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Regagner le contrôle de ses finances et cesser d’avoir peur

La Presse Canadienne|Publié le 30 novembre 2021

Regagner le contrôle de ses finances et cesser d’avoir peur

En 2017, Mme Young a pris une résolution du Nouvel An de prendre en charge ses finances. (Photo: La Presse Canadienne)

Jenna Young a commencé à éviter ses finances après avoir obtenu son diplôme en droit, ainsi que sa dette étudiante, en 2015.

L’adjointe de direction de 30 ans, qui vit à Halifax, a quitté le domaine juridique pour trouver un meilleur équilibre entre son travail et sa vie personnelle, mais elle n’a pas été en mesure de rembourser ses prêts étudiants aussi facilement qu’elle s’y attendait puisqu’elle ne gagnait pas le salaire d’un avocat.

Même si Mme Young a continué à rembourser les montants minimums de ses dettes, elle a cessé de vérifier combien elle devait et a essentiellement ignoré le solde de son compte bancaire.

«Les jours de paie, j’achetais tout de suite tout ce dont je pensais avoir besoin pour les deux semaines suivantes, et je priais simplement que ce qui me reste couvre automatiquement le reste des factures qui sortaient de mon compte bancaire. J’ai accumulé des dettes de carte de crédit pendant cette période également, principalement pour des dépenses inhabituelles qui auraient dû être prévisibles: des choses comme des pneus d’hiver, des cadeaux de Noël, des achats plus importants qui ne se produisent qu’occasionnellement», explique Mme Young.

«Au moment où mon prochain jour de paie approchait, je n’avais plus d’argent liquide, j’étais parfois à découvert et j’attendais avec impatience la prochaine entrée d’argent. Je n’arrêtais pas de me dire que je devais commencer à rembourser une plus grande partie de ma dette, ou à tout le moins contrôler mes dépenses, mais c’était tellement plus facile à ignorer.»

L’expérience de Mme Young n’est pas hors du commun, car les gens ont tendance à éviter leurs finances lorsqu’ils ressentent de la peur, de l’anxiété ou un sentiment d’échec, observe Caval Olson-Lepage, planificatrice financière agréée chez Affinity Wealth Management, à Saskatoon.

Même si l’évitement financier consiste à fuir les factures et les relevés bancaires importants, il ne doit pas être confondu avec la paresse, puisque l’évitement a une origine émotionnelle, explique Mme Olson-Lepage.

«On a tendance à trop dépenser. On ne veut pas faire de budget, ou si on fait un budget, on ne le respecte pas. On n’est pas non plus disposé à parler d’argent à son partenaire ou à ses amis. Cela devient un sujet très tabou», illustre-t-elle.

Éviter ses finances peut avoir des conséquences à long terme, car il est difficile d’atteindre des objectifs financiers, comme le remboursement d’une dette, l’épargne pour la retraite ou même le financement de vacances, prévient Mme Olson-Lepage.

En outre, en ignorant ses états financiers, on peut ne pas se rendre compte qu’on paie des frais de service élevés ou inutiles qui mettent à découvert un compte, ou que des frais frauduleux ont été effectués.

«Beaucoup de gens ne réalisent pas qu’il existe une fenêtre de temps pendant laquelle on peut contester une transaction (frauduleuse)», ajoute-t-elle.

 

Des étapes pour redresser la situation

La première étape pour faire un changement est d’admettre qu’on a évité ses finances, puis de se pardonner, affirme Mme Olson-Lepage.

Après cela, on peut essayer d’ouvrir un relevé bancaire ou de consulter sa banque en ligne pendant cinq minutes par jour. Une fois qu’on est à l’aise avec cela, on peut commencer à ouvrir des factures et des relevés de carte de crédit, propose-t-elle.

Finalement, ces personnes peuvent transformer cette habitude quotidienne en une habitude hebdomadaire une fois qu’elles sont plus à l’aise pour consulter leurs comptes bancaires et plus conscients de leur situation financière.

« Elles doivent regarder (ces comptes) et se dire que ce ne sont que des chiffres. Beaucoup de gens ouvriront leur compte bancaire, verront les chiffres et auront l’impression qu’ils ne sont pas assez grands ou qu’ils ne sont pas là où ils estiment qu’ils devraient être», observe Mme Olson-Lepage.

Parler de ses finances est également important, que ce soit avec un partenaire ou un planificateur financier certifié, ajoute-t-elle.

En 2017, Mme Young a pris une résolution du Nouvel An de prendre en charge ses finances.

«C’est la seule résolution que j’ai jamais tenue», affirme-t-elle. «J’étais tellement fatiguée d’être anxieuse tout le temps.»

Mme Young a créé un budget qui suivait toutes ses entrées et sorties d’argent. Elle vérifiait ses feuilles de calcul chaque jour de paie pour s’assurer que ses dépenses étaient couvertes. Elle a également commencé à noter sur son téléphone les sommes d’argent dont elle disposait pour ses dépenses en articles, comme l’essence et l’épicerie.

Une fois qu’elle s’est familiarisée avec ses vérifications bimensuelles, elle a créé un tableau répertoriant toutes ses dettes.

«C’était terrifiant de voir le montant total dû. Je ne voulais pas y penser. Mais cela m’a également permis de suivre à mesure que les chiffres diminuaient et je pouvais voir de réels progrès se produire. Cela a été d’une grande aide. J’ai commencé à dépenser à la hauteur de mes moyens, à économiser pour des dépenses inhabituelles et rembourser mes dettes. Émotionnellement, cela m’a rendue beaucoup moins anxieuse à propos de l’argent parce que je savais que j’avais le contrôle», explique Mme Young.

«Je dépense encore parfois de l’argent que je ne devrais pas, et si je me sens anxieuse, je saute parfois une vérification toutes les deux semaines. Mais je sais que ce n’est pas bon pour moi et je sais comment me remettre sur la bonne voie rapidement et facilement. Dans l’ensemble, je me sens tellement mieux quand je fais ces tâches et que je règle ma situation financière.»