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Le Canada a besoin d’un système de détection de la COVID robuste

La Presse Canadienne|Publié le 21 avril 2022

Le Canada a besoin d’un système de détection de la COVID robuste

Les données sur les eaux usées sont une source d’informations très importante qui peut être partagée publiquement sans compromettre les données médicales privées de quiconque. (Photo: La Presse Canadienne)

Des experts disent que le Canada doit développer un système robuste pour détecter l’activité de la COVID-19 en l’absence de dépistage par test PCR à grande échelle.

Depuis l’arrivée du variant Omicron, les provinces et les territoires ont réduit l’accès aux tests PCR, invoquant le manque de capacité à répondre à la demande et la nécessité de libérer des ressources en soins de santé.

De nombreuses personnes se sont depuis appuyées sur les résultats des tests antigéniques rapides, mais ceux-ci ne sont pas aussi fiables pour détecter le variant Omicron et ne sont pas suivis et rapportés de la façon dont les résultats des tests PCR le sont. Les experts disent qu’il doit exister un meilleur moyen d’informer les gens sur l’activité de la COVID-19 dans leur communauté.

Caroline Colijn, mathématicienne et épidémiologiste à l’Université Simon Fraser, a déclaré qu’il y avait actuellement «trop d’infections» au Canada pour étendre l’accès aux tests PCR à tout le monde afin de connaître le nombre réel d’infections.

Elle a indiqué que des programmes plus robustes pourraient aussi être utilisés pour détecter d’autres types d’infections respiratoires.

«Et je soupçonne que ceux-ci sont en cours de développement, mais tant qu’ils ne seront pas développés, déployés et que les résultats ne seront pas rendus publics, les gens auront du mal à déterminer quels sont leurs risques dans leur groupe social, dans leur communauté et sur leur lieu de travail», a-t-elle noté.

«Ils auront donc difficilement accès aux informations nécessaires pour éclairer leurs propres choix, les politiques de leur lieu de travail ou les politiques communautaires.»

Mme Colijn a souligné que les données sur les eaux usées sont une source d’informations très importante qui peut être partagée publiquement sans compromettre les données médicales privées de quiconque et peut aider les communautés à comprendre la prévalence de la COVID-19. Mais comme les tests PCR et rapides, cette méthode a ses limites, selon elle.

Elle a noté qu’il existe de nombreux facteurs qui pourraient modifier les signaux des eaux usées, tels que les précipitations, la température et différents variants laissant différentes quantités de séquençage dans l’eau, entraînant des estimations de cas de COVID-19 moins précises.

Mme Colijn s’attend à voir un système intégré qui incorporerait des données sur les eaux usées, ainsi que des résultats de PCR et de tests rapides, d’une manière conçue pour brosser un tableau plus précis de la quantité de COVID-19 dans une population et informer les gens du risque de contracter le virus.

«Nous devons donc réfléchir à la façon d’obtenir des échantillons représentatifs et à comprendre combien il y a d’infections», a-t-elle déclaré.

Le Dr Dan Gregson, médecin spécialiste en maladies infectieuses et microbiologiste médical à l’Université de Calgary, a déclaré qu’il serait raisonnable d’étendre l’accès aux tests PCR à certains milieux comme les écoles et les foyers de soins de longue durée en cas d’éclosion afin qu’ils puissent prendre la décision de fermer ou non ces établissements pour empêcher toute nouvelle transmission.

Il a toutefois souligné que la personne moyenne pouvait s’appuyer sur les données sur les eaux usées pour évaluer le risque de contracter la COVID-19 dans sa communauté, car c’est plus efficace en matière de coûts et que ça «nous donne des informations similaires» aux résultats des tests PCR.

Le Dr Peter Juni, directeur scientifique de la Table de consultation scientifique sur la COVID-19 de l’Ontario, a déclaré qu’il ne serait probablement pas possible d’étendre à nouveau l’accès aux tests PCR à toutes les personnes symptomatiques de manière durable, en raison du coût élevé des tests.

Le Dr Juni a noté que lorsque les tests PCR étaient disponibles pour tous les résidents de l’Ontario, entre 30 et 45% des infections seulement étaient détectées parce que toutes les personnes atteintes du virus n’étaient pas testées. Certains pouvaient être asymptomatiques, tandis que d’autres n’avaient peut-être pas le temps de se faire tester, et d’autres encore n’étaient peut-être pas testés assez tôt.

Quant aux tests antigéniques rapides disponibles au Canada, il a déclaré qu’ils ont montré des «performances de dépistage inférieures» pour détecter le variant Omicron.

Ce qu’il faut, c’est un système de détection de la COVID-19 qui peut utiliser un échantillon aléatoire dans une population «pour essayer de comprendre ce qui se passe réellement et ce qui peut être intensifié si nécessaire», a déclaré le Dr Juni.

 

Cet article a été produit par Noushin Ziafati avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.