Les dragons asiatiques auraient-ils dû confiner leur population?
François Normand|Publié le 10 avril 2020Salués pour leur approche sans confinement et fermeture, Singapour, Hong Kong et Taïwan pâtissent d'une seconde vague.
Cités en exemple parce qu’ils n’avaient pas confiné leur population et forcé la fermeture d’entreprises non essentielles, trois dragons asiatiques (Singapour, Hong Kong et Taïwan) qui misaient sur les tests de masse, la géolocalisation et la fermeture précoce des frontières sont en train de réévaluer leurs stratégies afin de combattre une nouvelle vague de la Covid-19.
Ces dernières semaines, plusieurs médias ont publié des reportages expliquant que ces trois pays avaient réussi à contenir la progression du virus et à sauver des vies, et ce, sans paralyser leur économie comme en Europe et en Amérique du Nord.
Plusieurs observateurs ont vanté l’efficacité et la précision de leurs approches, en accusant la Chine et la plupart des pays occidentaux d’avoir agi trop lentement, les forçant à confiner leur population et à mettre sur pause leur économie.
Or, récemment, ces trois dragons asiatiques ont durci leurs mesures sanitaires (fermetures, restrictions aux frontières, campagnes d’isolement prolongé) pour contrer une deuxième vague de contamination, souligne le Financial Times de Londres.
Singapour observe une forte hausse de la transmission communautaire
(Population: 5,7 millions, ce vendredi 10 avril: 2 108 cas confirmés et 7 décès*)
Au cours de la dernière semaine, les cas de contamination ont bondi de plus de 75% dans la cité-État.
Le gouvernement a ordonné un confinement quasi total pendant un mois. Les autorités ont aussi fermé les écoles et la plupart des lieux de travail, tandis que les rassemblements sociaux sont interdits aux personnes vivant dans des ménages différents.
Le pays compte resserrer les mesures de distanciation sociale «de temps en temps» pour ralentir la contagion et éviter un engorgement du système de santé. En fait, Singapour essaie de trouver des mesures qui peuvent ralentir le virus de manière durable.
Des mesures qui pourraient s’étaler jusqu’à la fin de 2020, voire davantage à plus long terme.
Hong Kong mise sur une stratégie de confinement flexible
(Population: 7,4 millions, ce vendredi 10 avril: 989 cas confirmés et 4 décès*)
Hong Kong a également dû s’ajuster à une «augmentation drastique» de contaminations à la Covid-19, et ce, en raison de citoyens qui revenaient de l’étranger, mais aussi de cas de transmissions communautaires.
C’est pourquoi les autorités ont imposé un confinement partiel qui s’est traduit par la fermeture des écoles, des centres d’entraînement, des bars et d’autres lieux de divertissement.
Le territoire a adopté une stratégie de «suppression et élévation».
Cette stratégie s’ajustera pratiquement en temps réel à l’évolution de la pandémie. Le gouvernement introduira des mesures plus strictes lorsque le taux de transmission du virus sera élevé, mais il les relâchera en cas de chute.
Taïwan tient le coup, mais se prépare au pire
(Population: 24 millions, ce vendredi 10 avril: 382 cas confirmés et 6 décès*)
Taïwan est l’un des États qui tient le mieux le coup dans le monde et qui a su éviter une épidémie à grande échelle, et ce, grâce à des mesures de confinement précoces et décisives, y compris des restrictions strictes aux frontières.
Pour autant, les autorités estiment qu’elles devront maintenir leurs défenses sanitaires pendant encore plusieurs mois.
Le gouvernement va aussi tester davantage la population et accroître les campagnes de distanciation sociale, sans parler des préparatifs pour libérer des milliers de lits d’hôpitaux.
Car Taïwan n’exclut pas totalement la possibilité q’une épidémie se développe comme à New York, l’épicentre de la pandémie aux États-Unis. Si cela se produit, les autorités devraient alors recourir à un confinement généralisé comme en Europe et en Amérique du Nord, a indiqué le gouvernement.
* Source: John Hopkins Coronavirus Resources Center