Les économistes s’attendaient à seulement 250 000 nouveaux emplois ce mois-ci. (Photo: La Presse Canadienne)
Washington — Défiant les craintes liées à une éventuelle récession et à une inflation galopante, les employeurs américains ont embauché 528 000 travailleurs le mois dernier, rétablissant tous les emplois perdus dans la récession du coronavirus. Le chômage est tombé à 3,5%, son plus bas niveau depuis que la pandémie a frappé au début de 2020.
La création d’emplois en juillet était supérieure de 130 000 à celle de juin, et la plus élevée depuis février.
Les chiffres brûlants sur l’emploi, présentés vendredi par le département du Travail, surviennent alors que les économistes s’entendent pour dire que l’économie américaine perd de son élan. Elle s’est contractée au cours des deux premiers trimestres de 2022, ce qui rejoint la définition informelle de la récession. Mais la plupart des économistes pensent que la vigueur du marché du travail a empêché l’économie de sombrer dans un ralentissement.
Le rapport étonnamment fort de vendredi intensifiera sans aucun doute le débat sur la question de savoir si l’Amérique est en récession ou non.
«Récession ? Quelle récession ?», a écrit Brian Coulton, économiste en chef chez Fitch Ratings, après la publication des chiffres. «L’économie américaine crée de nouveaux emplois à un rythme annuel de 6 millions _ c’est trois fois plus vite que ce que nous voyons normalement dans une bonne année.»
Les économistes s’attendaient à seulement 250 000 nouveaux emplois ce mois-ci.
Il y a, bien sûr, des implications politiques dans les chiffres de l’emploi de vendredi: les Américains sont de plus en plus anxieux face à la hausse des prix et au risque de récession. Cela sera très certainement au premier plan des préoccupations des électeurs lors des élections de mi-mandat de novembre, alors que les démocrates du président Joe Biden cherchent à garder le contrôle du Congrès.
Joe Biden s’est attribué vendredi le mérite de la résilience du marché du travail, affirmant qu’il s’agissait «du résultat de mon plan économique».
Le président a stimulé la croissance de l’emploi grâce à son programme de soutien de 1900 milliards de dollars US pour affronter la pandémie et à la loi bipartisane sur les infrastructures de 1 milliard $ US l’année dernière. Cependant, les législateurs républicains et certains économistes de premier plan estiment que les dépenses publiques sont la raison des niveaux d’inflation actuels, qui n’ont pas été vus depuis 40 ans.
Et pour des millions d’Américains, c’est la valeur décroissante des chèques de paie dans un contexte d’inflation galopante qui reste au premier plan.
Les salaires horaires ont affiché un bon gain de 0,5% le mois dernier et ont augmenté de 5,2% au cours de la dernière année. Cependant, cela ne suffit pas pour suivre l’inflation, ce qui signifie que de nombreux Américains, en particulier les plus pauvres, doivent faire des économies pour s’ajuster aux hausses de prix dans les supermarchés, les stations-service et même pour les fournitures scolaires.
Le département du Travail a également révisé ses données sur les embauches de mai et juin, indiquant que 28 000 emplois supplémentaires avaient été créés au cours de ces mois. La croissance de l’emploi a été particulièrement forte le mois dernier dans le secteur de la santé et celui des hôtels et restaurants.
Bien qu’un marché du travail solide soit une bonne chose, il est également plus probable que la Réserve fédérale continue d’augmenter les taux d’intérêt pour refroidir l’économie et l’inflation.