pas inquiet: il y a du monde fort partout."

Selon Rémi Marcoux, le modèle d'affaires beauceron n'est pas étranger au succès de Transcontinental: "Il s'agit en fait de qualités et d'habiletés très simples, comme la volonté de réussir, le travail d'équipe, le plaisir du travail bien fait et la ténacité."

Au pays qui nous a donné les petits gâteaux Vachon, Canam Manac, Procycle, MAAX et Transcontinental, on partage un autre trait de caractère: l'absence totale de complexes.

*Texte publié dans le magazine Commerce en décembre 1998.

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