60 secondes avec John R. Porter, Fondation du MNBAQ


Édition du 14 Décembre 2013

60 secondes avec John R. Porter, Fondation du MNBAQ


Édition du 14 Décembre 2013

Qu'est-ce qui différencie le leader culturel des autres ?

Il n'y a pas d'énormes différences en matière de tournure d'esprit ou d'approche. C'est un chef d'orchestre, capable de conjuguer les talents des uns et des autres et de les amener à partager des objectifs communs. Mais c'est rare qu'on insiste sur le leadership quand on parle de culture. On imagine les leaders culturels comme des têtes heureuses, des rêveurs, alors qu'ils sont capables de concilier les aspects rationnels et pratiques du leadership avec des contenus créatifs. J'ai été passionné par des affaires au sujet desquelles on me disait qu'elles n'avaient aucun sens et que j'allais me planter. Mais ça marchait, parce que j'avais assez de pragmatisme pour concrétiser le rêve.

Le rêve est donc nécessaire au leadership ?

Je suis convaincu que tous les leaders ont une part de rêve. Ils arrivent avec des projets que personne n'aurait imaginés et, pour imaginer, il faut rêver ! Soi-même, des fois, on est surpris. À la fin, vous vous dites que si vous aviez su quel degré d'énergie il fallait investir, vous n'auriez pas osé embarquer. Mais devant la concrétisation du rêve, vous oubliez les efforts investis. L'Hommage à Rosa Luxembourg de Riopelle, je rêvais de l'acquérir, mais je n'avais pas un sou. On a développé un modèle, j'ai sué avec un collègue pendant 17 mois et, ultimement, on l'a acquis. L'oeuvre avait une valeur de 2 millions de dollars à l'époque, mais elle nous a coûté 15 000 $ au total. On a trouvé des partenaires, inventé un modèle et mis sur pied un type de structure auquel personne n'avait pensé. La détermination entraîne l'adhésion. Il faut trouver des moyens tangibles d'atteindre le rêve et être hyper persévérant. Je veux montrer que les choses sont possibles, même dans l'administration publique.

Comment parvient-on à métamorphoser les institutions publiques ?

Il faut savoir gagner son public. Ça prend une vision claire, de grands projets, de l'ambition, un pouvoir de conviction. Ensuite, il faut s'inscrire dans un processus de conquête sur tous les plans : ses employés et directeurs, les partenaires dans la société civile, dans la société publique, les leaders politiques au-dessus de vous. Là, votre parcours professionnel devient important. Si vous avez connu du succès, vous partez avec une longueur d'avance. Dans bien des cas, vous arrivez dans une organisation avec un projet un peu fou ; et on vous regarde un peu de travers parce que ça ne cadre pas avec les projets habituels, ça dérange la structure, ça demande un financement spécial. Quand les gens embarquent, peu à peu, vous allez conquérir tout ça. Et après, ce dont on se souvient, c'est ce qui tient de l'exception. Ces projets jugés trop fous deviennent le fer de lance de telle ou telle organisation, ça devient identitaire. C'est un peu paradoxal.

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CV

Nom: John R. Porter
Titre:
Président
Organisation:
Fondation du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ)

Historien de l'art, M. Porter vient de publier Devenir un leader culturel : récit d'un rêveur pragmatique aux Presses de l'Université du Québec. Il a dirigé le MNBAQ de 1993 à 2008 avant de présider sa fondation.

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108 M$ - Montant des travaux d'agrandissement prévus au MNBAQ.

 

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