Power Corp a subi des pertes avec les énergies renouvelables
La Presse Canadienne|Publié le 21 mars 2024Encore jeudi, Jeffrey Orr (à gauche), président et chef de la direction, a reconnu «qu’il reste encore un long chemin avant d’atteindre la rentabilité», avant que ses filiales créent de la valeur pour les actionnaires, «mais on voit d’importants progrès». À droite sur la photo, Paul Desmarais Jr. (Photo: La Presse Canadienne)
Power Corporation a dévoilé des résultats inférieurs aux attentes des analystes en raison d’une perte nette de 86 millions de dollars (M$) enregistrée par ses investissements dans les énergies renouvelables, mais la direction attribue ce revers à des éléments comptables.
De ce manque à gagner, 48 M$ est attribuable à une réévaluation à la hausse de la valeur des actifs de la filiale Power Sustainable, a expliqué le président et chef de la direction, Jeffrey Orr, jeudi, en conférence de presse avec les analystes financiers pour discuter des résultats du quatrième trimestre.
«Quand la valeur du fonds augmente, nous ne reconnaissons pas l’augmentation de la valeur du fonds, mais nous reconnaissons l’appréciation de la participation des partenaires minoritaires, ce qui passe comme une charge dans nos résultats.
«À chaque fois que nous avons une bonne nouvelle, nous subissons une perte en raison de la comptabilité», résume-t-il.
Si la société enregistre de bons résultats avec ses participations dans l’assureur Great−West et la Société financière IGM depuis quelques trimestres, la direction du conglomérat de la famille Desmarais plaide la patience avec ses plateformes de placements alternatifs, comme Power Sustainable. Ce segment représente environ 8% de la valeur de l’actif net de la société montréalaise.
En novembre dernier, M. Orr avait expliqué que le lancement de nouvelles stratégies faisait en sorte de repousser le moment de l’atteinte de la rentabilité pour les plateformes de placements alternatifs.
En offrant une diversité de stratégies, les plateformes de placements d’actifs alternatifs deviennent plus attrayantes pour les investisseurs, faisait−il valoir. «Ça repousse l’atteinte de la rentabilité, mais ça crée plus de valeur sur un horizon de trois ou quatre ans. C’est le compromis que nous faisons», expliquait−il.
Encore jeudi, M. Orr a reconnu «qu’il reste encore un long chemin avant d’atteindre la rentabilité», avant que ses filiales créent de la valeur pour les actionnaires, «mais on voit d’importants progrès».
Pour sa part, le segment des entreprises autonomes affiche une perte de 21 M$. À terme, Power souhaite vendre ses participations dans des entreprises autonomes, notamment Lion Électrique et LMPG (anciennement Lumenpulse), mais la direction attend le bon moment pour monétiser ses actifs.
Questionné sur le sujet, M. Orr a dit qu’il n’était pas en mesure de donner un échéancier sur cette question.
L’analyste Geoffrey Kwan, de RBC Marchés des capitaux, ne se formalise pas de l’attente avec les plateformes alternatives. «En prenant une vue d’ensemble, nous pensons que les entreprises clés, soit Great−West et IGM, sont fondamentalement fortes. Avec de potentiels catalyseurs, comme la vente d’actifs non essentiels, des caractéristiques défensives et une évaluation attrayante par rapport à sa valeur de l’actif net, nous pensons que le prix de l’action est attrayant.»
Power Corporation a dévoilé un bénéfice net de 409 M$, comparativement à 106 M$ à la même période l’an dernier. Le bénéfice ajusté dilué par action est de 89 cents.
Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 1,06 dollars ($), selon la firme de données financières Refinitiv.
Au 31 décembre 2023, la valeur de l’actif net ajustée par action se chiffrait à 53,53 $, comparativement à 41,91 $ à la même période l’an dernier, soit une augmentation de 27,7%.
L’action s’échange ainsi à un rabais de 26% sur la valeur de l’actif net. Un des objectifs que poursuit Power Corporation, qui a réorganisé ses activités en 2020, est de réduire l’écart entre la valeur de son actif net et le prix de son action.
Nik Priebe, de Marchés mondiaux CIBC, souligne que l’aubaine demeure en ligne avec la fourchette d’entre 20% et 30% depuis l’annonce de la réorganisation. «Selon nous, en continuant l’exécution vers les objectifs stratégiques, comme la monétisation des entreprises autonomes, la récupération des capitaux de démarrage pour le retourner aux actionnaires ou la démonstration de la rentabilité dans la gestion d’actifs, l’écart pourrait se rétrécir au fil du temps.»
Power Corporation a également annoncé une augmentation de son dividende trimestriel de 7,1% à 56,25 cents par action.
L’action de Power Corporation gagne 83 cents, ou 2,11%, à 40,10 $ à la Bourse de Toronto en après−midi.
Stéphane Rolland, La Presse Canadienne