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Le numéro d’enregistrement sera exigé par Airbnb

La Presse Canadienne|Publié le 24 mars 2023

Le numéro d’enregistrement sera exigé par Airbnb

Airbnb est sous le feu des projecteurs depuis l’incendie d’un bâtiment patrimonial situé dans le Vieux-Montréal, dans lequel se trouvaient plusieurs appartements affichés sur la plateforme, même si ce type de location est illégal dans ce secteur. (Photo: La Presse Canadienne)

La plateforme de location de logements Airbnb va supprimer toutes les annonces qui ne fournissent pas de numéro d’enregistrement officiel de son site et va ajouter un champ qui exigera désormais ce permis pour toutes les annonces au Québec.

Sous les projecteurs depuis l’incendie d’un bâtiment patrimonial situé dans le Vieux-Montréal, dans lequel se trouvaient plusieurs appartements affichés sur la plateforme même si ce type de location est illégal dans ce secteur, Airbnb a confirmé sa décision dans une lettre transmise vendredi à la ministre du Tourisme, Caroline Proulx.

L’entreprise a indiqué dans sa missive qu’elle va supprimer, «dans l’ensemble de la province», les annonces existantes qui n’ont pas de numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) et qu’elle va exiger ce numéro d’enregistrement pour toutes les nouvelles annonces.

«Les hôtes qui ne remplissent pas ce champ verront leurs annonces supprimées. En outre, nous mettrons à la disposition du gouvernement du Québec notre portail des villes de manière à faciliter le suivi relatif à la conformité des hôtes», a promis Airbnb dans sa lettre signée par son représentant pour le Canada et le nord-est des États-Unis, Nathan Rotman.

«Nous comprenons que cette mesure pourrait avoir des répercussions sur des milliers d’hôtes québécois qui comptent sur ce revenu pour arrondir leurs fins de mois. Aussi, nous poursuivrons nos campagnes de sensibilisation auprès des hôtes afin de leur faire connaître les exigences de la CITQ en matière d’enregistrement.»

Les nouvelles règles entreront en vigueur «dans les prochains jours», selon ce qui est écrit dans la lettre.

Airbnb compte tout de même continuer à travailler avec le gouvernement du Québec pour améliorer le système d’enregistrement de la CITQ, «afin que les Québécois puissent continuer à toucher un revenu d’appoint».

Accueil positif

Jeudi, M. Rotman avait rencontré la ministre Proulx à Québec, en compagnie de la conseillère Camille Boulais-Pretty. Les deux représentants d’Airbnb avaient refusé de s’adresser aux médias à la suite de la rencontre.

Mme Proulx, quant à elle, s’était dite «plus que décidée» à serrer la vis à Airbnb.

«Je suis satisfaite de la décision d’Airbnb de se conformer à notre législation comme je l’ai exigé hier lors de notre rencontre», a souligné la ministre Proulx dans une déclaration écrite, vendredi.

«Je demande également aux autres plateformes à s’y conformer. Je reste toutefois ferme sur mon intention de resserrer la Loi sur l’hébergement touristique», a-t-elle martelé.

Selon la mairesse de Montréal, Valérie Plante, la décision d’Airbnb «s’imposait».

«Ce geste, ainsi que le resserrement des règles par le gouvernement du Québec, étaient nécessaires pour lutter contre les Airbnb illégaux et pour pallier la crise du logement», a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux, appelant d’autres plateformes à emboîter le pas pour exiger les numéros d’enregistrement.

Plus tôt cette semaine, Mme Plante avait affirmé que la multinationale américaine «s’en lave les mains», à la suite de l’incendie dans le Vieux-Montréal.

À Québec, les partis d’opposition se sont aussi montrés satisfaits à la suite de la décision d’Airbnb, mais ils ont estimé que celle-ci a trop tardé.

«C’est une grande victoire pour les locataires et les usagers des hébergements touristiques. Dommage que ça ait pris un incendie tragique dans un Airbnb clandestin pour agir, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire», a souligné le député solidaire Andrés Fontecilla, qui est responsable du dossier du logement pour son parti.

«Maintenant, il faut empêcher les évictions de locataires pour faire de la place à des Airbnb», selon lui.

Sur Twitter, la porte-parole libérale en matière d’habitation, Virginie Dufour, a salué le travail de la ministre Proulx dans ce dossier, ajoutant qu’elle peut «compter sur (son) appui pour la suite».

Modifications à venir

Le gouvernement du Québec avait fait savoir, plus tôt cette semaine, qu’il avait l’intention de réviser la Loi sur l’hébergement touristique d’ici le 9 juin pour obliger les annonceurs à afficher leur numéro de certification touristique.

Au Québec, cette loi stipule qu’il est obligatoire de détenir un numéro d’enregistrement lorsqu’on veut offrir de l’hébergement à des touristes.

Toutefois, certaines municipalités ciblent des endroits où il est complètement interdit de louer de tels logements — c’est le cas notamment au Vieux-Montréal —, ce qui n’empêchait pas des propriétaires d’afficher leurs offres sur des sites comme Airbnb.

Certaines des personnes qui se trouvaient dans l’immeuble qui a été ravagé par les flammes, le 16 mars dernier à la Place D’Youville, avaient d’ailleurs loué un logement sur Airbnb.

Les corps de quatre victimes ont été extirpés des décombres depuis l’incendie, tandis que trois autres personnes sont toujours portées disparues.

 

– Avec des informations de Caroline Plante