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Le navire bloquant le canal de Suez en partie délogé

AFP|Publié le 29 mars 2021

Le navire bloquant le canal de Suez en partie délogé

Le navire Ever Given obstrue le canal de Suez depuis mardi dernier.

Le porte-conteneurs Ever Given, qui obstrue le canal de Suez et affecte le trafic maritime mondial depuis près d’une semaine, a été remis lundi à 80% dans la «bonne direction», mais le plus dur reste à faire, selon la société néerlandaise mandatée pour le sauvetage.

Les nouvelles de la matinée augurent d’une sortie de crise proche, après un incident qui a occasionné depuis mardi des milliards de dollars de pertes.

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, n’a pas attendu la fin du renflouement pour se féliciter en fin de matinée d’une opération «réussie», alors que le célèbre canal est une importante source de revenus pour son pays.

«Aujourd’hui, les Égyptiens ont réussi à mettre fin à la crise du navire échoué dans le canal de Suez, malgré l’énorme complexité technique entourant ce processus», a tweeté M. Sissi.

Toutefois, le directeur exécutif de Royal Boskalis, maison mère de la société néerlandaise mandatée pour aider à dégager le porte-conteneurs, a prévenu lundi que le plus dur restait à faire.

«La bonne nouvelle est que la poupe est dégagée», a déclaré Peter Berdowski à la radio publique néerlandaise, précisant que le «défi» restait la partie avant. «Il ne faut pas crier victoire trop tôt», a-t-il relevé.

Une journaliste de l’AFP a constaté que le navire demeurait immobile à la mi-journée.

Manoeuvres 

Selon la revue spécialisée britannique Lloyd’s List, le blocage du canal a créé un embouteillage de 425 navires qui attendaient lundi matin de pouvoir franchir ce goulot d’étranglement du commerce maritime mondial reliant la mer Rouge à la Méditerranée.

Il faudra «trois jours et demi environ» pour tout résorber, a prévenu Ossama Rabie, président de l’Autorité du canal (SCA), sur la chaîne locale de télévision Sadaa al-Balad.

Il a ajouté que la voie d’eau allait fonctionner «24 heures sur 24, immédiatement après le renflouement du navire», mais il n’a en revanche pas précisé quand le porte-conteneurs pourrait être complètement dégagé.

Ce responsable avait annoncé plus tôt que le positionnement du navire avait «été rétabli à 80% dans la bonne direction». La poupe s’est «éloignée de 102 mètres de la rive alors qu’elle était à quatre mètres seulement» auparavant, selon lui.

Les manœuvres de renflouement devaient reprendre vers 11 h 30 locales (5 h 30 au Québec) à la faveur d’une marée élevée, selon la SCA. Mais selon des images diffusées par la télévision locale vers 7 h (heure du Québec), le navire restait statique entouré de remorqueurs aux moteurs allumés.

Une image obtenue par l’AFP lundi matin montre la poupe de l’Ever Given éloignée de la rive ouest du canal, ainsi que plusieurs remorqueurs manœuvrant autour du géant des mers — 400 mètres de longueur et plus de 200 000 tonnes — qui s’était mis en travers de la voie d’eau large d’environ 300 mètres.

Les conditions météo extrêmes — vents violents et tempêtes de sable — ont tout d’abord été blâmées, avant que le chef de la SCA n’évoque la possibilité d’«erreurs, humaine ou technique», sans autre indication.

Un porte-parole de Shoei Kisen, entreprise japonaise propriétaire du navire, avait fait savoir tôt lundi que le navire géant avait «tourné», mais ne «flottait pas» encore.

Il reste «bloqué à un angle de 30 degrés» par rapport au bord du canal, mais il a désormais davantage d’amplitude de mouvement, avait-il précisé.

Selon un responsable du canal s’exprimant lundi auprès de l’AFP sous couvert d’anonymat, les équipes «ont procédé à des vérifications techniques et ils se sont assurés que le moteur du navire fonctionnait».

 

Plus de 400 navires bloqués 

Une dizaine de «remorqueurs géants» sont à l’œuvre. Ils ont reçu le renfort ces dernières heures des remorqueurs néerlandais Alp Guard et italien Carlo Magno, selon des sites de visualisation maritime.

Un porte-parole de la SCA a précisé dimanche matin que quelque 27 000 m3 de sable avaient été dégagés, à 18 mètres de profondeur, malgré la nature «rocheuse» du sol. 

Selon Ihab Talaat el-Bannane, ancien amiral égyptien, «l’accident s’est produit dans la partie du canal où le sol est rocheux et qui avait d’ailleurs été le plus difficile à creuser».

Le canal de Suez, long de quelque 190 km, voit passer environ 10% du commerce maritime international et chaque journée d’indisponibilité entraîne d’importants coûts.

L’assureur Allianz a estimé vendredi que chaque jour d’immobilisation pourrait coûter entre six et 10 milliards de dollars.

La valeur totale des biens bloqués ou devant emprunter une autre route diffère selon les estimations, oscillant entre trois et 9,6 milliards de dollars.

Les cours du pétrole ont bondi après l’annonce du blocage, mais ils étaient en petite baisse lundi, pénalisés par les avancées dans le dégagement du canal.

Il s’agit d’«une nouvelle positive pour la majorité des actifs financiers, mais pas pour le pétrole», a expliqué Carlo Alberto de Casa, analyste d’ActivTrades.

Selon les autorités du canal, l’Égypte perd entre 12 et 14 millions de dollars par jour de fermeture. Près de 19 000 navires ont emprunté le canal en 2020, selon la SCA.