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Les entreprises plus robotisées ont aussi plus d’employés

La Presse Canadienne|Publié le 03 novembre 2020

Les robots serviraient plus à améliorer la qualité ds produits et services qu'à réduire le dépenses en main-d'oeuvre.

 Les entreprises canadiennes qui ont investi dans les robots depuis la fin des années 1990 ont également élargi leur main-d’œuvre humaine, a indiqué lundi Statistique Canada.

Les résultats publiés lundi montrent que sur deux décennies, les entreprises qui ont investi dans l’automatisation avaient une main-d’œuvre 15 % plus importante que les autres entreprises de la même industrie.

« Dans l’ensemble, les résultats de l’étude donnent à penser que l’incidence de l’adoption des robots sur l’emploi n’a pas été apocalyptique pour la main-d’œuvre dans son ensemble », a indiqué l’agence fédérale.

Les augmentations globales étaient attribuables à des gains dans les emplois très spécialisés, comme les programmeurs, qui exigent des diplômes universitaires, et les travailleurs peu spécialisés, ayant un diplôme d’études secondaires ou moins.

Les travailleurs moyennement spécialisés, dont la profession exige une formation professionnelle ou la connaissance d’un métier ou un diplôme connexe, étaient plus susceptibles de ne pas être remplacés une fois qu’un robot arrivait pour accomplir leurs tâches.

Les entreprises qui ont investi dans les robots étaient également susceptibles de compter moins de gestionnaires, selon l’analyse, donnant aux travailleurs plus de contrôle sur les décisions et les mesures incitatives à la performance.

Les études publiées lundi s’appuient sur des données administratives d’entreprises qui ont ajouté des robots et l’automatisation à leurs activités entre 1996 et 2017.

L’automatisation apporte des changements et peut être douloureuse, reconnaît Statistique Canada.

« Les robots entraîneront également une perturbation des emplois, non seulement en remplaçant certains emplois, mais aussi en modifiant les exigences d’autres emplois. Ce changement ne profitera pas à tous les travailleurs. »

Les fonctionnaires fédéraux ont suivi l’impact de l’automatisation sur la main-d’œuvre pendant des années. Dans une étude effectuée l’année dernière, les experts ont constaté que la probabilité d’un scénario « apocalyptique » où l’automatisation éliminait la moitié des emplois au Canada était surestimée.

Cela ne veut pas dire que certaines parties de l’économie ne seraient pas confrontées à des défis dans les années à venir. L’année dernière, les responsables ont estimé qu’environ un emploi sur 10 pourrait être automatisé au cours des 15 à 20 prochaines années, et que près d’un autre sur trois pourrait changer considérablement.

En 2008, la valeur des stocks de robots était de 1,2 milliard de dollars, a indiqué Statistique Canada, et un peu moins de la moitié de cette somme était consacrée aux chaînes de montage de véhicules automobiles.

Neuf ans et une récession mondiale plus tard, la valeur totale des stocks est passée à 1,5 milliard $, mais moins de 400 millions $ se trouve dans le secteur automobile. Selon Statistique Canada, les investissements ont augmenté dans des secteurs comme l’agriculture, les mines et la construction, ainsi que dans la santé.

L’étude suggère que les entreprises qui automatisent leur travail ou achètent des robots le font pour améliorer la qualité de leurs produits et services plutôt que pour réduire leurs coûts de main-d’œuvre.

Les entreprises canadiennes ont traditionnellement été lentes à adopter les nouvelles technologies, accusant un certain retard sur leurs homologues internationales. Mais les décisions d’automatisation sont souvent accélérées lors de ralentissements économiques comme celui causé par le COVID-19.

Si les entreprises n’investissent pas dans la technologie maintenant, elles risquent de prendre davantage de retard par rapport à leurs concurrents, « ce qui pourrait avoir des répercussions importantes sur l’emploi et la compétitivité au Canada, alors que nous nous remettons de la pandémie », a estimé Creig Lamb, conseiller principal en politiques au Brookfield Institute for Innovation + Entrepreneuriat.

« D’un autre côté, a-t-il poursuivi, si les entreprises canadiennes accélèrent l’adoption de la technologie à la suite de la pandémie, nous pourrions voir des changements dans la demande de travailleurs, ce qui exigerait des efforts concertés pour aider les travailleurs qui ont été déplacés à s’adapter dans un marché du travail en mutation. »

M. Lamb a fait valoir que tout effort visant à inciter les entreprises à adopter la technologie plus rapidement devrait déterminer qui perdra et gagnera du travail, pour aider les travailleurs à s’adapter aux besoins changeants du marché du travail et éviter d’aggraver les inégalités.