Les représentants des treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs dix partenaires (OPEP+) ont convenu que «la production de juillet serait ajustée à la hausse de 648 000 barils par jour». (Photo: 123RF)
Vienne — Après des mois d’attentisme malgré l’envolée des cours provoquée par la guerre en Ukraine, les membres de l’OPEP+ ont décidé jeudi de passer à la vitesse supérieure et de doper leur production de pétrole, répondant ainsi aux appels pressants des Occidentaux.
Les représentants des treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs dix partenaires (OPEP+) ont convenu que «la production de juillet serait ajustée à la hausse de 648 000 barils par jour», à comparer aux 432 000 barils fixés les mois précédents, a annoncé l’alliance dans un communiqué après une nouvelle réunion éclair.
L’annonce lundi par les 27 pays de l’Union européenne d’un embargo sur l’essentiel du pétrole russe a accru les craintes de pénuries et visiblement changé la donne pour le cartel, qui souligne «l’importance de marchés stables et équilibrés».
C’est un tournant pour l’OPEP+ qui s’était limitée depuis le printemps 2021 à de modestes augmentations de ses quotas, pour retrouver ses niveaux d’avant la pandémie de COVID-19.
Le groupe n’avait jusqu’ici jamais dévié de sa ligne, même après l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a accentué les tensions sur le marché.
Isolement croissant
Cette annonce a réjoui les investisseurs: les cours du brut remontaient de presque 1%, les deux références du brut évoluant autour des 116 dollars américains le baril.
Un article du Wall Street Journal avait évoqué une possible mise à l’écart de la Russie, affectée par les sanctions occidentales, mais l’OPEP+ est restée unie.
L’augmentation décidée est répartie proportionnellement entre chacun des membres, avec des quotas identiques pour Moscou et Ryad, les deux piliers de l’alliance.
L’OPEP+, qui pompe environ la moitié du pétrole mondial, s’est formée en 2016 pour ajuster l’offre et réguler les cours du baril.
Certains toutefois s’interrogent sur la pérennité de l’entente dans les circonstances actuelles.
«La Russie s’est transformée en paria», assène Bjarne Schieldrop, analyste de Seb, qui voit «dans l’apparente intensification de la navette diplomatique entre les États-Unis et l’Arabie saoudite» le signe «qu’un changement est peut-être proche» alors que les sanctions s’accumulent sur le Kremlin.
Après des décisions similaires des États-Unis et du Royaume-Uni, les dirigeants de l’UE ont trouvé un accord lundi qui devrait permettre de réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d’ici la fin de l’année.
«Rôle clé»
L’Arabie saoudite est longtemps restée sourde aux appels.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, avait réaffirmé lors du récent Forum économique mondial de Davos que «le royaume avait fait ce qu’il pouvait», selon la presse économique.
«La situation est plus complexe que simplement ajouter des barils au marché», a-t-il insisté, tandis que les membres du G7 pointaient le «rôle clé» de l’OPEP+ face au «resserrement des marchés internationaux».
Il est vrai que les économies du Golfe tirent des bénéfices juteux d’un baril bien au-delà de 100 $US: l’Arabie saoudite a ainsi enregistré au premier trimestre sa croissance la plus forte en dix ans.
Malgré ces quotas plus ambitieux, l’OPEP+ ne pourra pas remplacer tous les volumes perdus de la Russie du fait des difficultés de certains de ses membres à atteindre leurs objectifs, préviennent des analystes.