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Ports: Steven MacKinnon estime qu’il faut simplifier les relations de travail

La Presse Canadienne|Publié le 15 novembre 2024

Ports: Steven MacKinnon estime qu’il faut simplifier les relations de travail

Les débardeurs du port de Montréal devront reprendre le travail dès samedi, conformément à une ordonnance du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI). (Photo: La Presse Canadienne / Christinne Muschi)

Le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, se réjouit de la reprise des activités au port de Montréal, ce samedi, mais ne cache pas son irritation face à ces conflits de travail à répétition dans le secteur portuaire à travers le pays. Il se dit d’ailleurs à la recherche de solutions pour prévenir les interruptions de services portuaires qui paralysent l’économie canadienne.

«Je dialogue beaucoup avec mes homologues et l’ensemble des acteurs, côté syndical et côté patronal. Nous allons devoir examiner pourquoi ces ententes collectives là prennent autant de temps et semblent être si compliquées. On consacre énormément de ressources à faciliter la négociation et la conclusion d’ententes collectives», a-t-il déclaré vendredi alors qu’il était de passage à Montréal pour une annonce en matière de logement. Il n’a pas manqué de déplorer du même souffle «le nombre de jours et le nombre de mois que ça prend justement pour arriver à des ententes ou non».

Une commission d’enquête industrielle a été mandatée par son prédécesseur, Seamus O’Regan, pour examiner les enjeux propres aux ports de l’Ouest canadien et le ministre MacKinnon a dit espérer «que les leçons et les conclusions qui seront tirées de cette commission d’enquête vont être applicables à la grandeur du pays». 

«Simplifier le processus»

Le ministre n’a pas voulu s’aventurer sur la question de désigner les ports comme un service essentiel, rappelant d’une part que cette notion n’existe pas à ce jour dans la législation fédérale et, d’autre part, que la Charte des droits et libertés protège le droit de négociation des syndicats et de leurs membres. «Nous allons devoir considérer tout ça, mais il est clair que les Canadiens nous demandent de simplifier, de raccourcir ce processus qui est déjà très lourd et muni de toutes sortes d’incertitudes et de remettre de l’ordre dans les négociations collectives pour que les syndicats s’y retrouvent et les employeurs aussi», a-t-il dit.

Jeudi, le Conseil canadien des relations de travail (CCRI) a émis une ordonnance exigeant la reprise des opérations au port de Montréal dès samedi 7 h, selon un communiqué publié par l’Association des employeurs maritimes (AEM). Le document précise que les employés portuaires recevront leurs affectations vendredi dès 18 h pour le lendemain.

Dans son communiqué, l’AEM dit espérer la collaboration du syndicat et de ses membres, de l’administration portuaire et de «tous les autres partenaires de la chaîne d’approvisionnement pour faciliter un retour à la normale des activités au Port de Montréal».

L’AEM avait mis en lock-out les 1200 débardeurs du port de Montréal dimanche soir après que les syndiqués eurent voté pour rejeter ce que les employeurs ont appelé leur offre finale et globale.

Demande contestée

Par la suite, le ministre MacKinnon était intervenu mardi pour mettre fin à ce conflit ainsi qu’à celui en cours au port de Vancouver. Il avait demandé au CCRI d’ordonner la reprise de toutes les opérations et de faire passer les deux séries de négociations à l’arbitrage exécutoire.

Le lendemain, le syndicat qui représente les débardeurs du port de Montréal annonçait vouloir contester devant les tribunaux la décision du ministre de mettre fin au lock-out en soumettant le conflit à un arbitrage exécutoire. Le CCRI a finalement tranché la poire en deux, ordonnant le retour au travail sans toutefois permettre l’arbitrage exécutoire dans l’immédiat, renvoyant les deux parties en médiation pour 90 jours, comme le lui demandait la partie syndicale.

Le syndicat avait déclenché une grève illimitée le 31 octobre, touchant les terminaux de Viau et de Maisonneuve de l’entreprise Termont. L’entreprise est visée, car elle a souvent recours à un type d’«horaire à quart» contre lequel s’élèvent les débardeurs. L’entreprise rétorque qu’elle a le droit d’agir ainsi en vertu de la convention collective, elle-même échue depuis le 31 décembre 2023.

Il s’agissait du troisième conflit de travail touchant les chaînes d’approvisionnement au pays cette année, après ceux touchant le transport ferroviaire et aérien. «Je trouvais essentiel que l’économie reprenne son rythme, que les manufacturiers, les importateurs, les exportateurs canadiens retrouvent une certitude et que nos chaînes d’approvisionnement importantes s’assainissent au pays», a déclaré vendredi matin le ministre MacKinnon. 

Un retard important à rattraper

De son côté, l’Administration portuaire de Montréal (APM) a confirmé par voie de communiqué que les opérations pourront reprendre sur l’ensemble des terminaux du port de Montréal samedi à compter de 7 h. 

L’APM dit travailler avec ses partenaires «pour déployer un plan de reprise qui permettra de revenir à la normale dans les meilleurs délais». 

Elle avertit toutefois qu’«il faudra quelques semaines pour rétablir la fluidité de la chaîne d’approvisionnement et traiter l’ensemble des marchandises, autant pour les importations que les exportations, qui sont actuellement en attente au Port de Montréal ou qui sont en transit et arriveront dans les prochains jours.»

«Avec plus de 5000 conteneurs au sol actuellement, 55 000 pieds linéaires de rail à traiter et 22 navires en route ou en attente, tous les efforts seront déployés pour traiter rapidement ces volumes», explique l’Administration portuaire.

Rédigé par Pierre Saint-Arnaud, avec la contribution de Caroline Chatelard