Le bio : un marché de niche devenu un marché de masse spécialisé


Édition du 06 Mai 2017

Le bio : un marché de niche devenu un marché de masse spécialisé


Édition du 06 Mai 2017

Par Claudine Hébert

La ferme ­Taillon et fils, située à Saint-Prime, dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, est l’une des 110 fermes du ­Québec qui contribuent à la production de lait bio. La production de ce type de lait au ­Québec représente 40 % de l’ensemble du lai

Longtemps considéré comme un marché de niche, le bio est sur le point de devenir un marché de masse spécialisé. Le nombre de consommateurs québécois avides de produits bios augmente d'au moins 10 % par année. Et les volumes de production et de transformation au Québec connaissent une progression sans précédent depuis deux ans.

«En 2016, plus de 450 entreprises ont effectué une demande de précertification auprès de la Filière biologique du Québec. C'est plus du double de requêtes que l'on reçoit annuellement. Et si on se fie au nombre de demandes reçues depuis le début de l'année, à un rythme d'au moins 10 appels téléphoniques par semaine, plus de 500 entreprises vont s'ajouter à la liste des producteurs et transformateurs bios au Québec», indique Alain Rioux, coordonnateur de la campagne de valorisation du bio au Québec, «Le bio d'ici: ça vaut le coût».

Actuellement, le Québec compte plus de 1 500 entreprises de production et de transformation biologiques qui offrent plus de 7 500 produits différents. Elles étaient moins de 325 en 2003. Depuis 2010, environ 600 nouveaux produits bios québécois font chaque année leur entrée sur le marché. «Et grâce aux joueurs qui se joignent à la filière, 2017 devrait se solder par 800 nouveaux produits annuels, peut-être même 1 000», soulève M. Rioux, emballé par la popularité que prend le bio.

Les produits bios représentent encore moins de 5 % des ventes sur les tablettes des marchés d'alimentation dans le monde. Selon la Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique (IFOAM), les revenus générés par la consommation de ces produits a atteint 86 milliards de dollars (G$) sur la planète en 2015. Les Canadiens sont responsables d'au moins 4 G$ en ce qui a trait à la consommation de ce type de produits. «Nous n'avons pas encore de statistiques officielles pour le Québec. Nous y travaillons, toutefois. En attendant, selon nos estimations, très conservatrices, la consommation québécoise de produits bios représenterait au moins 500 millions de dollars (M$)», soutient M. Rioux.

Selon la firme de recherche Segma, qui a réalisé un sondage pour la Filière biologique du Québec, le marché des aliments bios a recruté 11 % de nouveaux consommateurs dans la province en 2016. Parmi les principaux produits bios recherchés par les gens, on note les fruits et légumes, les produits laitiers, les viandes, les produits de l'érable et les grains.

Le prix demeure le principal frein à l'achat d'aliments biologiques. Quant à la santé, elle figure comme le principal facteur poussant à l'acquisition de tels produits, suivie de près par le goût, qui est passé de 62 % en 2013 à 74 % en 2017 dans les qualités recherchées par les consommateurs.

Et il n'y a pas que les consommateurs qui augmentent. Le nombre d'adresses bios progresse lui aussi. Depuis quatre ans, les boutiques consacrées aux aliments bios (Rachelle-Béry, Avril) sont passées d'une poignée à plus d'une vingtaine. Et elles ont pris du volume, certaines dépassant 20 000 pi2 de superficie, signale Alain Rioux.

Même les grandes chaînes embarquent. «Des joueurs comme Metro et Costco veulent de plus en plus de bio parce que ce type de label facilite la traçabilité des aliments», soutient le journaliste Martin Ménard, de La Terre de chez nous. M. Ménard suit l'évolution du marché des aliments biologiques au Québec depuis bientôt dix ans.

Les producteurs ont, eux aussi, grandement amélioré leurs techniques, dit-il. On voit des entreprises d'ici, comme Viandes duBreton, à Rivière-du-Loup, se positionner pour devenir le producteur numéro un du porc bio en Amérique du Nord, poursuit cet observateur. Le géant mondial Bonduelle mise d'ailleurs sur le Québec afin d'acquérir plus 4,5 millions de kg de légumes pour ses besoins de produits de transformation biologiques, ajoute le journaliste expert en agriculture.

De l'avis du porte-parole de la filière biologique, Alain Rioux, le Québec a une occasion à saisir. «Nos transformateurs, dit-il, constituent déjà 40 % de la force de transformation bio au Canada. Le Québec occupe le premier rang mondial en production de bleuets, de sirop d'érable et de canneberges biologiques. Plus de 40 % du lait bio canadien provient également du Québec. On est peut-être encore en plein rattrapage sur la scène mondiale, mais le Québec se dote actuellement d'une solide personnalité bio. Vivement la mise en place d'une politique bioalimentaire québécoise, tant attendue par l'industrie, qui va contribuer à positionner le Québec comme une force bio au pays et ailleurs dans le monde.»

À ce propos, ce serait déjà commencé. On chuchote dans les coulisses que des délégations chinoises viennent régulièrement visiter des producteurs et des transformateurs bios québécois pour s'inspirer de leurs meilleures pratiques.

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