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De la guerre Israël/Hamas aux séismes ayant frappé le Maroc et la Turquie, en passant par la contre-offensive ukrainienne ou la grève à Hollywood, voici dix événements marquants de l’année 2023 dans le monde.
Guerre Israël/Hamas
Le 7 octobre, des commandos du mouvement islamiste Hamas infiltrent le sud d’Israël depuis la bande de Gaza et se livrent à des massacres dans des localités frontalières et un festival de musique. Environ 1 200 personnes en majorité des civils — hommes, femmes, enfants — sont tuées du côté israélien, selon les derniers chiffres officiels. Une enquête sur des viols et mutilations de femmes sera plus tard ouverte.
L’attaque, d’une ampleur et d’une violence inédites depuis la création d’Israël en 1948, suscite l’effroi dans le pays et au-delà. Quelque 240 personnes, dont des dizaines d’enfants et des octogénaires, sont prises en otages.
Déterminée à «anéantir» le Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’UE et Israël, l’armée israélienne riposte par des bombardements massifs sur Gaza et exhorte les civils à fuir vers le sud. Le 27 octobre, elle lance des opérations terrestres dans le nord du territoire, dont elle prend progressivement le contrôle.
L’intensité des frappes et l’étendue des destructions provoquent critiques et inquiétudes internationales sur le sort de la population civile palestinienne, privée d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël.
En sept semaines de conflit, ces bombardements sur la bande de Gaza ont fait près de 15 000 morts, dont 6 150 de moins de 18 ans, selon le gouvernement du Hamas. Plus des deux tiers de ses 2,4 millions d’habitants ont été déplacés selon l’ONU.
L’aide humanitaire s’accroît avec l’entrée en vigueur le 24 novembre d’une trêve de quatre jours, prolongée de 48 heures selon le Hamas et le Qatar, mais reste très insuffisante pour les agences de l’ONU. Cinquante otages ont été libérés, conformément à l’accord de trêve, en échange de la libération prévue de 150 Palestiniens détenus en Israël.
La contre-offensive ardue de l’Ukraine
En janvier, l’armée russe, renforcée par 300 000 réservistes et épaulée par les paramilitaires du groupe Wagner, repasse à l’attaque, en particulier dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine. En mai, Moscou revendique la prise de Bakhmout, au terme de la bataille la plus longue et la plus sanglante depuis le début de l’invasion russe, le 24 février 2022.
La contre-offensive de Kiev, tant attendue par ses alliés occidentaux, est lancée début juin pour tenter de reconquérir les territoires occupés par Moscou. Mais elle bute sur de solides défenses russes. En dépit des milliards d’aide militaire occidentale, l’armée ukrainienne ne parvient à reprendre qu’une poignée de villages dans le sud et l’est.
Le 24 juin, des combattants du groupe Wagner, entrés en rébellion, marchent vers Moscou. Le président Vladimir Poutine dénonce la «trahison» de leur chef, Evguéni Prigojine, qui ordonne finalement à ses hommes de «rentrer» dans leurs camps. La mort, deux mois plus tard, du patron de Wagner dans un écrasement d’avion suscite des interrogations, les Occidentaux et l’Ukraine soupçonnant une implication du Kremlin.
Après des mois de contre-offensive infructueuse, Kiev affirme mi-novembre avoir repoussé l’armée russe de plusieurs kilomètres sur la rive gauche du fleuve Dniepr, dans la région méridionale de Kherson.
Le 21 novembre, des dirigeants européens se rendent à Kiev pour renouveler leur soutien à l’Ukraine, qui redoute un moindre engagement de ses alliés alors que l’attention internationale se focalise sur la guerre entre Israël et le Hamas.
Séismes meurtriers
Dans la nuit du 5 au 6 février, l’un des séismes les plus meurtriers en 100 ans dévaste le sud-est de la Turquie et une partie de la Syrie. La secousse de magnitude 7,8, suivie d’une autre neuf heures plus tard, fait au moins 56 000 morts, dont près de 6 000 côtés syrien.
Des images marquantes font le tour du monde: un père serrant la main de sa fille de 15 ans, ensevelie sous les décombres en Turquie ; ou celle d’un nouveau-né miraculé en Syrie, encore relié à sa mère morte par le cordon ombilical.
Autre séisme meurtrier, au Maroc. Il est 23h11 ce vendredi 8 septembre quand un violent tremblement de terre secoue la région de Marrakech dans le centre du royaume chérifien.
D’une magnitude de 6,8 à 7, le plus puissant à n’avoir jamais été mesuré dans ce pays, ce séisme laisse derrière lui près de 3 000 morts et plus de 5 600 blessés.
La secousse a endommagé quelque 60 000 habitations dans près de 3 000 villages du Haut Atlas et de ses environs, parfois très difficiles d’accès.
Montée de l’instabilité en Afrique
L’Afrique a connu deux coups d’État en 2023: au Niger, pays du Sahel en proie aux violences jihadistes, des militaires ont pris le pouvoir le 26 juillet en invoquant la «dégradation de la situation sécuritaire». Le président renversé, Mohamed Bazoum, est depuis séquestré dans sa résidence.
Au Gabon, un putsch militaire a renversé le 30 août Ali Bongo Ondimba, juste après une élection présidentielle largement critiquée pour ses irrégularités et le donnant élu pour un troisième mandat. Ali Bongo, dont la famille dirigeait depuis plus de 55 ans ce pays d’Afrique centrale, est toujours à Libreville, mais libre de ses mouvements.
Depuis le 15 avril, une guerre au Soudan entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les forces paramilitaires de son ancien second Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 10 000 morts, selon une estimation de l’ONG Acled, considérée comme largement sous-estimée.
Après le Mali et la Centrafrique en 2022, la France a dû retirer ses troupes de deux autres anciennes colonies, Burkina Faso en février et Niger à partir d’octobre, sous la pression des pouvoirs en place et de l’hostilité des opinions publiques.
L’intelligence artificielle secoue Hollywood
À partir de mai, les scénaristes américains, rejoints mi-juillet par les acteurs, se mettent en grève pour demander une meilleure rémunération et un encadrement de l’intelligence artificielle (IA).
Ce mouvement inédit depuis 1960 à Hollywood s’achève en septembre côté scénaristes, avec un accord salarial et des protections sur l’usage de l’IA.
Les acteurs, inquiets que les studios emploient cette technologie pour cloner leur voix et leur image, afin de les réutiliser à perpétuité sans compensation ni consentement, ne reprennent le chemin des tournages qu’en novembre.
Outre les avancées salariales, la grève a permis d’imposer de nouvelles restrictions sur l’utilisation de l’IA. Elle a au total paralysé pendant six mois la production de films et séries américains et coûté au moins 6 milliards de dollars à l’économie américaine. Plusieurs productions majeures, dont la série «Stranger Things», ont été retardées.
La planète en surchauffe
Les mois de juin à octobre ont été les plus chauds jamais enregistrés dans le monde, selon l’observatoire européen Copernicus, pour lequel l’année 2023 dépassera avec une «quasi-certitude» le record annuel de 2016, pour être «la plus chaude dans les annales».
Ces températures sont accompagnées de sécheresses synonymes de famines, d’incendies dévastateurs ou d’ouragans renforcés.
Le Canada a ainsi connu cette année une saison de feux de forêt historiques, avec plus de 18 millions d’hectares brûlés et 200 000 personnes déplacées.
Des incendies à Hawaï en août ont quasiment rasé la ville touristique de Lahaina sur Maui et fait 97 morts.
La Grèce a été durement touchée par des incendies pendant l’été (au moins 26 morts) dont le plus grand jamais répertorié dans l’Union européenne, dans l’Evros (nord-est). Des inondations ont ensuite dévasté en septembre la plaine fertile de Thessalie (centre), faisant 17 morts.
De violents feux favorisés par la canicule ont aussi ravagé les îles touristiques de Rhodes et de Corfou, et des zones du bassin méditerranéen comme l’Algérie et la Sicile.
Retour vers la Lune
La Lune s’est retrouvée au cœur de la course à l’espace. L’Inde est parvenue, le 23 août, à y poser une fusée non habitée, Chandrayaan-3 («vaisseau lunaire» en sanskrit), dans une zone inexplorée près du pôle Sud, une première.
Quelques jours auparavant, la sonde russe Luna-25, première mission vers la Lune de Moscou depuis 1976, s’était écrasée dans la même région, objet de toutes les attentions, car il s’y trouve de l’eau sous forme de glace.
Avant l’Inde, seuls les États-Unis, l’Union soviétique et la Chine étaient parvenus à procéder à des alunissages contrôlés.
La Nasa américaine compte pour sa part sur la fusée Starship, développée par SpaceX — l’entreprise d’Elon Musk — pour ses missions Artémis de retour sur la Lune, avec l’ambition d’y ramener des astronautes en 2025, pour la première fois depuis 1972.
Le 20 avril, Starship a décollé pour la première fois dans sa configuration complète, mais des pannes de moteurs ont contraint SpaceX à faire exploser la fusée au bout de quatre minutes. Au deuxième essai, en novembre, l’étage supérieur de l’immense fusée a réussi à atteindre l’espace, avant qu’une «anomalie» n’entraîne son explosion.
La start-up japonaise ispace a pour sa part échoué en avril à faire alunir son module Hakuto-R, mais l’agence spatiale nippone Jaxa a lancé une nouvelle mission lunaire début septembre.
Baiser forcé dans le foot espagnol
Le 20 août, quelques minutes après le sacre de l’Espagne au Mondial féminin à Sydney, Luis Rubiales, alors président de la Fédération espagnole de football, embrasse sur la bouche par surprise l’attaquante Jenni Hermoso, provoquant l’indignation internationale.
Tandis que Jenni Hermoso dénonce un acte «sexiste, déplacé et sans aucun consentement» de sa part, Luis Rubiales affirme longtemps qu’il ne s’agit que d’«un petit bisou consenti», avant de démissionner le 10 septembre. Inculpé d’«agression sexuelle» par la justice, il a été suspendu pour trois ans de toute activité liée au football par la FIFA (fédération internationale).
Ce «#MeToo du foot espagnol» a eu un retentissement d’autant plus fort que le football féminin, à l’instar de cette neuvième édition de la coupe du monde, suscite un engouement croissant.
Offensive éclair en Haut-Karabakh
Le 19 septembre, l’Azerbaïdjan attaque le Haut-Karabakh, un territoire séparatiste à majorité arménienne que Bakou et Erevan se disputent depuis plus de trois décennies.
Cette enclave montagneuse — qui a proclamé unilatéralement son indépendance en 1991 après la chute de l’Union soviétique, avec le soutien de l’Arménie — a déjà été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase (de 1988 à 1994 et à l’automne 2020).
En 24 heures, les autorités du territoire, lâchées par Erevan, capitulent et un cessez-le-feu est conclu. Après cette offensive éclair, qui a fait près de 600 morts, la majorité des 120 000 habitants fuient vers l’Arménie, alors que le Haut-Karabakh annonce sa dissolution au 1er janvier 2024.
Mi-novembre, la Cour internationale de Justice (CIJ), saisie par Erevan, a ordonné à Bakou de permettre un retour «en toute sécurité» des habitants du Haut-Karabakh. Les pourparlers menés sous médiation internationale en vue d’un accord de paix n’ont pour l’instant pas abouti.
Un ultralibéral à la tête de l’Argentine
L’économiste ultralibéral Javier Milei, 53 ans, prendra le 10 décembre ses fonctions de président en Argentine, après sa large victoire le 19 novembre face au centriste Sergio Massa.
Cet «anti-système», pourfendeur des péronistes et libéraux alternativement au pouvoir depuis vingt ans, promet une thérapie de choc à la troisième économie d’Amérique latine, en proie à une inflation record: privatisations tous azimuts, coupes «à la tronçonneuse» dans la dépense publique, et remplacement du peso argentin par le dollar, avec suppression de la Banque centrale.
Parmi ses idées polémiques, la dérégulation de la vente d’armes et une «solution de marché» pour le don d’organes.
Son jeune parti, La Libertad Avanza, n’étant que la troisième force à la chambre basse du Parlement, avec 38 députés sur 257, Milei devra toutefois nouer des alliances pour faire voter ses projets.