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Francfort — Le langage truffé de jargon émanant des gardiens de l’euro entrave leur influence auprès du grand public en vue de faire baisser les prix, selon une note de blogue publiée jeudi par la Banque centrale européenne (BCE).
L’emploi d’un vocabulaire complexe par les banquiers centraux «peut compliquer la tâche de la BCE pour maintenir la stabilité des prix», fixée à 2% d’inflation, selon les auteurs du blogue, Simon Mee, un économiste de l’institut monétaire et Gabriel Gloeckler.
«Cela limite la mesure dans laquelle la BCE peut influencer les anticipations d’inflation de groupes non experts comme les entreprises et ménages», ajoutent-ils.
Alors que le taux d’inflation culmine à 10% en zone euro, la BCE serre la vis monétaire de manière abrupte pour tenter de ramener l’agrégat dans les clous de son mandat.
Influer sur les anticipations des consommateurs et autres agents concernés par les hausses de prix est ici essentiel pour ne pas laisser l’inflation s’ancrer dans les têtes.
Un pari pas encore gagné : les consommateurs en zone euro anticipent de façon médiane une inflation de 5% pour les 12 mois à venir, soit davantage que projeté par la banque centrale, selon une récente enquête mensuelle sur leurs attentes réalisée par la BCE.
A son arrivée il y a bientôt trois ans à la présidence de la BCE, Christine Lagarde s’est donnée pour mission de «dépoussiérer le langage» des banquiers centraux pour permettre aux gens qui ne sont pas forcément des experts en politique monétaire «de comprendre à quoi sert la BCE».
Malgré des efforts effectués depuis par la BCE pour mieux expliquer son action — via la présence sur les réseaux sociaux ou les déclarations sur les décisions de politique monétaire rendues plus accessibles — il y a encore «un long chemin à parcourir» pour gagner la compréhension d’une large audience, selon le blogue.
Mais il y a aussi des «limites à la clarté avec laquelle une banque centrale peut parler», reconnaissant les auteurs.
Parfois une formulation plus détaillée «est nécessaire pour refléter la nuance ou marquer la précision», selon Gabriel Gloeckler et Simon Mee.
Tandis qu’un «message trop simple pourrait donner aux gens une fausse impression de certitude quant au pouvoir de la BCE sur les événements futurs».