Mars: 35 000 emplois créés au Canada, le chômage est resté stable
La Presse Canadienne|Publié le 06 avril 2023L’emploi a reculé dans la construction et dans les ressources naturelles. (Photo: La Presse Canadienne)
Ottawa — L’économie canadienne a ajouté 35 000 emplois en mars dans un contexte de forte croissance démographique, maintenant son taux de chômage à un creux presque record, même si l’économie est aux prises avec des taux d’intérêt élevés.
Dans sa dernière enquête sur la population active, Statistique Canada a précisé jeudi que le taux de chômage s’était établi à 5,0% pour un quatrième mois consécutif.
Les gains d’emplois ont été réalisés principalement dans le secteur privé. L’emploi a augmenté dans le transport et l’entreposage, dans les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et les autres services de soutien, ainsi que dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail.
Pendant ce temps, des emplois ont été perdus dans la construction, dans les «autres services» et dans les ressources naturelles.
L’économiste Brendon Bernard, chez Indeed, a souligné que le rapport montrait que le marché du travail se porte toujours bien, «malgré beaucoup d’incertitude économique».
Mais M. Bernard a averti que l’interprétation des chiffres de l’emploi était un peu délicate, car le Canada voit également sa population croître rapidement.
Selon Statistique Canada, la population a augmenté de 0,3% le mois dernier, tandis que l’emploi a augmenté de 0,2%.
«Le rapport n’est peut-être pas aussi solide que le nombre pourrait le suggérer, a expliqué M. Bernard. Mais en même temps, ce taux de chômage de 5,0% met en évidence la situation dans son ensemble, à savoir que le marché du travail reste solide.»
Au cours des six derniers mois, l’économie canadienne a ajouté près de 350 000 emplois, surprenant les économistes qui anticipaient un ralentissement. Cela complique également la tâche consistant à interpréter ce qui se passe dans l’économie et l’impact des taux d’intérêt élevés.
L’économiste en chef adjoint de la Banque Royale, Nathan Janzen, a souligné que ce qui se passait sur le marché du travail était plus qu’«une simple histoire de croissance démographique».
«C’est aussi (…) la demande de main-d’œuvre pour les travailleurs qui dépasse l’offre disponible», a-t-il affirmé.
La Banque du Canada craint que si le marché du travail reste aussi solide, les salaires puissent continuer de croître rapidement, ce qui compliquerait un retour à une inflation annuelle de 2,0%.
La banque centrale rendra sa prochaine décision sur les taux d’intérêt le 12 avril. Et même si ce dernier rapport sur l’emploi ne montre pas encore de ralentissement, la Banque du Canada devrait continuer de maintenir son taux directeur à 4,5%.
Des tensions qui ne devraient pas durer
Alors que les employeurs ont maintenu leur appétit pour l’embauche, les salaires ont continué d’augmenter en mars. Le salaire horaire moyen a augmenté de 5,3% sur une base annuelle.
Selon le rapport de Statistique Canada, les chômeurs étaient moins susceptibles de rester longtemps sans emploi. Le pourcentage de ceux qui étaient au chômage en mars et qui étaient sans travail depuis 27 semaines ou plus était de 16,0%, contre 20,3% un an plus tôt.
Cependant, les tensions sur le marché du travail ne devraient pas durer éternellement. Les hausses dynamiques de taux d’intérêt de la Banque du Canada depuis mars 2022 devraient peser sur l’économie et plusieurs économistes prévoient un ralentissement important cette année.
Des enquêtes récentes, publiées plus tôt cette semaine par la banque centrale, ont montré que les consommateurs et les entreprises se préparaient à ce ralentissement. Les consommateurs ont affirmé qu’ils prévoyaient de réduire leurs dépenses, tandis que les entreprises s’attendent à un ralentissement de leurs ventes.
Ce recul devrait se répercuter sur le marché du travail et entraîner une hausse du chômage.
Et tandis que les entreprises ont continué à signaler que les pénuries de main-d’œuvre étaient une préoccupation majeure, les enquêtes ont montré qu’il y avait des signes que le marché du travail se détendait.
M. Bernard a souligné que les offres d’emploi sur Indeed étaient toujours supérieures à leurs niveaux d’avant la pandémie, mais qu’elles avaient chuté de 15% depuis l’année dernière.
Les postes vacants signalés par Statistique Canada ont également diminué par rapport aux niveaux record atteints l’an dernier.
Aux yeux de M. Janzen, ces «fissures» sur le marché du travail finiront par se transformer en rapports d’emploi plus modestes et entraîneront une augmentation du chômage.
«Je pense qu’il y a des fissures qui se forment encore, donc nous nous attendons toujours à ce que l’économie s’affaiblisse à partir de maintenant», a affirmé M. Janzen.
«Mais ça a été un bon début pour 2023.»
Au Québec, l’emploi est resté stable le mois dernier, quelque 1600 emplois ayant disparu, et le taux de chômage a grimpé de 0,1 point pour se situer à 4,2%.
Dans les Maritimes, le taux de chômage est resté stable en Nouvelle-Écosse, à 5,7%, tandis qu’il a reculé dans les autres provinces, passant de 6,3% à 5,8% au Nouveau-Brunswick et de 7,3% à 6,6% à l’Île-du-Prince-Édouard.