Les règlements sur le cannabis comestible entreront en vigueur le 17 octobre.
Des bonbons à mâcher aux couleurs vives, infusés de cannabis, présentés sous forme d’animaux figurent parmi les produits les plus vendus sur le marché noir, mais les Canadiens ne doivent pas s’attendre à les retrouver bientôt sur les tablettes des commerces.
Les règlements sur le cannabis comestible entreront en vigueur le 17 octobre, un an exactement après la légalisation du cannabis par le gouvernement fédéral. Les nouvelles mesures visent à protéger les enfants contre les nouveaux produits en stipulant que ceux-ci ne doivent pas être perçus comme «attrayants pour les jeunes», mais Santé Canada n’a pas encore révélé ce qui serait clairement répréhensible en la matière.
Les entreprises s’interrogent sur la mise en marché de ces bonbons inspirés d’une friandise pour enfants. Comment les présenter au public-cible, les adultes, sans que les présentations soient trop amusantes pour les jeunes?
Les oursons en gélatine infusés au THC ne figureront pas parmi les nouveaux produits qui deviendront légaux, mais les entreprises continuent de tenter de répondre à la demande des consommateurs sans avoir recours à des produits incolores et sans saveur.
Les nouveaux produits pourront être mis en vente légalement à compter de la mi-décembre, compte tenu du préavis de 60 jours exigé par Santé Canada.
Selon un sondage mené récemment par Deloitte, les produits comestibles du cannabis les plus prisés par les consommateurs éventuels sont les bonbons (26 pour cent), les biscuits (23 pour cent), les brownies (22 pour cent) et le chocolat (16 pour cent).
Les bonbons à mâcher attirent les consommations pour diverses raisons. Ils sont plus facilement transportables et peuvent être dissimulés en public, mentionne Rishi Malkanis, un spécialiste du marché du cannabis chez Deloitte.
«Ils sont minuscules. On peut facilement les manger. On peut le faire assez discrètement. C’est plus facile à apporter à un événement que des brownies ou autres aliments, ou même des boissons.»
Selon Deloitte, les produits qui seront bientôt légaux représentent un marché dont la valeur estimée s’élève à 2,7 milliards $ par année, dont 1,6 milliard pour le cannabis comestible.
La situation est similaire aux États-Unis. Ainsi, au cours des quatre premiers mois de 2019, 17 des 20 produits de cannabis les plus vendus en Californie, au Colorado et en Oregon sont des bonbons.
Les risques pour les enfants ont été décrits dans une étude récente de la Société canadienne de pédiatrie (SCP) qui révèle qu’un « nombre important de jeunes enfants » ont eu besoin de soins médicaux après avoir ingéré du cannabis après la légalisation.
De septembre à décembre 2017, 16 cas d’événements graves causés par le cannabis à des fins récréatives ont été déclarés à la SCP.
En juillet, le gouvernement québécois a décidé d’adopter des règles plus strictes pour le cannabis comestible en interdisant la vente «de friandises, de confiseries, de desserts, incluant le chocolat, et de tout autre produit attrayant pour les mineurs». Les règles ont été soumises à une consultation publique d’une durée de 45 jours avant leur entrée en vigueur.
Selon Deloitte, les règles plus strictes pourraient provoquer une chute annuelle de 300 millions $ au marché du cannabis au Québec, et une perte de 40 millions $ pour les seuls bonbons gélifiés.
«Ce sera un impact significatif», soutient M. Malkani, qui estime que la part du marché pour les bonbons à mâcher aurait été de huit à neuf pour cent.
Santé Canada n’a pas précisé les couleurs, les saveurs ou les formes qui seront autorisées.
L’attrait d’un produit donné pour les enfants sera déterminé au cas par cas. Plusieurs éléments pourront être considérés comme la forme, la couleur, la saveur, le nom, l’emballage et la manière dont il est présenté, ont déclaré des responsables lors d’un point de presse en juin.
«Si un ours en gélatine attire une jeune personne, cela serait-il autorisé? La réponse est non», a dit un responsable de Santé Canada.
L’agence fédérale a annoncé qu’elle publiera des directives décrivant les facteurs à prendre en compte, mais les détails supplémentaires n’ont pas encore été publiés.