Organiser les JO, un sport extrême


Édition du 18 Janvier 2014

Organiser les JO, un sport extrême


Édition du 18 Janvier 2014

Photo: Bloomberg

La Russie voulait marquer un grand coup avec les Jeux olympiques de Sotchi. Mais à quelques jours de leur ouverture, les «mots clés» dans les médias ne sont sans doute pas ceux dont rêvait Vladimir Poutine.

Cela va comme suit : «corruption», «gaspillage éhonté» (50 milliards de dollars pour transformer une station balnéaire en site adéquat, comparativement à 6 G$ à Vancouver), «régime anti-gai», «menaces terroristes»...

De plus en plus, à l'ère des médias sociaux, organiser les Jeux olympiques ou la Coupe du monde de soccer est un pari risqué. Non seulement coûtent-ils des sommes indécentes, mais ils sont devenus toxiques pour la réputation des pays hôtes.

Les riches émirs du Qatar, qui se pétaient les bretelles de leurs djellabas lorsqu'ils ont obtenu la prestigieuse Coupe du monde de soccer de 2022, déchantent : les accusations de corruption concernent jusqu'aux grands bonzes de la FIFA, la fédération qui chapeaute le soccer international. À combien s'est élevé le chèque pour leur faire accepter l'inacceptable, soit tenir une compétition dans un désert où il fait 50 degrés à l'ombre l'été ? (La FIFA a d'ailleurs dû se résoudre tout récemment à reporter l'événement... en hiver.)

Et s'il n'y avait que ça ! Le journal britannique The Guardian a révélé les conditions de vie misérables des milliers de travailleurs migrants, notamment népalais, venus construire neuf stades (au coût de 100 G$ !) : plusieurs douzaines sont morts et, si la tendance se maintient, plus de 4 000 pourraient y laisser leur vie avant que le premier coup de sifflet ne retentisse. Salaires misérables, passeports confisqués, malnutrition et déshydratation extrême : on parle d'esclavagisme, rien de moins !

L'Occident demeure le principal marché

D'aucuns se demandent si ces «débordements» et victimes collatérales émeuvent le CIO ou la FIFA. Et, surtout, si ces organisations ont le choix. «Qui d'autres que des cheikhs, des oligarques ou des dictateurs peuvent encore prendre le risque d'organiser de tels événements ?» écrit Michael Reid dans The Economist.

Une candidature venue d'un pays démocratique, à l'économie assagie, comme le Canada, est-elle devenue impossible ? Pas si vite, dit Romain Roult, professeur à l'Université du Québec à Trois-Rivières.

Les grandes organisations sportives, et surtout leurs commanditaires, ne sont pas suicidaires, croit-il. Ils lorgnent du côté des nouveaux marchés, certes, mais ils ne peuvent négliger les marchés traditionnels.

Selon le plus récent rapport de PricewaterhouseCoopers sur l'industrie du sport, l'Amérique du Nord en accapare encore 41 % des revenus, suivie par l'Europe et le Moyen-Orient, avec 35 %. «L'Occident reste le principal marché, dit M. Roult. Impossible de lui tourner le dos. Il y aura donc une stratégie d'alternance dans l'octroi des pays organisateurs. Quitte à ce que le CIO ou la FIFA engrangent moins d'argent.»

Il n'en demeure pas moins qu'organiser ces grandes fêtes comporte de hauts risques. Au Brésil, la réélection de la première ministre Dilma Rousseff, en octobre, est compromise par les coûts faramineux de la Coupe du monde de soccer, en juin : les 14,5 G$ dépensés pour l'organiser, selon les chiffres de Bloomberg, ne passent pas dans l'opinion publique. Et c'est sans compter les Jeux olympiques de Rio, dans deux ans...

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