Au lieu de chercher ce qui fonctionne, je trouve qu'il est probablement plus logique de déterminer ce qui ne fonctionne pas. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. En investissement, on cherche tous la perle rare, cette société qui nous enrichira pendant les 10, 20 ou 30 prochaines années. On voudrait savoir quelles sont les caractéristiques, les points communs des sociétés qui ont connu de tels succès boursiers par le passé afin de dénicher de jeunes pousses qui leur ressemblent.
Le hic selon moi est qu’il n’y a pas de modèles définitifs. Chaque succès boursier est unique et il est improbable qu’on puisse le reproduire.
Au lieu de chercher ce qui fonctionne, je trouve qu’il est probablement plus logique de déterminer ce qui ne fonctionne pas, à la manière de Charlie Munger, qui cherche toujours des solutions en «inversant», en abordant un problème par la porte arrière.
Ainsi, quelles seraient les caractéristiques d’une entreprise dont les chances de succès sont très minces, voire inexistantes à long terme?
– Elle évolue dans une industrie en déclin à long terme.
– Ses produits ou services sont en constante mutation. La société doit sans cesse se réinventer.
– Son modèle d’affaires requiert beaucoup de capital, des investissements substantiels, année après année.
– La demande pour ses produits ou services est imprévisible et sujette à de fortes fluctuations.
– La société n’a aucun pouvoir pour dicter le prix de ses produits ou services. Ce sont des commodités qu’on peut aisément substituer.
– Les barrières à l’entrée de son industrie sont basses.
– La société est dépendante de plusieurs facteurs économiques volatils sur lesquels ses dirigeants n’ont aucun contrôle. Les taux de change, la croissance économique, les taux d’intérêt, etc.
– Ses dirigeants sont grassement rémunérés, mais ne possèdent pas ou très peu d’actions.
– La société est très endettée.
– La société dépend de quelques gros clients pour une part substantielle de ses revenus.
– La poursuite de ses activités repose sur sa capacité à lever régulièrement du capital, par l’émission de dette ou d’actions.
En éliminant les sociétés dont les caractéristiques correspondent à celles énumérées, on évite à mon avis bien des maux de tête. Et on augmente sensiblement ses chances de tomber sur des grands gagnants boursiers à long terme.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100 et auteur du livre Avantage Bourse