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Alors que les rumeurs de mise en faillite de Northvolt aux États-Unis se font toujours plus persistantes, l’entreprise suédoise semble incapable d’augmenter de manière significative sa production à son usine de Skellefteå.
Selon des informations obtenues par l’agence de presse Reuters, Northvolt n’a pas réussi à atteindre ses objectifs hebdomadaires de production depuis le début du mois de septembre.
Et alors que la jeune multinationale planifie de produire 51 000 cellules de batteries pour véhicules électriques dans la semaine du 23 décembre prochain, elle peinait à en produire 20 000 au début du mois de novembre, toujours selon les informations de Reuters.
Rappelons que c’est notamment en raison de la cadence de production jugée trop lente, que le géant allemand BMW a retiré à Northvolt une commande de près de 3 milliards de dollars canadiens (G$) au début du mois de juillet dernier.
Depuis le début du mois d’octobre, c’est la québécoise Angéline Bilodeau qui est à la tête de l’usine de Skellefteå. Madame Bilodeau, qui pilotait le projet québécois de Northvolt, s’y est rendue en renfort à la suite de la démission du PDG de l’usine, Mark Duchesne. Ce dernier était en poste depuis un an.
Construite en 2021, l’usine de Skellefteå devait tourner à pleine capacité en 2023. Mais au moment du retrait de la commande de BMW, l’usine d’une capacité de production de 30 GWh ne réussissait pas à produire 1GWh, soit suffisamment pour fournir les cellules de batteries pour 17 000 voitures.
Négociations au «point mort»
Depuis cette annonce, les problèmes s’accumulent pour Northvolt, surtout monétaires. À la recherche d’un financement urgent de 300 millions de dollars américains (M$ US), l’étau semble de se refermer sur l’entreprise phare de la filière batterie québécoise.
Pas plus tard que la semaine dernière, selon des sources proches du dossier citées par le quotidien économique suédois Dagens Industri et Reuters, Northvolt envisagerait une procédure de faillite en vertu du chapitre 11 du code américain des faillites afin de régler ses finances.
Dagens Industri rapporte également que les négociations entre les créanciers, les actionnaires et «au moins un client sur un accord de financement seraient au point mort».
« Ce n’est pas inhabituel. Ce passage-là peut être intéressant pour une entreprise comme Northvolt, surtout si elle passe par le chapitre 11. Cela lui donnerait la liberté de se réorganiser en mettant la situation sur pause », dit Yan Cimon, professeur de stratégie à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, en entrevue avec Les Affaires.
« Ils doivent trouver le meilleur moyen de se réorganiser pour devenir l’entreprise qu’ils peuvent devenir. Les fondamentaux d’où s’en va l’électrique sont encore bons », commente le professeur.
Impatience et optimisme pour le Québec
De son côté, le ministre fédéral de l’Innovation, de la Science et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, concède qu’il aimerait voir le dossier Northvolt « avancer plus rapidement ».
Questionné lundi par Les Affaires sur la situation de Northvolt, François-Philippe Champagne dit demeurer « optimiste », alors qu’il a parlé récemment avec les dirigeants de l’entreprise. Il devrait aussi s’entretenir cette semaine avec son homologue suédoise.
« On doit travailler ensemble dans ce domaine pour éviter les erreurs que nous avons faites dans d’autres secteurs industriels où nous sommes dépendants de la Chine. On a avantage à travailler pour que le projet de Northvolt se rende à terme. »
En entrevue avec Les Affaires, la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, s’est dite impatiente de connaître les conclusions de la révision stratégique de Northvolt qui doit être annoncée cet automne.
« Je m’attends à ce que ce soit une question de jours », a-t-elle exprimé. L’automne est jusqu’au 21 décembre. On a besoin de savoir. »
Selon le professeur Yan Cimon, « laisser tomber le Québec serait coûteux car Northvolt a d’excellentes conditions ici. Et le gouvernement fait un suivi serré du dossier. […] On ne sait pas ce que la réorganisation pourrait donner. Mais dans une Northvolt peut-être plus agile et plus petite, il y a de la place pour des activités québécoises », analyse-t-il.
Jusqu’à présent, le gouvernement québécois a consenti plus de 700 millions de dollars (M$) pour le projet de méga-usine de Northvolt en Montérégie, évalué à 7G$.
Des aides financières liées à la production sont également prévues par Québec et Ottawa une fois que l’usine sera en marche. Celles-ci pourraient frôler 4G$.