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Le prix du baril de pétrole pourrait atteindre 100 $US cet hiver

La Presse Canadienne|Publié le 04 octobre 2021

Le prix du baril de pétrole pourrait atteindre 100 $US cet hiver

L’augmentation de la demande pour le pétrole se produit dans le contexte d’un boom mondial des matières premières qui a fait grimper en flèche les prix de tout, du gaz naturel à l’acier. (Photo: La Presse Canadienne)

Calgary — Le prix du baril de pétrole brut pourrait atteindre le seuil des 100 $ US dès cet hiver, estiment des experts de l’industrie, qui soulignent que celui-ci connaît déjà une progression qui le place à son plus haut niveau en sept ans. 

Le prix de référence nord-américain du West Texas Intermediate a grimpé lundi jusqu’à 78,38 $ US, avant de retraiter pour clôturer la séance à 77,61 $ US. Non seulement le prix de l’or noir a complètement rebondi par rapport à ses creux pandémiques de 2020, grimpant de plus de 50% depuis le début de l’année, mais il a également récupéré les faiblesses de plusieurs années avant cela.  

«Les prix sont au plus haut depuis essentiellement 2014, qui avait vu le premier gros krach (ayant affecté l’industrie)», a observé Rory Johnston, directeur général et économiste de marché de la firme torontoise Price Street. «Nous sommes définitivement en territoire haussier maintenant.» 

M. Johnston a expliqué que l’augmentation de la demande pour le pétrole se produisait dans le contexte d’un boom mondial des matières premières qui a fait grimper en flèche les prix de tout, du gaz naturel à l’acier. À ses yeux, un baril de pétrole à plus de 100 $ US cet hiver n’est pas du tout hors de question, surtout si la demande de carburéacteur augmente avec la saison des vacances. 

«Je pense que c’est tout à fait possible. Et cela dépendra beaucoup du retour des voyages par avion», a indiqué M. Johnston. «Le retour du transport aérien est en fait le facteur le plus important qui continue de peser sur les prix du pétrole.» 

«En tant que producteur, c’est la meilleure chose qui se soit produite en sept ans», a affirmé Roger Tang, directeur général de Deltastream Energy, une société privée d’exploration pétrolière et gazière de Calgary. 

«Nous avons traversé une période pendant laquelle les prix du pétrole ont été relativement volatils ou très bas, donc le fait de voir ces prix revenir grâce aux données fondamentales de l’offre et de la demande est évidemment une bonne nouvelle.» 

M. Tang a expliqué que sa petite entreprise avait déjà agrandi son siège social et augmenté ses équipes sur le terrain, et qu’il prévoyait d’augmenter le forage en réponse à l’environnement de prix positif. Il a également dit s’attendre à ce que les prix continuent d’augmenter pour atteindre au moins 100 $ US. 

«La question est: si on peut y arriver, combien de temps pourrons-nous tenir à 100 $ US le baril ? Une fois qu’on y est, il y a un fort impact économique pour les clients utilisant du pétrole et du gaz naturel», a observé M. Tang. 

«Cela contribue à l’inflation, ce qui peut amener les producteurs de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et les autres à ouvrir les robinets plus tôt. S’ils le font, on ne verra pas le baril de pétrole à 100 $ de façon soutenue pendant longtemps.» 

 

Impact prononcé pour le forage et les services 

Adam Legge, du Business Council of Alberta, estime qu’il est très possible que le cours du pétrole franchisse le seuil psychologique de 100 $ US cet hiver. Mais pour l’Alberta, ce ne sera pas un retour aux beaux jours d’avant 2014, alors que l’économie de la province était inondée par les richesses pétrolières. 

«Ce sera un type d’environnement très différent, dans le sens où je ne crois pas que nous assisterons à un retour massif à l’embauche», a expliqué M. Legge. «Les entreprises sont devenues beaucoup plus disciplinées — elles savent qu’elles doivent être plus légères pour être concurrentielles.» 

M. Legge a estimé que le plus grand impact se ferait sentir du côté du forage et des services. 

«Les (entreprises) de forage sont plus occupées maintenant qu’elles ne l’ont été. En fait, elles en sont au point où elles ont maintenant du mal à trouver de la main-d’œuvre pour alimenter la croissance», a expliqué M. Legge. 

Mais il a ajouté que l’industrie dans son ensemble ne devrait pas se lancer dans des dépenses en immobilisations majeures ou de nouveaux projets. Au lieu de cela, elles utiliseront probablement leurs flux de trésorerie supplémentaires pour rembourser leur dette ou investir dans la technologie de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

«Cela ne changera pas tellement l’ambiance dans la rue. Par exemple, nous aurons toujours plus de postes vacants dans les bureaux du centre-ville de Calgary, malgré le baril de pétrole à 100 $ US», a affirmé M. Legge. «Nous n’allons pas retrouver le genre d’environnement où nous pouvions régler n’importe quel problème en y consacrant de l’argent.»