La stratégie nord-américaine de Ciment McInnis


Édition du 06 Mai 2017

La stratégie nord-américaine de Ciment McInnis


Édition du 06 Mai 2017

Par François Normand

Sans tambour ni trompette, Ciment McInnis a déployé son réseau de terminaux et s'apprête maintenant à vendre le ciment de son usine de Port-Daniel-Gascon (en Gaspésie) sur les marchés de l'Ontario, du Québec, des Maritimes, ainsi que dans le nord-est des États-Unis.

La cimenterie vient juste d'être terminée, et elle aura à terme une production annuelle de 2,5 millions de tonnes de ciment. La construction a coûté 450 millions de dollars (M $) de plus que le 1,1 milliard prévu à l'origine, un dépassement déjà connu et financé. La Caisse de dépôt et placement du Québec, qui a injecté 125 M $ supplémentaires en 2016, contrôle le projet, dans lequel est aussi engagée la famille Beaudoin (Bombardier).

Actuellement, de 900 000 tonnes à 1 million de tonnes (de 36 à 40 % de la capacité de production) sont sécurisées par des ententes d'approvisionnement avec des clients au Canada et aux États-Unis. En 2019, cette proportion grimpera à 75 %. «Nous n'avons pas encore livré une tonne de ciment. C'est exceptionnel ! Cela montre le besoin d'un nouveau joueur dans le marché», dit Hervé Mallet, président et chef de la direction de la cimenterie.

Suivant sa stratégie, Ciment McInnis vendra de 40 à 50 % de sa production au Canada et de 50 à 60 % aux États-Unis.

L'entreprise se mesurera à de gros joueurs de l'industrie, tels que la française Lafarge, la mexicaine CEMEX et l'allemande HeidelbergCement. Pour se démarquer, Ciment McInnis misera d'abord sur la qualité de son service. Ses terminaux seront ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

L'entreprise s'appuiera aussi sur la qualité et la constance de son produit. Son ciment provient d'une source unique, en Gaspésie, alors que ses concurrents s'approvisionnent souvent auprès de diverses sources, ce qui peut compliquer la vie des clients dans le secteur de la construction.

La stratégie au Canada

Sur le marché canadien, Ciment McInnis vendra la part du lion de sa production au Québec (45 %), suivi de l'Ontario (35 %) et des Maritimes (20 %).

Au Québec, qui comptera donc pour environ 25 % de la production totale, la grande région de Montréal est stratégique. C'est pourquoi la cimenterie a construit un terminal à Sainte-Catherine, sur la Rive-Sud de Montréal.

«Le ciment y sera acheminé par bateau et sera ensuite distribué par camion dans la région métropolitaine», explique Hervé Mallet.

Cela dit, l'impact de cette nouvelle offre de ciment sur le marché québécois devrait avoir un impact limité sur la production locale, du moins selon Ciment McInnis.

Pourquoi ? Parce que la grande majorité de la production qui sera vendue au Québec se substituera à des importations de ciment provenant de l'Asie ou de l'Europe. Ciment McInnis acheminera aussi par bateau du ciment jusqu'à son second terminal canadien, qui est situé à Oshawa, près de Toronto. «Ce terminal nous donne accès au marché de la grande région de Toronto», souligne M. Mallet.

La Banque Scotia estime que les deux terminaux sur la voie maritime du Saint-Laurent pourraient permettre à Ciment McInnis de s'attaquer au marché américain par les Grands Lacs, où il y a par exemple la ville de Chicago.

Hervé Mallet n'exclut pas ce scénario, mais ce n'est pas la voie privilégiée pour vendre du ciment aux États-Unis. «Si nous vendons du ciment sur le marché américain en passant par la voie maritime du Saint-Laurent, ce sera plus avec des contrats de gré à gré», précise-t-il.

La stratégie aux États-Unis

Chez nos voisins du sud, Ciment McInnis vise avant tout les marchés de New York et de la Nouvelle-Angleterre, et ce, avec deux terminaux.

Le premier est situé dans le Bronx, l'un des cinq arrondissements de New York. Il permettra de distribuer du ciment dans la grande région de New York.

Le second est à Providence, à Rhode Island. Il donne accès au marché du Connecticut. Pour atteindre le Massachusetts et la région de Boston, Ciment McInnis construira un «terminal satellite», qui sera relié par train à celui de Providence.

L'entreprise pourrait aussi ajouter un ou deux terminaux satellites dans le sud de l'Ontario.

Malgré la montée du protectionnisme aux États-Unis, l'entreprise québécoise dit ne pas craindre qu'il soit plus difficile de vendre son ciment sur le marché américain. «Je ne suis pas du tout inquiet», affirme Hervé Mallet. D'une part, parce que les États-Unis sont un pays importateur net de ciment. D'autre part, parce que le programme d'infrastructures de l'administration Trump pour stimuler l'économie et créer des emplois augmentera encore la demande en ciment aux États-Unis.

À la une

Bourse: d'excellents rendements grâce aux «5 magnifiques»

BALADO. Microsoft, Nvidia, Amazon, Alphabet et Meta Platforms ont généré 40% des gains du S&P 500 au premier trimestre.

La Banque Royale du Canada confirme qu’elle a fait l’acquisition de HSBC

Il y a 2 minutes | La Presse Canadienne

En vertu de cette transaction, 4500 employés de HSBC Canada migreront vers RBC.

Bourse: nouveaux records pour le Dow Jones et le S&P 500 à Wall Street

Mis à jour le 28/03/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto est en hausse et les marchés américains sont mitigés.