44 % des étudiantes et étudiants en sciences infirmières n’auraient pas choisi cette formation si le baccalauréat était obligatoire. (Photo: La Presse Canadienne)
Les membres de la Coalition pour le maintien du DEC qualifiant en soins infirmiers se sont insurgés, mercredi, contre la position de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), qui souhaite rendre le baccalauréat obligatoire pour exercer le métier, lors d’une conférence de presse au collège de Maisonneuve.
Le «Rapport des commissaires sur les états généraux de la profession infirmière 2021», publié la semaine dernière et accueilli «favorablement» par l’OIIQ, a conclu qu’il faudrait «opter dès maintenant pour un rehaussement de la norme d’entrée à la profession infirmière».
«Pour le jury citoyen, le fait que l’examen d’entrée repose sur le plus petit dénominateur commun à la profession, soit les connaissances acquises au DEC, est une anomalie dans le contexte où les besoins de la population et les soins de santé se complexifient», faisait-on valoir dans le rapport.
Le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Samuel Vaillancourt, a tenu à «rappeler la compétence des personnes» qui obtiennent le DEC et a décrit le rapport comme une «consultation biaisée ancrée dans un certain mépris de la formation collégiale».
Alors que le réseau de la santé souffre d’une pénurie de personnel et que la crise sanitaire dure depuis 18 mois, il pense que «cette conclusion viendrait réduire le nombre d’infirmières» sur le terrain, puisque «44 % des étudiantes et étudiants en sciences infirmières n’auraient pas choisi cette formation si le baccalauréat était obligatoire», selon un sondage mené par la Fédération des cégeps au printemps dernier.
Par rapport aux universités, les cégeps sont «accessibles sur le plan financier et accessibles géographiquement», a-t-il fait valoir.
Les étudiantes qui choisissent le DEC sont «souvent des mères monoparentales qui sont plus âgées», qui ne peuvent pas se déplacer dans les grands centres urbains et qui doivent travailler durant leurs études, a ajouté la présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep, Lucie Piché.
Interrogé sur le fait que toutes les autres provinces canadiennes, ainsi que de nombreux pays, exigent de leurs infirmières une formation universitaire, le président-directeur général de la Fédération des cégeps a répliqué que la comparaison était fautive, parce que «les systèmes d’éducation sont différents dans chaque pays, dans chaque juridiction» et que l’existence des cégeps aux études supérieures est une particularité du Québec.
En ce moment, 46 des 48 cégeps publics du Québec offrent cette formation.
Un programme à réviser
La Coalition a aussi enjoint les ministres de l’Enseignement supérieur et de la Santé à réviser la formation donnée dans le cadre du DEC, dont la dernière mouture est vieille de 25 ans, malgré l’évolution du milieu et de la technologie. «Notre programme mérite une mise à jour de 2021», a affirmé la présidente de l’Association des enseignantes et enseignants en soins infirmiers des collèges du Québec, Marlène McNicoll.
En ce moment, la formation en soins infirmiers est donnée sur trois niveaux d’études: au DEP (pour devenir infirmière auxiliaire), au cégep et à l’université.
«Ce qu’on demande présentement, c’est qu’il y ait une meilleure répartition» des apprentissages entre ces trois niveaux, pour qu’ils puissent être complémentaires, a indiqué Mme McNicoll.
«Nous formons des infirmières qui sont compétentes, qui sont généralistes et qui répondent aux besoins», alors que le baccalauréat, lui, «peut ouvrir des portes avec de futurs postes plus diversifiés qui requièrent de l’expertise».
Les membres de la Coalition sont aussi ouverts à ce que le DEC soit allongé à quatre ans, au lieu de trois.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, présentera jeudi un plan pour embaucher les 4000 infirmières manquantes du système de santé. Il compte miser sur de meilleures conditions de travail pour attirer les retraitées et celles qui ont quitté récemment le milieu.
Il déposera aussi un «projet de loi mammouth» en novembre pour améliorer la gestion du système de santé.