Le président américain Joe Biden a salué cette croissance: «les chiffres du PIB pour ma première année montrent que nous construisons enfin une économie américaine pour le XXIe siècle». (Photo: Getty Images)
Washington — Les États-Unis ont enregistré en 2021 leur plus forte croissance depuis 1984, portée par les plans de relance massifs et la vaccination, mais 2022 est déjà menacée par Omicron, l’inflation, et la paralysie du plan d’investissement de Joe Biden.
Le produit intérieur brut (PIB) de la première économie mondiale a augmenté de 5,7% en 2021, selon une estimation préliminaire du département du Commerce publiée jeudi. Il a été porté par les dépenses de consommation des ménages (+7,9%) et les investissements des entreprises dans le pays (+9,5%).
Le président américain Joe Biden a salué cette croissance: «les chiffres du PIB pour ma première année montrent que nous construisons enfin une économie américaine pour le XXIe siècle».
Ce fort rebond économique arrive cependant après la contraction historique de la croissance des États-Unis en 2020, sous l’effet de la crise sanitaire liée à la COVID-19: Le PIB avait reculé de 3,5%, enregistrant sa plus forte baisse depuis 1946.
La croissance enregistrée en 2021 est meilleure qu’attendu par la banque centrale américaine (Fed) qui anticipait un rebond de 5,5% en 2021 et par le Fonds monétaire international (FMI) qui tablait sur 5,6%.
La Chine, grand rival des États-Unis, a enregistré une progression de 8,1% de son PIB en 2021, malgré un repli de son secteur immobilier, locomotive de sa croissance, et une consommation intérieure plus faible liée aux mesures draconiennes visant à contenir le variant Omicron.
La croissance française sera connue vendredi, et est attendue à 6,7%. Le PIB de la zone euro sera publié lundi.
Euphorie au premier semestre
L’année 2021 avait commencé en fanfare. Les comptes en banque des ménages américains avaient été gonflés par les plans de relance massifs et les aides, au chômage notamment.
Et au printemps, on espérait que la pandémie ne paraisse bientôt qu’un lointain souvenir grâce à une campagne active de vaccination.
La croissance avait été de 6,4% au premier trimestre, et 6,7% au deuxième. La première économie du monde avait même, alors, retrouvé son niveau d’avant l’épidémie.
Mais l’apparition du variant Delta a sonné le rappel à la réalité et la croissance avait ralenti à 2,3% au troisième trimestre.
Au quatrième trimestre, la croissance s’est accélérée, à 6,9% en rythme annualisé, bien plus qu’attendu par les analystes, qui la voyaient bondir à 5,6%. Et le PIB est supérieur de 3,1% à celui du quatrième trimestre 2019, le dernier avant la pandémie de COVID-19.
Apparu en novembre, Omicron n’a commencé qu’en toute fin d’année à peser sur l’économie américaine.
Les États-Unis privilégient la croissance du PIB en rythme annualisé, qui projette la croissance d’un seul trimestre sur l’année entière à ce rythme.
D’autres économies avancées, comme la France, utilisent une simple comparaison par rapport au trimestre précédent. En prenant ce mode de calcul, la croissance des États-Unis a été de 1,7%.
Croissance et inflation
Les milliers de milliards de dollars injectés dans l’économie par le gouvernement fédéral ont certes permis à l’économie de rebondir vite et fort, mais cela a aussi fait grimper les prix. Car en face, l’offre ne parvient pas à suivre, à cause des perturbations mondiales d’approvisionnement qui provoquent des pénuries et des retards.
Les prix à la consommation ont augmenté de 3,9% en 2021, la plus forte hausse depuis 1990, avec une accélération au dernier trimestre (+6,5%), selon l’indice PCE du département du Commerce, privilégié par la banque centrale américaine (Fed), et également publié jeudi.
L’autre indice de l’inflation, celui du département du Travail (PCI), publié le 12 janvier, avait fait état d’une inflation de 7% en 2021, soit la plus forte hausse depuis juin 1982.
Cela devrait peser sur la croissance au premier trimestre 2022.
Elle devrait également être ralentie par le variant Omicron qui a lourdement pesé sur les effectifs. Les compagnies aériennes ont dû annuler des milliers de vols, les restaurants ont réduit leurs horaires d’ouvertures, les usines ont freiné leur production.
Le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les États-Unis, tablant, pour 2022, sur 4,0%, contre 5,2% auparavant.
Le Fonds a en effet retiré de ses projections les bénéfices que pourrait apporter le plan d’investissement «Build Back Better» («Reconstruire en mieux») de Joe Biden, qui prévoit quelque 1 800 milliards de dollars de dépenses sociales, car celui-ci s’enlise au Congrès.
La Fed prévoit, elle aussi, à ce stade, 4,0% de croissance en 2022.