Les astuces des repreneurs en série


Édition du 11 Mars 2020

Les astuces des repreneurs en série


Édition du 11 Mars 2020

Par Philippe Jean Poirier
armoires

­Simon ­Bouchard a repris, en 2011, le fabricant d’armoires de cuisine ­Les ­ateliers ­Jacob, fondé par son père à ­Saint-Calixte, dans ­Lanaudière. Ensuite, il en a fait son vaisseau amiral pour les deux reprises qui ont suivi. (Photo: Symbiose Design)

TRANSFERT D'ENTREPRISES. Dès ses débuts en affaires, Frédéric Lebel a eu l'ambition d'utiliser le repreneuriat en série comme levier de croissance. « Je me suis inspiré de mon mentor d'affaires, Louis-Gilles Lafond, qui a acquis sept ou huit entreprises avec une vingtaine de partenaires », raconte celui qui est aujourd'hui propriétaire de trois entreprises de soudure industrielle.

L'ancien directeur d'usine a d'abord effectué une première reprise en 2010, en faisant l'acquisition d'ABM Enviro, à Saint-Jérôme. Neuf ans plus tard, il a réalisé ses deuxième et troisième reprises : celle de Soudure René Thibault, à la fin 2019, puis de Filco au début de l'année.

Un des problèmes rencontrés en cours de route est la surévaluation des entreprises. « Plusieurs cédants n'ont pas préparé leur relève et, ensuite, ils demandent un prix correspondant au temps et aux efforts qu'ils ont investis dans leur entreprise au fil des années, fait valoir Frédéric Lebel. Souvent, la valeur est bien moindre sur papier. »

Fils d'entrepreneur, Simon Bouchard a repris, en 2011, le fabricant d'armoires de cuisine Les ateliers Jacob, fondé par son père à Saint-Calixte, dans Lanaudière. Ensuite, il en a fait son vaisseau amiral pour les deux reprises qui ont suivi. Il s'est porté acquéreur de Tendances Concept, un concurrent de Saint- Jérôme, en 2018, puis de Cuisirama, un fabricant de cuisines modulaires de L'Assomption, il y a quelques semaines.

« Il n'y a rien de plus difficile que de négocier une reprise, avoue-t-il. Pour le cédant, l'entreprise, c'est toute sa vie, alors c'est très émotif. Tout peut basculer pour une virgule ou un point de discorde. Il faut être très compréhensif et très à l'écoute, tout au long du processus. »

Anticiper la balle courbe

Une fois la transaction conclue, la partie ne fait pourtant que commencer. « Il y a toujours une balle courbe qui arrive dans les premières années. Ça peut venir de l'interne, mais ça peut aussi venir d'un élément externe sur lequel on n'a aucun contrôle », prévient Étienne Drouin, directeur général du capital de croissance et du transfert d'entreprise à BDC Capital. Son organisation suggère donc toujours aux repreneurs de prévoir une marge de manoeuvre financière et managériale.

Frédéric Lebel souscrit à ce conseil, qu'il a lui-même appliqué. « Avant de m'engager dans une seconde reprise, je me suis assuré que j'avais une solide équipe de gestion à la tête de ma première entreprise. »

Au lendemain de l'acqui- sition de Tendances Concept, Simon Bouchard a quant à lui décidé d'y établir son quartier général. L'objectif ? Atténuer la rivalité qui subsistait avec son ancien concurrent de Saint-Jérôme. « Nous avons aussi créé des groupes kaizen, inspirés de la méthode japonaise d'amélioration continue, afin de faciliter le partage des connaissances entre les usines des deux entreprises. » Il estime que l'union de ses équipes a pris deux ans.

PetalMD, une entreprise de Québec spécialisée dans les solutions médico-administratives, a connu le même défi d'intégration après les acquisitions de la plateforme de gestion d'horaire Workoptics, en 2016, de l'application de facturation Xacte, en 2018, et de l'agence de facturation Gestimed, en 2019.

« La résistance apparaît lorsqu'on commence à changer les pratiques », reconnaît son vice- président aux finances et aux partenariats, Pascal Tessier-Fleury. Il souligne que les mécanismes mis en place pour adopter les meilleures pratiques dans tout le regroupement demandent parfois à l'acquéreur de modifier ses pratiques. « On apprend les uns des autres, et c'est là que ça devient excitant. »

Le jeu en vaut la chandelle

« Pour une PME, l'acquisition d'une deuxième entreprise permet d'atteindre la masse critique d'employés pour constituer une division des ressources humaines, des technologies de l'information et de marketing », fait remarquer Étienne Drouin.

C'est l'avantage principal qu'est allé chercher Simon Bouchard avec sa seconde reprise. « On était une équipe très dynamique, mais un peu cowboy, se souvient-il. Tendances Concept nous a apporté la structure administrative et managériale qui nous manquait. » La récente acquisition de Cuisirama lui donne cette fois « les moyens de production pour s'attaquer au marché américain ».

De son côté, Frédéric Lebel est désormais à la tête de Groupe ABM, qui réunit trois entreprises de soudure industrielle. Il se rapproche ainsi de son objectif initial de « créer un one stop shop » capable de répondre à tous les besoins de soudure et de fabrication de métaux ouvrés des clients.

PetalMD, elle, a utilisé ses acquisitions pour attirer une clientèle de médecins jadis méfiante des solutions numériques. « Les trois acquisitions ont été bénéfiques à cet égard, confirme Pascal Tessier-Fleury. Nous projetons de poursuivre dans cette voie avec d'autres reprises ou acquisitions. »

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