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La CAQ pratique le bilinguisme intégral

La Presse Canadienne|Publié le 06 septembre 2022

La CAQ pratique le bilinguisme intégral

La CAQ offre aux lecteurs de son site internet le libre choix entre le français et l’anglais, plaçant les deux langues sur un pied d’égalité. (Photo: La Presse Canadienne)

Québec — Le gouvernement de François Legault a fait de la primauté du français une priorité, mais son parti, la Coalition avenir Québec (CAQ), pratique le bilinguisme, et dans certains cas un bilinguisme intégral.

Dans le bilan qu’elle trace du premier mandat du gouvernement Legault, la CAQ offre aux lecteurs de son site internet le libre choix entre le français et l’anglais, plaçant les deux langues sur un pied d’égalité.

Un anglophone ou un immigrant peut donc cliquer sur la version française, «Maintenant. Le bilan.» ou sur la version anglaise, «Now. Notre disque.», en traduction intégrale. C’est au choix. Le recours au français y est donc optionnel.

Il s’agit d’un long texte détaillé et commentant au total 104 réalisations du gouvernement Legault réalisées entre 2018 et 2022.

Le premier ministre sortant, qui n’hésite pas à brandir le spectre de la Louisiane, craignant le déclin continu du français au Québec, a fait adopter la loi 96, qui vise à faire de la langue française la langue d’usage au Québec dans tous les secteurs d’activité.

L’immigrant de fraîche date peut donc consulter en anglais le site du parti au pouvoir pour s’informer, mais s’il est au Québec depuis au moins six mois il n’aura accès à aucun service public en anglais, devant fonctionner avec l ’État exclusivement en français, en vertu de la loi 96.

La loi impose l’usage «exemplaire et exclusif» du français dans l’administration publique, sauf exceptions.

La pratique du bilinguisme par la CAQ n’a rien d’illégale, car les partis politiques ne sont pas assujettis à la loi 96. Mais le parti donne-t-il le bon exemple et respecte-t-il l’esprit de cette loi?

À maintes reprises, le ministre responsable de la Langue française, qui a piloté le projet de loi 96, Simon Jolin-Barrette, a réaffirmé l’importance de voir l’État adopter des pratiques «exemplaires», déterminé à mettre fin au «bilinguisme de l’État».

Interpellé sur la cohérence entre le gouvernement et le parti, à savoir s’il endossait le bilinguisme de son parti et s’il jugeait qu’il fournissait le bon exemple à ce chapitre, particulièrement aux anglophones, allophones et immigrants, le ministre sortant Jolin — Barrette, candidate de la CAQ dans Borduas, a refusé de commenter.

Même réaction au parti, qui, l’an dernier, avait dit qu’il voulait revoir ses pratiques linguistiques et réduire le recours systématique à l’anglais.

Le contenu des deux versions du bilan de la CAQ est en général similaire, incluant sur la question linguistique, même si on peut observer certaines variantes. Ainsi, dans sa version française, la réalisation 82 parle du français comme de «l’unique» langue officielle du Québec, mais devient une «langue officielle» dans la version anglaise.

Actuellement, sur le plan linguistique, la CAQ semble adopter une position ambiguë, en privilégiant une sorte de «franglais».

Ainsi, si une clique anglophone sur l’onglet «Faire un don» pour faire une contribution financière au parti, il pourra le faire en anglais, en étant redirigé immédiatement sur la version anglaise du site du Directeur général des élections (DGE).

Mais s’il veut savoir quel candidat de la CAQ veut le représenter dans sa circonscription et clique sur «votre équipe», il sera redirigé sur la liste des candidats, disponible uniquement en français.

Même choisi s’il veut adhérer au parti: «Devenir membre» mène à une page en français, tout comme l’onglet «Site officiel» ou «Engagez-vous» pour agir en tant que bénévole.

On trouve une série de communiqués du parti rédigés en anglais, mais le plus récent date de janvier 2022.