La reprise qui sera «difficile», «inégale» et sujette à de potentiels «contretemps», a prévenu la dirigeante du FMI.
L’économie mondiale, précipitée au printemps dans une profonde récession par la pandémie de Covid-19, a commencé une longue ascension vers la reprise qui sera « difficile », « inégale » et sujette à de potentiels « contretemps », a prévenu mardi la dirigeante du FMI.
« Nous estimons maintenant que l’évolution des deuxième et troisième trimestres a été quelque peu meilleure que prévu, ce qui a permis une légère révision à la hausse de nos prévisions mondiales pour 2020 », a déclaré Kristalina Georgieva dans son discours prononcé en amont des réunions d’automne qui se tiendront virtuellement la semaine prochaine à Washington.
Le 24 juin, le Fonds monétaire international avait dévoilé des perspectives économiques particulièrement sombres avec une estimation de plus de 12 000 milliards de dollars de pertes cumulées pour l’économie mondiale en 2020 et 2021.
Il tablait aussi sur une prévision de récession de 4,9 % cette année, contre 3 % anticipés en avril.
La directrice générale n’a pas dévoilé de chiffres mardi. Ceux-ci seront publiés dans tout juste une semaine.
« Tous les pays sont désormais confrontés à ce que j’appellerais +la longue ascension+ – une ascension difficile qui sera longue, inégale et incertaine. Et sujette aux contre-temps », a-t-elle ajouté.
Kristalina Georgieva, qui estimait début avril que la planète allait subir les pires conséquences économiques depuis la Grande dépression des années 30, dépeint une situation finalement « moins désastreuse » qu’initialement estimée.
Reste que le Produit intérieur brut mondial restera « à moyen terme bien en deçà des prévisions pré-pandémie », a-t-elle prévenu.
En outre, presque tous les pays vont subir un « revers » dans l’amélioration du niveau de vie de leur population.
« Incertitude »
Les risques restent également élevés, notamment en raison de la hausse des faillites d’entreprises et de l’incertitude due au fait que la pandémie n’est toujours pas maîtrisée.
En Europe comme aux États-Unis, les autorités ont ainsi dû se résoudre à prendre de nouvelles mesures drastiques pour éviter une deuxième vague.
Kristalina Georgieva note aussi que « de nombreux pays sont devenus plus vulnérables » qu’avant la pandémie, avec des niveaux d’endettement très supérieurs, car ils ont été contraints d’adopter des plans de soutien financier à leur économie au moment où ils accusaient de lourdes pertes de production et de revenus, en raison de la paralysie de l’activité économique.
Ainsi la dette publique mondiale va-t-elle atteindre un niveau record d’environ 100 % du PIB en 2020, selon les calculs du FMI.
Kristalina Georgieva, qui n’a eu de cesse d’encourager les gouvernements « à dépenser plus » et « autant que possible » pour soutenir leur économie et venir en aide aux entreprises et personnes les plus vulnérables, presse les États à continuer d’augmenter leurs dépenses publiques en augmentant cette fois leurs investissements.
« Une nouvelle étude du FMI montre qu’une augmentation de l’investissement public de seulement 1 % du PIB dans les pays avancés et émergents peut créer jusqu’à 33 millions de nouveaux emplois », a-t-elle souligné.
Elle les appelle à investir dans des projets verts, qui s’ils sont bien conçus, peuvent générer plus d’emplois et offrir des rendements plus élevés, par rapport aux mesures de relance budgétaire classiques.
« Nous savons également qu’une transformation numérique accélérée est en cours, promettant une productivité plus élevée et de nouveaux emplois avec des salaires plus élevés », a-t-elle également commenté.
Face aux pays les plus pauvres qui souffrent notamment de la baisse des prix des matières premières et des transferts de fonds, l’institution de Bretton Woods se tient prête à poursuivre son aide.
Au total, le FMI a enregistré plus de 280 milliards de dollars d’engagements de prêts pour 81 pays, soit plus du tiers de ceux approuvés depuis mars.
« Et nous sommes prêts à faire plus », a conclu Kristalina Georgieva.
Quelque 12 000 personnes avaient arpenté en octobre 2019 les rues de Washington pour participer aux traditionnelles réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale.
Cette année, chacun restera derrière son écran, coronavirus oblige.