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Washington — Le président de la Banque mondiale, David Malpass, a annoncé mercredi qu’il quitterait son poste d’ici le 30 juin, avec un an d’avance, en pleine réforme de l’institution, pressée d’en faire plus sur la question climatique.
Le groupe «est fondamentalement solide, financièrement viable et bien placé pour accroître son impact sur le développement face aux crises mondiales urgentes», a-t-il déclaré dans un communiqué, y voyant «une opportunité pour une transition de direction en douceur».
Treizième président de la Banque mondiale, David Malpass, 66 ans, avait été nommé pour cinq ans en avril 2019, sur proposition de Donald Trump.
Les raisons de sa démission, prévue d’ici le 30 juin, soit près d’un an avant la fin de son mandat, n’ont pas été précisées. M. Malpass a, dans une note envoyée aux équipes de la Banque mondiale, et que l’AFP a pu consulter, évoqué «de nouveaux défis».
Climat
Il s’était récemment trouvé sous le feu des critiques, accusé par l’ancien vice-président américain, Al Gore, d’être climatosceptique et de n’avoir pas su renforcer le financement de projets climatiques dans les pays en développement.
Lors d’une table ronde organisée par le New York Times le lendemain, David Malpass avait refusé à trois reprises de dire s’il reconnaissait le rôle des énergies fossiles dans le réchauffement climatique.
«Je ne suis pas scientifique», avait-il fini par déclarer, pressé par le public.
Or, de nombreux pays membres de la Banque mondiale poussent pour que l’institution soit moteur en matière, notamment, de changement climatique.
Les organisations environnementales ont salué son départ.
«Sous David Malpass, la Banque mondiale a perdu un temps précieux dans la lutte contre le changement climatique. Non seulement il n’a pas réussi à arrêter les actions qui alimentent le chaos climatique et l’injustice, mais Malpass a fait pression pour des politiques favorables à Wall Street qui vont à l’encontre de l’intérêt public », a twitté Friends of the Earth.
Une réforme de l’institution, afin qu’elle réponde mieux aux besoins de financement des pays en développement, a été lancée en octobre sous l’impulsion de certains pays membres, notamment des États-Unis. La première phase de mise en œuvre devrait débuter en avril.
«Je remercie David Malpass pour ses services en tant que président de la Banque mondiale et pour son engagement à assurer une transition en douceur», a déclaré dans un communiqué la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen.
Seul candidat en 2019
Pour son successeur cependant, la ministre a appelé de ses vœux un «processus de nomination transparent, fondé sur le mérite et rapide».
En 2019, en effet, la candidature de David Malpass avait été proposée par Donald Trump, alors président, et dont il occupait un poste à responsabilités au sein de l’administration.
Il avait pourtant, deux ans plus tôt, qualifié publiquement les institutions internationales de dépensières, «pas très efficaces» et «souvent corrompues dans leurs pratiques de prêts».
Seul candidat pour succéder au Sud-Coréen Jim Yong Kim, qui avait également démissionné, David Malpass avait sans surprise été nommé.
«Les quatre dernières années ont été parmi les plus significatives de ma carrière», a-t-il souligné dans le courrier transmis à ses collaborateurs.
«Pendant (son) mandat, il s’est concentré sur la recherche de politiques plus fortes pour augmenter la croissance économique, réduire la pauvreté, améliorer le niveau de vie et réduire le fardeau de la dette publique», a salué la Banque mondiale dans son communiqué.
La recherche d’un successeur va désormais être lancée, et les États-Unis proposeront un candidat, a-t-elle encore souligné. Une règle tacite accorde la direction de la Banque mondiale à un Américain, et celle du Fonds monétaire international (FMI) à un Européen.
Créée en 1944, la Banque mondiale, qui soutient des projets de développement, compte aujourd’hui 189 États membres et plus de 10 000 collaborateurs dans le monde entier.