Le rapport de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie (TRNEE) continue de faire des vagues, après avoir recommandé au gouvernement ce qu'Ottawa ne voulait justement pas entendre : une taxe carbone. La réaction du côté des groupes écologistes a été unanime : ils approuvent les conclusions de la TRNEE, et appuient le fait d'accorder une valeur aux émissions de carbone. "Que ce soit en imposant un plafond aux émissions de gaz à effet de serre (GES) ou en les taxant, l'élément clé est que le gouvernement passe à l'action maintenant", a précisé pour sa part Dale Marshall, analyste en changements climatiques pour la Fondation David Suzuki. Même son de cloche du côté du Sierra Club et de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA). Fait plus surprenant, des regroupements industriels du secteur énergétique ont exprimé un appui prudent à une éventuelle taxe carbone. Pierre Alvarez, président de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, affirme que ses membres favorisent l'approche de l'Alberta, qui fixe une cible d'émission et charge 15 $ la tonne aux producteurs qui dépassent cet objectif. Les producteurs ne peuvent pas échanger de quotas. Le Globe and Mail cite également David MacInnis, président de l'Association canadienne de pipelines d'énergie, qui ajoute pour sa part que la pénalité de 15 $ la tonne est trop faible. Le Conseil canadien des chefs d'entreprise (CCCE) a également accueilli avec satisfaction les conclusions de la TRNEE, notant au passage qu'une éventuelle taxe carbone devrait être neutre d'un point de vue fiscal, c'est-à-dire qu'elle devrait être compensée par une baisse équivalente d'autres taxes ou impôts. Baird réagit Le ministre de l'Environnement a rejeté du revers de la main une éventuelle taxe carbone hier après-midi :"Nous croyons qu'une nouvelle taxe ressemble à une idée du Parti Libéral", a-t-il lancé lors d'un point de presse. M. Baird a indiqué que le gouvernement fédéral préférait la réglementation :"Nous croyons qu'il faut mettre un prix sur le carbone et c'est ce que notre régime réglementaire fait. Nous pensons que vous pouvons réduire les émissions des grands émetteurs par une réglementation qui s'appuie sur le principe du pollueur-payeur", a ajouté le ministre. S'adressant aux journalistes après une rencontre avec le premier ministre Harper, M. Baird a indiqué que le gouvernement veut"lier" son plan de lutte contre les changements climatiques à ceux de la Californie et d'autres États américains. Les partis d'opposition à Ottawa ont accueilli favorablement la plupart des conclusions de la TRNEE, mais préfèrent un système d'échange de quotas à une taxe carbone. Une question d'équité, estime le Bloc québécois :"Parce qu'on peut tenir compte des efforts passés, ce qui est impossible avec l'imposition d'une taxe carbone", affirme Bernard Bigras. L'Association canadienne du gaz rejette toutefois cette observation :"Au contraire, si vous avez amélioré votre efficacité dans le passé, alors vous consommez moins d'énergie, alors vous serez moins soumis à une éventuelle taxe", a confié au Devoir le président de l'Association, Michael Cleland. Rappelons que le Québec impose une forme de taxe sur le carbone des hydrocarbures, qui s'élève toutefois à moins d'un sous le litre d'essence et de diesel. Elle équivaut à 3,45 $ la tonne de CO2, soit beaucoup moins que les 50 € la tonne imposée par le Danemark à ses producteurs pétroliers. L'objectif de la taxe carbone québécoise est toutefois de financer le plan provincial de lutte contre les changements climatiques, plutôt que de diminuer la consommation d'essence et de mazout. Pour aller plus loin : http://www.theglobeandmail.com/servlet/story/RTGAM.20080108.wcarbon08/BNStory/National/home?pageRequested=all&print=true Globe and Mail http://www.thestar.com/News/Canada/article/291952 Toronto Star http://www.ledevoir.com/2008/01/08/171080.html Le Devoir http://www.visiondurable.com/article-111278-Une-petite-taxe-carbone-pour-le-Quebec.html Une petite taxe carbone pour le Québec ?