Il avait abaissé sa prévision de croissance mondiale 2019 à 3,3%, prenant acte d’un ralentissement dans 70% du globe.
Le Fonds monétaire international a lancé jeudi un sérieux avertissement aux États-Unis et à la Chine qui ont déterré la hache de guerre commerciale au risque de compromettre le rebond économique mondial attendu pour le second semestre 2019.
Début avril, le FMI avait abaissé sa prévision de croissance mondiale 2019 à 3,3 %, prenant acte d’un ralentissement synchronisé affectant 70 % de l’économie du globe.
Pour autant, à la faveur d’une trêve prolongée entre les deux premières puissances économiques mondiales et l’espoir de la signature d’un accord, l’institution de Washington s’attendait à un rebond au second semestre.
C’était avant que Donald Trump révèle que Pékin était revenu sur ses engagements. En représailles, l’hôte de la Maison-Blanche a imposé le 10 mai des tarifs douaniers renforcés sur 200 milliards de biens en provenance du géant asiatique.
« Bien que l’impact sur la croissance mondiale soit pour le moment relativement modeste, la nouvelle escalade pourrait sérieusement détériorer le climat des affaires et la confiance des marchés financiers, perturber les chaînes de production et compromettre la reprise de la croissance mondiale prévue en 2019 », estime jeudi Gita Gopinath, la cheffe économiste du FMI.
D’autant que la Chine doit augmenter des droits de douane sur 60 milliards de marchandises américaines à compter du 1er juin.
De plus, Donald Trump envisage d’imposer des tarifs douaniers additionnels sur quelque 300 milliards de dollars d’importations en provenance du géant asiatique.
Si une telle menace se concrétisait, c’est la totalité des importations de Chine (plus de 539 milliards en 2018) qui seraient alors frappées par des surtaxes américaines.
Le président américain entend réduire drastiquement le déficit commercial des États-Unis avec la Chine (378,73 milliards de dollars en 2018, surplus des services compris).
Dans un billet de blogue commun avec deux autres experts du FMI, Eugenio Cerutti et Adil Mohommad, Gita Gopinath constate que « les tarifs douaniers ont réduit les échanges entre les États-Unis et Chine, mais le déficit commercial bilatéral reste globalement inchangé ».
Les économistes du Fonds estiment en outre que les tensions commerciales sino-américaines commencent à affecter négativement les consommateurs ainsi que de nombreux producteurs des deux pays. Ils citent ainsi des machines à laver plus chères aux États-Unis tandis que les importateurs américains ont dû rogner leurs marges.
La mise en garde du FMI fait écho aux nombreux appels d’industriels, agriculteurs, détaillants américains qui exhortent Donald Trump à trouver une solution négociée avec Pékin.
Si de nombreux agriculteurs continuent de soutenir le président républicain dans ses velléités de mettre fin aux pratiques commerciales chinoises jugées « déloyales », ils font désormais le bilan d’un conflit déclenché il y a plus d’un an.
Crispation
Un seul exemple : les exportations de soja vers la Chine se sont effondrées l’an passé, représentant 3,1 milliards de dollars contre 12,3 milliards en 2017.
Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a reconnu mercredi que certains produits de consommation courante ont pu augmenter, contredisant des affirmations du président républicain.
Les fabricants de chaussures et leurs distributeurs, dont Adidas, Nike, Puma et Steve Madden, ont, eux, exhorté Donald Trump à retirer « immédiatement » les chaussures de la liste des produits manufacturés susceptibles d’être frappés à leur tour par des tarifs douaniers supplémentaires.
« La proposition de tarifs douaniers additionnels de 25 % sur les chaussures serait catastrophique pour nos consommateurs, nos entreprises et l’économie américaine dans son ensemble », ont-ils argué dans une lettre au président.
À l’issue des négociations commerciales qui se sont tenues les 9 et 10 mai à Washington, les deux parties sont convenues de poursuivre le dialogue.
Donald Trump a même annoncé une rencontre de son homologue chinois Xi Jinping, fin juin lors du sommet du G20 au Japon.
Mais depuis la crispation est à son comble, l’administration américaine ayant aussi pris des mesures contre le secteur technologique chinois.
Cette semaine, l’ambassadeur de Chine aux États-Unis a accusé Washington d’avoir à maintes reprises « changé d’avis du jour au lendemain » et, ce faisant, d’avoir fait échouer des accords susceptibles de mettre fin à leur conflit.