Rappels de désinfectants pour les mains, ce qu’il faut savoir
La Presse Canadienne|Publié le 07 août 2020Plus de 50 marques de désinfectants pour les mains ont maintenant fait l’objet de rappels de Santé Canada.
Les désinfectants pour les mains ont été particulièrement sous la loupe ces derniers temps. Plus de 50 marques ont maintenant fait l’objet de rappels de Santé Canada, ce qui a conduit certains à s’interroger sur la sécurité des produits qu’ils utilisent quotidiennement.
Colin Furness, un épidémiologiste à l’Université de Toronto qui se spécialise dans l’hygiène des mains, affirme que les désinfectants pour les mains sont toujours sûrs et efficaces, lorsqu’ils sont fabriqués et utilisés correctement.
Bien que l’éthanol de qualité soit l’ingrédient qui rend les désinfectants pour les mains efficaces, il existe deux impuretés que les experts considèrent comme des substitutions dangereuses: le méthanol et l’acétate d’éthyle.
La distinction moléculaire entre le méthanol et l’éthanol est assez petite, explique M. Furness, il est donc facile de tout gâcher pendant le processus de production si le fabricant ne sait pas ce qu’il fait.
«Le méthanol et l’éthanol se ressembleront et se comporteront de la même manière, a−t−il déclaré. La différence est que l’un est assez dangereux.»
Santé Canada a dressé une liste croissante de désinfectants pour les mains qui ont été rappelées récemment. La plus récente version, publiée mercredi, comprenait 51 marques différentes contenant certains types d’alcool «qui ne sont pas acceptables dans la fabrication de désinfectants pour les mains».
La plupart des produits visés par cette série de rappels contiennent de l’acétate d’éthyle, qui peut être utilisé dans la fabrication de produits comme de la colle ou des dissolvants pour vernis à ongles.
D’autres contiennent du méthanol, qui produit du carburant ou de l’antigel.
Kelly Grindrod, qui est professeure agrégée à l’École de pharmacie de l’Université de Waterloo, affirme que l’acétate d’éthyle et le méthanol peuvent tous deux provoquer des irritations cutanées, mais que le méthanol peut également entraîner une irritation des yeux et des voies respiratoires supérieures lorsqu’il s’évapore et est respiré après avoir été appliqué sur la peau.
«Vous l’inhalez et cela peut provoquer de l’irritation, des maux de tête peuvent également survenir, a indiqué Mme Grindrod. Alors c’est un problème.»
Il y a également des craintes que le produit soit absorbé par la peau, bien que la professeure Grindrod ait déclaré que la quantité serait minime et que la toxicité à long terme est «davantage un questionnement qu’un risque connu».
Ces préoccupations deviennent plus importantes pour les travailleurs de la santé qui utilisent les produits «bien plus de 100 fois par jour», plutôt que pour une personne moyenne travaillant à domicile et se désinfectant les mains une ou deux fois en faisant ses courses, a déclaré Mme Grindrod.
Les dangers des désinfectants pour les mains contenant du méthanol ou de l’acétate d’éthyle peuvent être graves s’ils sont ingérés, et les Centres de contrôle et de prévention des maladies ont publié un rapport cette semaine mettant en garde contre les effets indésirables sérieux, y compris la mort, qui sont associés à l’ingestion de méthanol.
L’organisation a affirmé que 15 cas d’intoxication au méthanol associés à l’ingestion de désinfectants pour les mains à base d’alcool ont été signalés en Arizona et au Nouveau−Mexique entre le 1er mai et le 30 juin. Quatre patients sont morts.
L’acétate d’éthyle est également toxique lorsqu’il est ingéré, a noté Mme Grindrod.
M. Furness a soutenu qu’il est dangereux que des désinfectants à base d’alcool, même ceux à base d’éthanol, soient à la portée des enfants sans surveillance ou d’autres personnes vulnérables comme les détenus et les patients des établissements psychiatriques.
Bien qu’il existe des alternatives de désinfectant pour les mains sans alcool, celles−ci peuvent comporter d’autres risques.
«Ils ne sont pas dangereux, mais ils sont inefficaces, a déclaré M. Furness. Et c’est un autre type de risque, penser que vos mains sont désinfectées alors qu’elles ne le sont pas.»
Tant M. Furness que Mme Grindrod suggèrent de s’assurer que le désinfectant contient au moins 60% d’éthanol et de se tenir loin des solutions artisanales qui peuvent être diluées involontairement, et qui sont donc moins efficaces.
«Ils ont peut−être commencé avec un 60 % d’éthanol, mais dès qu’ils ajoutent tous les autres trucs, ils peuvent finir avec 30% et ils n’en ont aucune idée», a déclaré Mme Grindrod.
M. Furness a ajouté qu’il était difficile de trouver le bon équilibre avec des solutions faites maison et que si l’alcool qu’elles contiennent s’évapore trop rapidement, il n’aura pas le temps de tuer les germes.