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Le chômage grimpe en mars aux É-U, mais le pire est à venir

AFP|Publié le 03 avril 2020

Les niveaux records enregistrés en mars ne sont sans doute qu'un prélude à ce qui attend le pays à partir d'avril.

Les États-Unis voient le chômage monter à mesure que le nouveau coronavirus et les mesures de confinement s’étendent sur le territoire, et les niveaux records enregistrés en mars ne sont sans doute qu’un prélude à ce qui attend le pays à partir d’avril.

L’économie américaine a ainsi commencé à perdre plus d’emplois qu’elle n’en a créé en mars, ce qui n’était pas arrivé depuis près de dix ans.

Ce sont ainsi 701 000 emplois qui ont été détruits sur le mois, beaucoup plus que les 150 000 attendus par les analystes.

En première ligne, les secteurs de l’hébergement et du loisir, et notamment les bars et services de restauration, d’où proviennent la grande majorité de ces destructions d’emplois, détaille le département du Travail dans un communiqué publié vendredi.

Comme beaucoup d’autres barmans, Jessie Klenke, qui travaillait dans un bar à Las Vegas, est sans emploi depuis le 18 mars, lorsque l’établissement qui l’employait a dû fermer ses portes.

Depuis, elle compte sur ses allocations chômage et l’aide de ses parents pour payer les factures et espère obtenir plus d’aide du gouvernement américain. «J’ai des amis qui nous parlent de bons d’alimentation, alors je vais y penser», confie-t-elle à l’AFPTV. «Tout est utile à ce stade.»

 

Taux de chômage à 4,4%

Conséquence de ces destructions d’emplois, le taux de chômage a grimpé au mois de mars à 4,4%, sa plus forte hausse sur un mois depuis janvier 1975. Le pays comptait 7,1 millions de personnes sans emploi le mois dernier.

Il y a encore un mois, le président Donald Trump se vantait – à juste titre – de la situation florissante de l’emploi. Le taux de chômage était historiquement bas en février, tombé à 3,5%, son plus faible niveau en 50 ans et il était assorti d’un taux de croissance de plus de 2%.

La solidité de l’économie américaine était même l’un des principaux arguments de campagne du président pour sa réélection en novembre.

Mais depuis, la pandémie de nouveau coronavirus, qui a touché les États-Unis par la côte ouest, a gagné l’ensemble du pays. Les autorités ont progressivement imposé des mesures de confinement, État par État, à partir de la deuxième quinzaine de mars.

Néanmoins, les chiffres du mois de mars ne reflètent pas encore la situation réelle de l’emploi, alerte le département du Travail: «les périodes de référence (…) sont antérieures à la plupart des fermetures d’entreprises et d’écoles liées au coronavirus dans la seconde moitié du mois».

Les près de 10 millions de nouveaux demandeurs d’allocations chômage enregistrés sur les deux dernières semaines du mois, du jamais vu, ne sont ainsi pas comptabilisés.

 

Partie émergée de l’iceberg

Et les économistes sont très pessimistes sur les semaines à venir.

«C’est terrible mais ça n’est malheureusement rien à côté de ce qui arrive en avril», a commenté Ian Shepherdson, chef économiste de Pantheon Macroeconomics.

«Les chiffres de mars ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Les conditions du marché du travail se sont déjà considérablement affaiblies et devraient se détériorer davantage (…), car les licenciements liés au virus continuent d’augmenter», alerte Rubeela Farooqi, chef économiste de High Frequency Economics (HFE).

Lueur d’espoir néanmoins, les entreprises de moins de 500 employés ou moins peuvent désormais emprunter de l’argent et voir leur dette effacée s’ils ne licencient pas, l’une des mesures phares du gigantesque plan d’aide de 2 200 milliards adopté la semaine dernière par le Congrès.

«Vous aurez l’argent et vous l’aurez le même jour», a promis jeudi soir le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, invité du point de presse quotidien du président, consacré à l’épidémie de COVID-19.

Le virus avait fait vendredi matin 6 058 morts aux États-Unis, et contaminé 245 601 personnes, selon le comptage de l’Université américaine Johns Hopkins, qui fait référence.