Entrevue n°199: Greg Wickham, vice-président développement des affaires, Dairy Farmers Association of America


Édition du 12 Avril 2014

Entrevue n°199: Greg Wickham, vice-président développement des affaires, Dairy Farmers Association of America


Édition du 12 Avril 2014

Par Diane Bérard

«Les producteurs de lait de soya mènent une concurrence déloyale» - Greg Wickham, vice-président développement des affaires, Dairy Farmers Association of America

Greg Wickham a occupé le poste de pdg de Dairylea, l'une des plus importantes coopératives laitières américaines. Le 1er avril, Dairylea a fusionné avec la puissante Dairy Farmers Association of America (DFA). Greg Wickham, un vétéran de l'industrie laitière, fait partie de l'équipe qui a piloté cette fusion. Il participera au Sommet international des coopératives, à Québec, en octobre prochain.

L'entrevue no 199

Diane Bérard - Les États-Unis ont mis cinq ans à voter le Farm Bill. Qu'est-ce bloquait ?

Greg Wickham - Le contentieux tenait à la réduction des dépenses. Le budget du ministère de l'Agriculture se divise en deux : 20 % pour le soutien à l'agriculture et 80 % pour les bons alimentaires [food stamps]. Les élus des villes ont défendu les coupons alimentaires, à cause des citoyens à faible revenu. Les élus des régions, eux, ont mis en avant la contribution de l'agriculture à l'économie. Après des années de culs-de-sac, Washington a réduit les deux postes. En dollars, la réduction s'avère plus importante pour l'aide alimentaire. En proportion, c'est l'aide à l'agriculture qui écope davantage.

D.B. - L'industrie laitière américaine a-t-elle obtenu ce qu'elle voulait ?

G.W. - Nous avions deux demandes : une assurance pour nos marges plutôt que pour nos prix et une forme de réglementation de l'offre. Nous avons obtenu la première. Pas la seconde. Le gouvernement américain n'aime pas les quotas, il préfère laisser le marché décider. Nous ne voulions pas un système aussi rigide que celui du Québec. Simplement une intervention discrétionnaire en cas de surplus de production pour éviter que les prix ne chutent. Je sais qu'il peut sembler étrange que des entrepreneurs réclament qu'on les réglemente. Mais nous estimions qu'il s'agissait à la fois d'une preuve de bonne foi et d'une mesure raisonnable.

D.B. - Quel type d'entreprise est la Dairy Farmers Association of America ?

G.W. - DFA est une coopérative, elle appartient à ses membres. Nous ressemblons beaucoup à la québécoise Agropur... avec trois fois plus de ventes [12 G$ US] et quatre fois plus de membres [13 000]. Nous possédons 33 usines que nos membres peuvent utiliser pour transformer leur lait. Toutefois, la moitié de notre production est transformée dans des usines qui ne nous appartiennent pas.

D.B. - Comment le prix de votre lait est-il fixé ?

G.W. - Contrairement au Canada, il n'est pas réglementé. Plus de 90 % du prix dépend de l'offre et de la demande mondiale. À peine 10 % repose sur notre négociation et les conditions régionales.

D.B. - Le secteur agricole réclame un statut particulier lors des négociations tarifaires internationales. Pourquoi ?

G.W. - C'est une question de sécurité alimentaire. Les gouvernements craignent que des aliments étrangers moins chers tuent leur industrie agricole locale. Il en résulterait une trop grande dépendance aux importations. On ne peut pas dépendre de l'étranger pour des produits essentiels. Le gouvernement subventionne donc l'industrie agricole lorsque c'est nécessaire afin qu'elle reste profitable. On veut éviter que les agriculteurs ferment boutique.

D.B. - Lait d'amande, fromage de soya, la concurrence des produits pseudo-laitiers fait mal...

G.W. - Je n'ai rien contre la concurrence, mais celle-là se révèle déloyale. Nous militons depuis des années pour empêcher qu'on emploie le terme «lait» à tort et à travers. Le lait provient d'un animal. Le soya n'est pas un animal, l'amande non plus. Mais le gouvernement aurait pu intervenir. Il n'a rien fait. Et les consommateurs continuent d'être bernés par un vocabulaire trompeur. Seul le lait a les vertus du lait.

D.B. - ... sans compter la multiplication des boissons en tout genre.

G.W. - En effet, depuis 35 ans, aux États-Unis, la consommation de lait par personne a diminué de 25 %. Les années 2011 et 2012 ont connu le pire déclin depuis une décennie.

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