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L’industrie du tourisme se prépare à la relance après la COVID-19

La Presse Canadienne|Publié le 04 mai 2020

L’organisation Tourism Economics prévoit que la demande internationale ne retrouvera pas son rythme habituel avant 2023.

Il y a six mois, l’industrie du tourisme célébrait une année record pour les voyages. Aujourd’hui, elle est décimée et pourrait avoir besoin de plusieurs années pour se relancer.

L’organisation Tourism Economics prévoit que la demande internationale pour les voyages ne retrouvera pas son rythme habituel avant 2023.

Quand les touristes recommenceront à voyager, ils devront s’adapter à un monde différent, marqué par des mesures de distanciation sociale ou autres, en vertu des craintes résiduelles de la pandémie de la COVID-19, la maladie qui a fait plus de 244 000 victimes à travers le monde et infecté des millions.

« Ça prend du temps pour oublier les craintes et relancer l’économie », a dit Mahmoud Hadhoud, fondateur d’Egypt Knight Tours, qui ne s’attend pas à voir de touristes étrangers en Égypte avant septembre.

La semaine dernière, Hilton, Marriott et Airbnb ont dévoilé des procédures de nettoyage améliorées à travers le monde pour apaiser les esprits des voyageurs.

À Universal Studios, en Floride, plusieurs équipes travaillent sur des scénarios, dont la possibilité d’espacer les visiteurs dans les montagnes russes, a indiqué le directeur général du parc John Sprouls lors d’une rencontre virtuelle avec des responsables du tourisme.

Le président de Wynn Resorts, Matt Maddox, a affirmé que son entreprise allait nettoyer les dés entre chaque utilisation, mettre moins de chaises aux tables de jeu et diminuer le nombre de machines à sous en fonction dans leurs casinos de Las Vegas, Boston et Macau.

La route vers le retour à la normale sera longue pour l’industrie du tourisme. L’Organisation mondiale du tourisme anticipe une chute des visites de touristes d’au moins une nuit de 30 % en 2020, par rapport au chiffre record de 1,5 milliard en 2019. Les lignes aériennes maintiennent au sol près des deux tiers de leur flotte en raison de la baisse du nombre de passagers. Les bateaux de croisière ne quittent plus les ports; certains ne reprendront pas le service avant novembre.

Des millions de personnes qui vivent de l’industrie du tourisme ont été mises à pied de manière temporaire ou permanente. Aux États-Unis seulement, on estime que huit millions de travailleurs de cette industrie sont sans emploi, ou environ le tiers des chômeurs au pays, a affirmé Roger Dow, président-directeur général de l’U.S. Travel Association.

Le président de l’Association internationale du transport aérien, Alexandre de Juniac, soutient que la majorité des transporteurs doivent remplir leurs avions à 70 % pour atteindre la rentabilité. S’ils doivent limiter le nombre de passagers à bord, ils cesseront leurs activités ou hausseront les prix de 50 %, a-t-il affirmé.

On s’attend aussi à des changements dans les comportements des voyageurs. Ander Fuentes, qui est guide dans la province de Grenade en Espagne, croit que les voyageurs vont éviter les plages achalandées et vont préférer la quiétude des montagnes intérieures.

« Ça pourrait être une occasion de développer un nouveau genre de tourisme, ce qui pourrait être une bonne chose en Espagne parce qu’au cours des 10 dernières années, il y a eu un boom touristique en matière de quantité, mais pas de qualité », a dit M. Fuentes. Il espère voir le tourisme recommencer vers la mi-août.

Certaines personnes sont toutefois mal à l’aise avec la reprise du tourisme. Marco Michielli, qui possède un hôtel à Bibione, en bordure de plage à l’est de Venise, en Italie, soutient que plusieurs hôteliers s’inquiètent de voir leur entreprise ruinée si le virus touche leur propriété. Certains pourraient préférer rouvrir l’an prochain, plutôt que de servir les visiteurs avec des masques.

« S’il y a des protocoles approuvés par le ministère, certains propriétaires seront prêts à rouvrir maintenant. Mais si l’hôtel doit ressembler à un hôpital, plusieurs ne voudront pas ouvrir leurs portes aux visiteurs », a dit M. Michielli.

D’autres voudront attendre des développements du côté de la science avant de voyager.