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La COVID-19 n’est plus une urgence internationale

La Presse Canadienne|Publié le 05 mai 2023

La COVID-19 n’est plus une urgence internationale

«C’est avec beaucoup d’espoir que je déclare la COVID-19 terminée comme urgence sanitaire internationale», a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. (Photo: La Presse Canadienne)

Genève — L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré vendredi que la COVID-19 n’était plus considérée comme une urgence internationale, marquant la fin symbolique de la pandémie dévastatrice qui a déclenché des confinements autrefois impensables, bouleversé les économies du monde entier et tué au moins 7 millions de personnes dans le monde.

L’OMS a dit que même si la phase d’urgence est terminée, la pandémie, elle, ne l’est pas, notant des pics récents de cas en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. L’agence de santé des Nations unies affirme que des milliers de personnes meurent encore du virus chaque semaine.

«C’est avec beaucoup d’espoir que je déclare la COVID-19 terminée comme urgence sanitaire internationale», a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

«Cela ne signifie pas que la COVID-19 est terminée en tant que menace pour la santé mondiale», a-t-il toutefois nuancé, ajoutant qu’il n’hésiterait pas à convoquer à nouveau des experts pour réévaluer la situation si la maladie «mettait notre monde en péril».

Le ministre de la Santé du Canada, Jean-Yves Duclos, a souligné en point de presse que la COVID-19 cause toujours des décès et hospitalisations au pays, bien qu’en moins grand nombre qu’auparavant.

«Il y a les effets de la COVID longue qui sont à la fois peu connus encore et très significatifs», a-t-il ajouté depuis Ottawa.

M. Tedros a affirmé que la pandémie est sur une tendance à la baisse depuis plus d’un an, reconnaissant que la plupart des pays étaient déjà revenus à leur vie d’avant. Il a déploré les dommages que la COVID-19 a causés à la communauté mondiale: le virus a détruit des entreprises et plongé des millions de personnes dans la pauvreté, a-t-il rappelé.

«La COVID a changé notre monde et il nous a changés», a-t-il déclaré, avertissant que le risque de nouveaux variants subsistait.

En entrevue avec La Presse Canadienne, le virologue Benoit Barbeau a expliqué que l’immunité hybride, qui est la protection offerte par la combinaison de l’infection et de la vaccination, l’efficacité des médicaments antiviraux, mais aussi l’expertise développée par le personnel de la santé expliquaient en partie la fin de la phase d’urgence.

«On comprend un peu mieux aussi comment se transmet le virus, alors on sait quels gestes poser lorsqu’il y aura des éclosions et finalement, dans les milieux cliniques, ils sont beaucoup mieux équipés en termes d’information et de connaissances pour gérer les cas de COVID qui sont plus dangereux», a résumé le professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM.

Une longue crise

Lorsque l’agence de santé des Nations unies avait déclaré pour la première fois que le coronavirus était une crise internationale le 30 janvier 2020, la maladie ne s’appelait pas encore COVID-19, et il n’y avait pas d’épidémie majeure au-delà de la Chine.

Plus de trois ans plus tard, le virus a causé environ 764 millions de cas dans le monde et quelque 5 milliards de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin.

Aux États-Unis, la déclaration d’urgence de santé publique concernant la COVID-19 doit expirer le 11 mai, lorsque de vastes mesures pour soutenir la réponse à la pandémie, y compris les obligations de vaccination, prendront fin. De nombreux autres pays, dont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, ont abandonné nombre de leurs dispositions contre la pandémie l’année dernière.

Lorsque M. Tedros avait déclaré que la COVID-19 était une urgence en 2020, il avait dit que sa plus grande crainte était le potentiel de propagation du virus dans les pays aux systèmes de santé faibles, qu’il a qualifiés de «mal préparés».

En fait, certains des pays qui ont subi les pires décès dus à la COVID-19 étaient auparavant jugés comme les mieux préparés à une pandémie, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni. Selon les données de l’OMS, le nombre de décès signalés en Afrique ne représente que 3% du total mondial.

L’OMS a pris sa décision d’abaisser son niveau d’alerte le plus élevé vendredi, après avoir convoqué jeudi un groupe d’experts. L’agence des Nations unies ne «déclare» pas les pandémies, mais a d’abord utilisé le terme pour décrire l’épidémie en mars 2020, lorsque le virus s’est propagé sur tous les continents sauf l’Antarctique.

Critiques envers l’OMS

L’OMS est la seule agence mandatée pour coordonner la réponse mondiale aux menaces sanitaires aiguës, mais l’organisation a faibli à plusieurs reprises au fur et à mesure que la crise s’est déployée. En janvier 2020, l’OMS avait publiquement applaudi la Chine pour sa réponse soi-disant rapide et transparente, même si des enregistrements de réunions privées obtenus par l’Associated Press ont montré que de hauts responsables étaient frustrés par le manque de coopération du pays.

L’OMS avait également recommandé pendant des mois aux membres du public de ne pas porter de masques pour se protéger contre la COVID-19, une erreur qui aurait coûté des vies, selon des responsables sanitaires.

De nombreux scientifiques ont aussi critiqué la réticence de l’OMS à reconnaître que la COVID-19 était fréquemment propagée dans l’air et par des personnes sans symptômes, déplorant le manque de directives solides de l’agence pour prévenir une telle exposition.