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L’inefficacité énergétique reste un défi majeur au Québec

La Presse Canadienne|Mis à jour le 11 juillet 2024

L’inefficacité énergétique reste un défi majeur au Québec

Le ministre québécois de l'Économie et de l'Innovation, Pierre Fitzgibbon (Photo: La Presse Canadienne)

Le Québec doit améliorer son efficacité énergétique et miser sur une meilleure utilisation des ressources afin de «veiller à sa viabilité économique future», selon l’édition 2024 de Prospera, un baromètre économique qui souligne que 50% de l’énergie produite «est perdue». 

Le baromètre, conçu par la firme BCF Avocats d’affaires et la firme de conseils Quadrat, a été présenté lundi matin en présence du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. 

Le rapport souligne qu’au Québec, province qui produit le plus d’électricité, «l’inefficacité énergétique reste un défi majeur».

Ainsi, les données indiquent qu’en 2021, «près de la moitié de l’énergie totale était perdue et n’apportait aucune valeur à l’économie».

Trois secteurs seraient responsables d’une partie important de ces pertes: le transport (34%), l’industriel (23%) et le bâtiment (15%).

«La demande totale d’énergie du Québec est en partie expliquée par la consommation industrielle liée à l’hydroélectricité, qui a attiré des secteurs industriels énergivores dans la province, ainsi que par une consommation énergétique dans les transports et les bâtiments (résidentiels et commerciaux) supérieure à celle de pays européens ayant un niveau de vie comparable ou supérieur», souligne le rapport.

 

Inefficacité énergétique et augmentation des tarifs

Le rapport souligne que le Québec produit, au total, plus d’énergie qu’en Ontario.

Même si sa demande énergétique totale est moindre que l’Ontario, le Québec en consomme plus par habitant que sa voisine.

Cette réalité suggère «une utilisation moins efficace de l’énergie». 

Lors d’un panel auquel participaient des représentants de l’industrie avec le ministre Fitzgibbon, la question de l’augmentation des tarifs d’électricité a été abordée.

«Est-ce réaliste de penser que les consommateurs vont réduire leur consommation énergétique dans le contexte où notre prix d’électricité est un des plus bas au monde?», a demandé l’animatrice Julie Doré, directrice associée chez BCF.

«Sans un signal de prix, c’est difficile de penser que les gens vont investir dans des composantes qui consomment moins et qu’ils vont faire les gestes qui font la différence», a répondu Hugues Girardin, vice-président de Boralex, qui a comparé le comportement des Québécois avec celui de citoyens d’autres juridictions.

«En France, les gens éteignent les lumières des stationnements quand ils n’y sont pas», a-t-il mentionné.

«Au Texas, il y a peu de gens qui quittent leur maison le matin pour aller travailler en laissant la climatisation fonctionner toute la journée», a renchéri le président de CWP Énergie, Alain Brisebois. 

«On le voit au bureau, les Européens ferment la lumière en quittant leurs bureaux alors que les Québécois ne le font pas», a ajouté la présidente de ESMIA consultants, Kathleen Vaillancourt.

Le gouvernement Legault s’est engagé à limiter l’augmentation des tarifs d’Hydro-Québec à 3 % pour les clients résidentiels.

Selon le ministre Fitzgibbon, la modulation des tarifs «de manière à inciter les Québécois à consommer l’énergie différemment» peut permettre de changer des comportements, mais d’autres mesures sont nécessaires.

La limite d’augmentation de 3% «ne changera pas jusqu’à la fin du mandat» du gouvernement, a précisé le ministre. 

«Qu’est-ce qui va arriver après? On verra», a ajouté Pierre Fitzgibbon en expliquant qu’il faudra peut-être considérer «charger plus cher pour la consommation excédentaire d’ampérage par exemple».

 

Mais «commençons par des programmes incitatifs» et par «travailler avec le côté industriel» pour être plus efficace, a-t-il ajouté.

 

Le Québec devant l’Ontario

Le baromètre économique Prospera est composé de 28 indicateurs, incluant la croissance économique, l’investissement, le capital humain et les enjeux énergétiques et environnementaux. 

L’indice a été fixé à 100 au début des années 1980 pour le Québec, l’Ontario et le Canada.

Le baromètre indique que l’économie globale du Québec se positionne en tête du classement pour l’année 2022 avec un indice de 132,3, devant celui du Canada (129,1) et celui de l’Ontario (125,4).

«Encore une fois cette année, le Québec se distingue et domine le classement économique. Il démontre sa performance économique continue, en grande partie grâce à trois principaux facteurs: l’investissement, la croissance et le capital humain», a déclaré Alain Robichaud, président fondateur de Quadrat Conseils et concepteur du baromètre. 

Selon l’économiste Pierre Fortin, qui a participé à l’élaboration du baromètre, la «fondation de l’économie du Québec» est «plus solide» que celle l’Ontario «qui est souvent la base de comparaison».

Lors de la présentation du document lundi matin, l’économiste a précisé que le Québec est «en retard sur l’Ontario quand on prend le PIB par habitant comme mesure de richesse», mais «quand on prend un éventail de variables et de tendances lourdes, le Québec fait mieux que l’Ontario».

Le rapport souligne que «les mesures de conciliation travail-famille, telles que les garderies à tarif réduit et les congés parentaux étendus, ont significativement favorisé l’entrée des jeunes Québécoises sur le marché du travail, hissant leur taux d’activité parmi les plus élevés au monde».

Également, il est écrit que «la croissance du PIB sur la population en âge de travailler a joué un rôle crucial dans la prospérité économique du Québec».

Toutefois, soulignent les auteurs du baromètre économique Prospera, «le vieillissement de la population et le haut niveau d’endettement des ménages représentent des défis qui pourraient freiner cette croissance».