Montréal reçoit une conférence mondiale sur l’adaptation aux changements climatiques

Publié le 02/10/2023 à 15:24

Montréal reçoit une conférence mondiale sur l’adaptation aux changements climatiques

Publié le 02/10/2023 à 15:24

Par La Presse Canadienne

Le Palais des congrès est l’hôte d’un événement qui réunit des chercheurs, des responsables politiques, des membres de la société civile et des entreprises privées du monde entier. (Photo: La Presse Canadienne)

Les ministres de l’Environnement Steven Guilbeault et Benoit Charrette ainsi que la mairesse de Montréal, Valérie Plante, participent à la conférence Adaptation Futures 2023, la plus grande conférence mondiale sur l’adaptation aux changements climatiques, qui se tient à Montréal cette semaine. 

Le Palais des congrès est l’hôte d’un événement qui réunit des chercheurs, des responsables politiques, des membres de la société civile et des entreprises privées du monde entier, qui échangeront, dans les prochains jours, sur les meilleures pratiques d’adaptation aux changements climatiques, mais discuteront également du point de non−retour, c’est−à−dire du moment où l’adaptation n’est plus possible.

«Il y a 2200 personnes inscrites, alors ça risque d’être un record pour la conférence Adaptation Futures, mais ce n’est pas tout à fait surprenant compte tenu de l’ampleur des impacts des changements climatiques qui semblent s’amplifier d’une année à l’autre», a indiqué Alain Bourque, directeur du consortium Ouranos.

Ouranos organise l’événement, en partenariat avec le gouvernement du Canada et le Programme scientifique mondial pour l’adaptation (WASP) des Nations unies.

 

Adaptation et mal adaptation 

L’événement est l’occasion de partager des connaissances sur les bonnes solutions d’adaptation, mais aussi sur les mauvaises.

Par exemple, face à l’érosion côtière dans l’est du Québec, «on a beaucoup eu tendance, dans le passé, à enrocher les zones côtières pour tenter de réduire le risque d’inondation ou de vagues qui viennent frapper sur les maisons (…), mais on a appris à plusieurs égards que ça ne faisait qu’accélérer les taux d’érosion de chaque côté des enrochements, donc on faisait juste déplacer le problème», a expliqué Alain Bourque en indiquant que dans certains cas, la solution est plutôt de déplacer des maisons et des villages.

Ailleurs dans le monde, ce sont des populations entières qui devront être déplacées, car il arrivera un point de non−retour où l’adaptation ne sera plus possible.

«Le meilleur exemple des limites de l’adaptation, c’est probablement le cas classique du rehaussement du niveau de la mer qui va mettre à risque certaines îles du Pacifique» et «on commence à parler de solutions qui visent à déplacer l’ensemble des habitants de ces îles−là, en Nouvelle−Zélande par exemple. Ça nous rappelle l’urgence et les bénéfices à atteindre la carboneutralité le plus rapidement possible pour éviter de dépasser les limites de l’adaptation», a souligné le directeur d’Ouranos.

Des représentants de nombreux pays du Sud participent au sommet, car ce sont souvent les régions de l’hémisphère Sud qui sont touchées de plein fouet par les dérèglements du climat.

Dans le futur, «le Bangladesh risque d’être inondé à presque la moitié de sa superficie. En matière d’adaptation, c’est clair que le Bangladesh à lui seul ne sera pas capable de gérer toutes ces problématiques−là», a expliqué Alain Bourque en soulignant que les enjeux liés aux réfugiés climatiques font partie des thèmes qui seront abordés dans différents ateliers.

 

Adapter l’économie aux changements climatiques 

Plusieurs entreprises privées participeront à des ateliers de la conférence Adaptation Futures 2023 qui aborderont le sujet des perturbations des chaînes d’approvisionnement par le dérèglement du climat.

«Des entreprises sont frappées par des événements météorologiques extrêmes et violents et les chaînes d’approvisionnement sont perturbées par des inondations en Thaïlande ou encore par des tempêtes de neige et de verglas au Texas et au final, ça commence à avoir un impact sur les prix des denrées et des produits, donc il y a une partie des impacts des changements climatiques qui est liée à l’inflation», a expliqué Alain Bourque.

Des représentants de producteurs d’énergie, comme Hydro−Québec, sont également présents pour partager les façons d’adapter leurs activités aux changements climatiques.

«On l’a vu ici au Québec avec Hydro−Québec, qui a eu des problèmes avec le transport et la distribution de l’énergie» lors d’événements météo extrêmes, a souligné Alain Bourque en faisant référence notamment aux récents feux de forêt, mais aussi à d’autres événements météorologiques comme le verglas et les inondations, qui ont perturbé la distribution d’électricité.

 

Les espèces ne sont pas toutes égales 

Toutes les espèces ne sont pas égales devant les changements climatiques. «Il y aura des gagnants et des perdants», a souligné le directeur d’Ouranos.

«C’est une chose pour un oiseau de suivre son enveloppe climatique et de se déplacer davantage au Nord s’il fait trop chaud au Sud, mais c’est une autre chose pour un arbre qui a les deux pieds plantés dans le sol et qui ne peut pas se déplacer comme un oiseau.»

Dans plusieurs régions du monde, «des forêts dépérissent», car les arbres n’ont pu s’adapter à leur nouveau climat et «quand il y a du temps violent, des orages et des éclairs, ces forêts−là sont beaucoup plus propices à passer au feu puisqu’elles ne sont pas en pleine santé à cause des changements du climat qui se déroulent trop rapidement», a expliqué Alain Bourque.

 

L’adaptation au Québec 

Alain Bourque a récemment été nommé coprésident du comité d’experts qui conseillera le gouvernement de François Legault en matière d’adaptation aux changements climatiques.

Selon lui, les principaux enjeux d’adaptation au Québec concernent l’érosion côtière, mais aussi l’augmentation d’inondations dans les villes.

Il faut donc considérer «un retour à l’état naturel de certaines de nos rivières où il y avait autrefois beaucoup de milieux humides autour d’elles qui servaient d’éponge» et «réinstaurer des milieux humides, des milieux naturels pour mieux gérer l’eau». C’est ce qu’on appelle des solutions d’adaptation climatiques fondées sur la nature.

«On va probablement voir apparaître des enjeux liés aux glissements de terrain» causés par les précipitations extrêmes, a ajouté le coprésident du comité sur l’adaptation.

Il a également mentionné les conséquences de la fonte du pergélisol et «naturellement, il y a, comme partout dans le monde, cette transformation graduelle liée aux changements climatiques de nos écosystèmes, nos forêts, nos rivières qui se réchauffent et donc qui génèrent des enjeux de qualité de l’eau de plus en plus croissants».

C’est la première fois que le Canada est l’hôte d’une conférence de la série «Adaptation Futures». Ces conférences sont organisées aux deux ans depuis 2011.

L’édition 2023 se déroule «sous une forme hybride», pour permettre de réduire les GES liés aux déplacements, «tout en offrant une flexibilité pour la participation».

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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