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Montréal International misera davantage sur l’investissement vert

François Normand|Publié le 04 février 2020

En entrevue, le nouveau PDG de Montréal International explique ses priorités pour attirer des investissements étrangers.

Montréal international (MI), l’agence d’attraction des investissements étrangers dans la métropole, pourrait bientôt tenir compte de facteurs environnementaux dans ses critères de pondération pour sélectionner des investisseurs étrangers.

En entretien à Les Affaires pour discuter de ses priorités, le nouveau PDG de MI, Stéphane Paquet, affirme qu’il a mandaté le comité de direction d’identifier un nouveau critère pour choisir les entreprises qui s’installeront désormais dans le Grand Montréal.

«On amorce la réflexion. On a vu des fonds de placement verts à l’étranger qui n’étaient pas très verts, qui faisaient plus de greenwashing. On est conscients de ça. Il va falloir trouver les bons indicateurs, mais on y travaille», dit-il.

Cet éventuel critère «investissement vert» ou «investissement responsable» s’ajouterait aux critères qui existent déjà dans le système de pondération de MI (qui donne un pointage sur une échelle de 1 à 10), et qui permettent d’accorder de l’importance ou de la pertinence à différents projets potentiels en lice pour le Grand Montréal.

Parmi ces critères, il y a par exemple la taille des entreprises.

Ainsi, une grande entreprise inscrite au S&P 500, l’indice phare de la Bourse américaine, a plus de probabilité de réinvestir si elle s’implante dans la région de Montréal, ce qui lui procure un point dans le système de pondération de l’agence d’attraction.

Les IDE dans le Grand Montréal ont plus que doublé de 2016 à 2018

À la barre de Montréal International depuis janvier, Stéphane Paquet travaille à l’organisme depuis 2016, après avoir été entre autres auparavant délégué du Québec à Londres (2012 à 2014) puis éditeur adjoint et rédacteur en chef du Groupe Les Affaires (devenu Contex, depuis septembre).

Il succède à Hubert Bolduc, PDG de MI de 2016 à 2019, qui est devenu pour sa part en janvier président d’Investissement Québec international, une nouvelle division du bras financier du gouvernement du Québec.

Le nouveau patron de Montréal international entend d’ailleurs poursuivre le travail accompli par M. Bolduc, avec qui il a d’ailleurs travaillé en étroite collaboration, car M. Paquet était vice-président Investissements étrangers et Organisations internationales avant d’être nommé PDG.

«Globalement, ce qu’il faut faire, c’est continuer à livrer les résultats exceptionnels qu’on a livrés dans les dernières années», dit-il.

En 2016, les investissements directs étrangers (IDE) attirés par l’agence dans le Grand Montréal se sont élevés à 1 milliard de dollars (G$), alors qu’ils ont plus que doublé à 2,47 G$ en 2018.

Et les résultats de 2019 -qui seront bientôt rendus publics- seront «aussi à la hausse», affirme Stéphane Paquet, mais sans pouvoir en dire plus.

En 2018, la majorité des investissements ont été réalisés dans les technologies de l’information et des télécommunications (51,5%), suivis par les effets visuels et l’animation (14,6%) puis les centres de données et services connexes (7,5%).

Source: Montréal International, bilan des activités 2018.

Montréal attire plus d’investisseurs de l’Asie

Ces investissements étrangers de 2,7 G$ en 2018 étaient essentiellement occidentaux, car 42% sont originaires des États-Unis (50% si on incluant les pays du reste des Amériques) et 45% d’Europe.

Or, à 5%, l’Asie est sous-représentée (essentiellement des investisseurs chinois) étant donné le poids de certains pays asiatiques dans l’économie mondiale, à commencer par la Chine, le Japon et l’Inde, qui figurent dans le top 10 des puissances économiques, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Conscient de cet enjeu, Montréal International a triplé ses effectifs (d’une à trois personnes) afin de courtiser davantage d’investisseurs en Asie, une démarche qui a donné des résultats, fait remarquer Stéphane Paquet.

«En 2019, je peux vous dire que la portion des investissements asiatiques va frôler les 15%», dit-il, en précisant que le Grand Montréal a accueilli 11 projets en provenance de l’Asie-Pacifique, alors que MI attirait en moyenne dans le passé de 3 à 4 projets par année de cette région du monde.

«Plus il y a de gens sur la route pour expliquer l’histoire à succès du Grand Montréal économique, plus il y a des gens qui nous écoutent, plus on a d’oreilles attentives, et plus cela se transforme en projets d’investissement», dit Stéphane Paquet.

Même s’il a les yeux tournés vers l’international, le nouveau patron de Montréal international veut aussi consacrer plus de temps à renforcer les liens avec la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

«L’une des priorités que je me suis données, c’est vraiment de reconnecter avec les 82 municipalités de la CMM», confie-t-il.

Ces dernières années, Montréal International a mis beaucoup d’énergie à attirer davantage d’investissements étrangers dans la région métropolitaine. Cette stratégie a donné «des résultats exceptionnels», mais au prix d’avoir peut-être «un peu négligé» les partenaires du secteur municipal, admet Stéphane Paquet.

«Je m’inclus là-dedans. Je prends acte du constat, et je vais m’assurer de le corriger», assure-t-il.

C’est en faisant son nouveau plan stratégique, l’automne dernier, que MI a constaté qu’il y avait une volonté de ses partenaires locaux d’avoir davantage de contacts avec l’agence d’attraction des investissements étrangers dans le Grand Montréal.