Mises en chantier d’habitations: hausse en février au Canada
La Presse Canadienne|Publié le 15 mars 2024L’économiste en chef à la SCHL, Bob Dugan, rappelle que la hausse de février à l’échelle canadienne a suivi deux baisses mensuelles consécutives. (Photo: La Presse Canadienne)
Le rythme des mises en chantier résidentielles s’est accéléré en février alors que davantage d’appartements et de copropriétés ont levé de terre, mais le secteur continue de se débattre sous la pression des coûts.
Selon des données publiées vendredi par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), les mises en chantier ont bondi de 14% pour s’établir à 253 468 en février par rapport au mois précédent, selon un taux annuel désaisonnalisé, ce qui permet une meilleure comparaison d’un mois à l’autre.
La SCHL a toutefois relevé des reculs dans quatre provinces, le Québec, l’Île−du−Prince−Édouard, Terre−Neuve−et−Labrador et la Saskatchewan au cours des deux derniers mois. Le nombre a reculé de 38 961 à 34 542 au Québec, une baisse de 11%.
Si l’on examine les chiffres d’une année à l’autre, les mises en chantier d’habitations en février ont augmenté de 11%. Cette hausse est entièrement due à la hausse des mises en chantier de logements collectifs qui ont grimpé de 16%, tandis que les mises en chantier de maisons individuelles ont diminué de 14%.
«Alors que la pénurie nationale de logements se poursuit, les promoteurs continuent de se concentrer sur la construction de logements collectifs dans les grands centres du Canada», a déclaré l’économiste en chef à la SCHL, Bob Dugan, dans un communiqué.
Les mises en chantier d’un mois à l’autre peuvent fluctuer considérablement, car le lancement de projets collectifs de plus grande envergure peut fausser les chiffres. En février, les mises en chantier ajustées ont augmenté de 79% à Vancouver, mais elles ont été en baisse de 31% à Montréal.
Pour atténuer ces fluctuations et donner une image plus claire de la tendance à venir de l’offre de logements, la SCHL publie également une moyenne mobile sur six mois du taux ajusté. En février, l’indicateur affichait 245 665 mises en chantier, en hausse de 0,4% par rapport à janvier.
Ce rythme est inférieur aux plus de 277 000 mises en chantier enregistrées au Canada sur une tendance de six mois à la fin de 2022, avant que la hausse des taux d’intérêt n’affecte les coûts d’emprunt et ne crée des craintes de récession.
La SCHL et les analystes s’attendent à un ralentissement des mises en chantier cette année, car les conditions d’emprunt plus difficiles et les pénuries de main−d’œuvre affectent le rythme de la construction.
Les mises en chantier au premier trimestre devraient diminuer par rapport au quatrième trimestre de l’année dernière, mentionne dans une note l’économiste de TD, Rishi Sondhi.
«Au cours des deux premiers mois du premier trimestre, les mises en chantier sont inférieures à leur niveau du quatrième trimestre, suggérant une potentielle pression à la baisse sur la croissance des investissements résidentiels au premier trimestre», analyse-t-il.
«Nous pensons qu’ils baisseront à mesure que l’année avance, la faiblesse passée des ventes de maisons se répercutant sur la construction de maisons», a-t-il ajouté.
La hausse en février pourrait être liée en partie aux conditions météorologiques, soutient pour sa part Katherine Judge, analyste à la CIBC.
«Une partie de cette augmentation est probablement due aux températures douces atypiques observées cet hiver, qui pourraient également soutenir l’activité sur le marché de la revente.»
Les réductions de taux attendues plus tard cette année contribuent également à stimuler le marché de la revente, ce qui, à l’échelle de l’économie, pourrait aider à compenser le ralentissement de la construction, mentionne-t-elle.
«La construction résidentielle devrait encore connaître un léger recul au premier trimestre dans l’ensemble, mais le frein à la croissance du PIB dû à l’investissement résidentiel sera limité par l’augmentation de l’activité de revente», estime Mme Judge.