Le burn-out: un mal des temps modernes bientôt reconnu?

Publié le 26/05/2015 à 11:45

Le burn-out: un mal des temps modernes bientôt reconnu?

Publié le 26/05/2015 à 11:45

Par AFP

Le burn-out, ou syndrome d'épuisement professionnel, est un mal des temps modernes difficile à mesurer, dont la reconnaissance en maladie professionnelle va être débattu en France à l'Assemblée nationale. Comment est défini le phénomène? Quelles conséquences pourrait avoir une telle reconnaissance?

Le député socialiste français Benoît Hamon a déposé des amendements en ce sens au projet de loi sur le dialogue social, examiné à partir de mardi. Le gouvernement a lui aussi déposé un amendement pour faciliter la reconnaissance des «pathologies psychiques», mais pas par le biais de «l’inscription dans le tableau des maladies professionnelles».

Qu'est-ce que le burn-out?

Pour l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) c'est «un ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique».

Le burn-out repose sur trois critères, explique à l'AFP Philippe Zawieja, auteur d'un «Que sais-je?» sur le sujet: «épuisement émotionnel et psychique, baisse, voire perte totale de sentiment d'accomplissement personnel et déshumanisation de la relation humaine». Sans ces trois éléments, «on ne peut pas parler de burn-out», dit-il.

Le ministère du Travail avait missionné début 2014 un groupe de travail composé d'experts, de médecins et de psychologues sur le sujet. Il en est finalement sorti un «guide d'aide à la prévention», consulté mardi par l'AFP, qui donne des pistes aux employeurs pour prévenir et faire face au burn-out, mais ne se prononce pas sur la question de la reconnaissance.

Combien de salariés sont touchés?

Selon une étude du cabinet Technologia, spécialisé dans la prévention des risques professionnels, plus de 3 millions d'actifs (12,6%) ont un risque élevé de burn-out.

Pour M. Zawieja, cette estimation est «un peu surestimée» et plutôt de l'ordre de 8% de la population active.

Reste qu'il y a «une très forte croissance du phénomène», estime Jean-Claude Delgènes, directeur de Technologia. «Il faut agir, parce que sinon, on va continuer à mettre sur le flanc toute une partie de la population», dit-il à l'AFP.

Le risque de burn-out en fonction des professions (cabinet Technologia)

Le burn-out peut déjà être reconnu comme maladie professionnelle, mais uniquement si le salarié a une incapacité permanente de plus de 25% et si un lien «direct et essentiel» avec le travail a été mis en évidence.

Selon M. Delgènes, avec ces restrictions, il y a eu seulement «200 et quelque cas reconnus l'an dernier».

Il plaide donc pour que le burn-out soit inscrit au tableau des maladies professionnelles, relevant que «le Danemark a mis en place un tableau qui fonctionne très bien sur le stress post-traumatique».

Mais, même sans tableau, dit-il, «il n'est pas normal de demander 25% d'incapacité permanente pour simplement instruire un dossier». «C'est énorme, dit-il, notant que "si on vous arrache la main, vous avez 20% d'incapacité».

Pour M. Delgènes, «tout plaide pour qu'on abaisse les seuils à zéro comme en Suède», ce qui ne veut pas dire que toutes les demandes seront reconnues.

Que changerait une reconnaissance en maladie professionnelle?

M. Zawieja explique que cela changerait «la source de financement», car en passant du régime général au «régime accident de travail/maladie professionnelle, vous êtes financés à 100% par le patronat».

M. Hamon souligne que ce serait «obliger les entreprises à payer pour les dégâts qu’elles engendrent sur la santé des salariés», assurant que «le coût sera dissuasif».

Mais, note M. Zawieja, la mesure risque de ne pas s'appliquer aux employeurs publics, «gros pourvoyeurs de burn-out», notamment chez les enseignants, les agents hospitaliers ou les policiers, ou coûterait très cher à l'Etat.

Il rappelle que «deux initiatives parlementaires se sont soldées par des échecs ces deux dernières années».

Pour Sylvain Niel, juriste chez Fidal, cela pose aussi «question sur le plan juridique», notamment sur «la définition légale» du burn-out. Il faudra «vraiment que le Parlement soit très attentif à la rédaction. Ca ne va pas être une épreuve facile», prévient-il.

Quelle est la position du gouvernement?

Au ministère du Travail, on souligne que «la démarche centrale c'est la prévention».

L'amendement du gouvernement stipule que «les pathologies psychiques peuvent être reconnues comme maladies d’origine professionnelle», mais il rejette l'inscription au tableau des maladies professionnelles, «pas adaptée».

Il prévoit que les modalités de traitement des dossiers soient fixées par voie réglementaire, ouvrant ainsi la voie à un abaissement du seuil d'incapacité.

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