Le gouvernement fédéral émet ses premières obligations vertes
La Presse Canadienne|Publié le 23 mars 2022Les fonds pourraient être utilisés pour de nouveaux projets ou pour ceux recevant une aide fédérale au cours des deux exercices précédant l’émission. (Photo: La Presse Canadienne)
Le gouvernement fédéral a annoncé les résultats de sa toute première émission d’obligations vertes qui serviront à financer la transition énergétique et la lutte au changement climatique.
Ottawa dit avoir «émis avec succès ses premières obligations vertes à 7,5 ans, d’une valeur de 5 milliards de dollars», un engagement qui avait été annoncé lors de la présentation du budget en 2021.
Lors d’une conférence de presse mercredi après-midi, le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a souligné que « les obligations vertes du Canada sont une étape importante de notre plan visant à faire croître le marché de la finance durable au pays » et que « pour atteindre une économie plus propre et carboneutre, il est essentiel d’accroître les investissements du secteur privé grâce à un marché de la finance durable au Canada ».
Le ministre associé des Finances, Randy Boissonnault, a indiqué que l’émission inaugurale d’obligations vertes du Canada avait suscité une forte demande de la part d’investisseurs responsables sur les plans environnemental et social, qui représentent la majorité des acheteurs (72 %), et d’investisseurs internationaux, qui comptent pour plus de 45% de la base d’investisseurs.
Les fonds pourraient être utilisés pour de nouveaux projets ou pour ceux recevant une aide fédérale au cours des deux exercices précédant l’émission.
Financer des projets écologiques
Parmi les projets ou les programmes pouvant bénéficier des fonds d’obligations vertes, des lignes directrices publiées par le ministère des Finances énumèrent de nouvelles bornes de recharge pour les véhicules électriques, l’engagement fédéral de planter deux milliards d’arbres, des infrastructures d’énergie renouvelable, ou encore des crédits d’impôt pour la rénovation résidentielle.
Le responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, Patrick Bonin, a qualifié l’annonce du gouvernement de « bonne nouvelle », mais il assure que son organisation gardera un œil sur les projets qui seront financés par les obligations vertes.
« Il faudra être vigilant et on s’attend à ce que le gouvernement applique une rigueur sans faille pour que ces obligations-là soient véritablement vertes, et ne soit pas un véhicule pour financer de mauvais projets », a-t-il dit.
Pour illustrer ce que seraient de mauvais projets, le porte-parole de Greenpeace donne l’exemple d’une entreprise qui verrait ses émissions de gaz à effet de serre être compensées en faisant des plantations de monoculture d’arbres, ou alors le financement d’un projet d’hydrogène fait à partir de gaz naturel.
Mais Patrick Bonin reconnaît que le gouvernement a « un cadre solide » et qu’il « a quand même fait un travail pour avoir des filtres et s’assurer que les projets seront vraiment des projets verts ».
Un cadre crédible, selon une firme indépendante
Un examen des lignes directrices d’Ottawa, mené par la firme Sustainalytics, est d’avis que le Cadre de référence pour obligations vertes du gouvernement du Canada est crédible, mais l’entreprise a aussi noté que certains projets admissibles pourraient avoir des « résultats environnementaux et sociaux négatifs » que le gouvernement devrait gérer et atténuer, y compris toute violation des droits des Autochtones ou des écosystèmes locaux par des projets hydroélectriques.
Dans un communiqué, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a indiqué que la « forte demande suscitée par cette première émission d’obligations vertes, la première de nombreuses émissions à venir, est un signe de l’avenir du Canada comme chef de file dans le domaine de la finance durable ».
À l’échelle mondiale, le marché des obligations vertes s’est développé dans le cadre des pourparlers sur le financement de la transition écologique. Selon un récent rapport de la Banque Royale, environ 2000 milliards de dollars pourraient être nécessaires au niveau national pour ramener l’économie à zéro émission nette d’ici 30 ans.