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Les données du dernier recensement, sous l’influence de la COVID

La Presse Canadienne|Publié le 08 février 2022

Les données du dernier recensement, sous l’influence de la COVID

Les chiffres du recensement aident les planificateurs et les responsables locaux à décider où construire de nouvelles écoles, des hôpitaux, des routes et des logements pour faire face à la croissance démographique prévue. (Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — Au cours des 40 dernières années, Doug Norris s’est penché sur les données démographiques détaillées glanées à chaque recensement, mais même lui admet que ce qui s’en vient sera différent de tout ce qu’il a vu auparavant.

Statistique Canada doit fournir mercredi les premières données de son recensement qui offre l’image la plus détaillée de la population canadienne.

Le recensement de l’année dernière, cependant, a eu lieu pendant une pandémie qui a limité l’immigration et déplacé les lieux où les Canadiens ont décidé de s’installer.

C’est pourquoi les experts avertissent quiconque lisant les statistiques de le faire avec prudence.

L’instantané de la population peut ne pas révéler si la COVID-19 a modifié de façon permanente les tendances précédentes ou a provoqué une fluctuation temporaire.

«La pandémie a peut-être eu un impact au cours de la dernière année, mais ce sera très difficile à démêler, a déclaré M. Norris, démographe en chef chez Environics Analytics, qui a également passé 30 ans à Statistique Canada. Mon point de vue général est qu’il y aura un peu de flou, mais pas énormément. Ce sera quand même assez utile.»

 

 

Les chiffres du recensement aident les planificateurs et les responsables locaux à décider où construire de nouvelles écoles, des hôpitaux, des routes et des logements pour faire face à la croissance démographique prévue.

Les chiffres de la population sont utilisés pour calculer les transferts fédéraux aux provinces pour payer les soins de santé et aux villes pour les besoins en infrastructure. Cette année, les données du recensement seront également utilisées dans le cadre d’un exercice décennal visant à redessiner les limites des circonscriptions fédérales.

Statistique Canada s’appuie sur le recensement pour affiner une série d’autres enquêtes comme celles sur l’état de l’économie, faisant du recensement le «joyau de la couronne» dans l’infrastructure statistique du pays, a indiqué Geoff Bowlby, directeur général du programme du recensement.

«C’était une occasion unique de produire des statistiques qui nous donnent un aperçu de la pandémie et de la façon dont elle a affecté la vie des Canadiens, a souligné M. Bowlby. C’est certainement une priorité, car nous produisons chacune des analyses et les publions au cours de l’année.»

L’agence détaillera comment la population a augmenté au cours des cinq dernières années, où la croissance a été la plus rapide et où elle a diminué. Un décompte des logements permettra de voir où les maisons ont été construites.

 

L’immigration au ralenti

La population devrait avoir stagné au cours des deux dernières années, car moins d’immigrants ont été admis dans un pays qui s’est appuyé sur les nouveaux arrivants pour sa croissance, en particulier à mesure que la population vieillit.

«Nous dépendons de l’immigration, pour la croissance de la population non âgée, et elle a certainement ralenti au cours des deux dernières années précédant le recensement, a expliqué Mark Rosenberg, titulaire de la chaire de recherche du Canada en études du développement à l’Université Queen’s. Cela signifie probablement que, en termes relatifs, la population âgée augmente encore plus rapidement qu’elle n’aurait augmenté par rapport aux autres groupes d’âge s’il n’y avait pas eu de pandémie.»

La migration à l’intérieur du pays pourrait également être affectée par la COVID-19.

Michael Haan, professeur agrégé au département de sociologie de l’Université Western, a noté les mouvements hors des grands centres urbains vers les petites communautés alors que les gens cherchaient des maisons plus grandes parce que beaucoup travaillaient à domicile, ainsi que la migration interprovinciale — en particulier dans l’Alberta généralement à croissance rapide — comme les prix du pétrole ont chuté.

«Sans parler déjà du recensement de 2026, mais il serait intéressant de comparer ce qui se passe en 2021 et 2026, car cela nous donnera une idée de la mesure dans laquelle tous ces mouvements étaient temporaires ou permanents», a déclaré M. Haan.

Même temporaires, les mouvements pourraient entraîner une sorte de renaissance rurale en fonction de l’emplacement.

Ashleigh Weeden, candidate au doctorat en études rurales à l’Université de Guelph, a déclaré que la croissance de la population rurale a été inégale, les emplacements plus proches des grandes villes augmentant tandis que les endroits plus éloignés étaient en déclin.

Elle a déclaré que les données du recensement pourraient donner au pays l’occasion de réfléchir à la manière de développer les communautés, quel que soit leur emplacement, plutôt que de regarder le développement à travers une lentille rurale ou urbaine.

«J’espère que les données du recensement nous montrent un peu où les gens se déplacent», a-t-elle ajouté.