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L’inflation à 10%, nouveau record

AFP|Publié le 30 septembre 2022

L’inflation à 10%, nouveau record

L'inflation avait atteint 9,1% en août pour les 19 pays partageant la monnaie unique européenne, déjà au plus haut depuis que l'office européen des statistiques a commencé à publier l'indicateur en janvier 1997. (Photo: 123RF)

Bruxelles — L’inflation dans la zone euro a encore bondi en septembre pour atteindre 10% sur un an, un nouveau record alimenté par la flambée des prix de l’énergie et de l’alimentation, qui met les dirigeants européens sous pression pour agir plus vite et plus fort.

Le chiffre «est horrible à tous points de vue», a estimé Bert Colijn, analyste pour la Banque ING. Il dépasse en tout cas les prévisions déjà sombres des analystes de Bloomberg et Factset qui tablaient sur 9,7%.

L’inflation avait atteint 9,1% en août pour les 19 pays partageant la monnaie unique européenne, déjà au plus haut depuis que l’office européen des statistiques a commencé à publier l’indicateur en janvier 1997.

Cette hausse à deux chiffres, une grande première également, a été publiée alors que les ministres européens de l’Énergie ont finalement trouvé un accord sur des mesures d’urgence pour aider ménages et entreprises face à l’explosion des factures, mais beaucoup estiment qu’il faut aller encore plus loin à l’approche de l’hiver.

Ils ont validé des propositions présentées à la mi-septembre par la Commission européenne, visant à récupérer une partie des «superprofits» des producteurs d’énergie pour les redistribuer aux consommateurs, et imposer une réduction de la demande d’électricité aux heures de pointe.

«On peut s’attendre à ce que l’intervention des gouvernements s’intensifie en raison de la flambée des taux d’inflation», estime Bert Colijn, qui déplore «une situation confuse dans la zone euro», car les mesures nationales «ne sont pas coordonnées à Bruxelles».

 

Lenteur européenne

La lenteur des institutions européennes face à l’urgence de la crise a poussé les États membres de l’UE à agir dans le désordre. Ils craignent des mouvements sociaux de type gilets jaunes et des milliers de suppressions d’emplois dans l’industrie. Le patronat européen a averti jeudi que les prix élevés du gaz et de l’électricité menaçaient la survie de milliers d’entreprises en Europe.

Le chancelier Olaf Scholz a annoncé jeudi «un bouclier» pour plafonner les prix de l’énergie, doté de 200 milliards d’euros… 

Paris a adopté de son côté des mesures de protection des consommateurs, avec notamment une baisse des tarifs des carburants en septembre, qui lui ont permis de conserver l’inflation la plus faible d’Europe, à 6,2%, selon les données harmonisées d’Eurostat.

L’Allemagne est à 10,9%. Les pays baltes, particulièrement exposés aux conséquences de la guerre en Ukraine, subissent l’inflation la plus élevée. Elle a atteint 24,2% en Estonie, 22,5% en Lituanie et 22,4% en Lettonie.

Depuis novembre 2021, la hausse des prix à la consommation a atteint chaque mois un nouveau sommet historique, un phénomène d’abord lié aux perturbations des chaînes d’approvisionnement et au choc des tarifs de l’énergie qui s’est aggravé avec les conséquences de la guerre menée par la Russie en Ukraine. Et il n’y a pas encore de lumière au bout du tunnel.

Jessica Hinds, analyste de Capital Economics, estime que «l’inflation va encore augmenter dans les mois à venir», car la hausse des salaires fait aussi monter le prix des services. Eurostat a également annoncé vendredi un taux de chômage au plus bas dans la zone euro, à 6,6% de la population active, de nature à maintenir la pression sur les salaires.

Pour tenter d’enrayer le phénomène, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé en septembre ses taux directeurs de 0,75 point de pourcentage, après une première hausse en 11 ans de 0,50 point, annoncée en juillet. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a prévenu lundi qu’elle relèverait encore ses taux au cours des prochains mois.