«La hausse des taux d'intérêt pourrait présenter des défis pour les entreprises et États fortement endettés», a affirmé la Banque centrale européenne dans son rapport semestriel sur la stabilité financière. (Photo: 123RF)
Francfort — La Banque centrale européenne (BCE) veut «décarboner» à compter d’octobre le portefeuille de dettes d’entreprise à son bilan, espérant que cela incitera les gros émetteurs de CO2 à verdir leurs activités.
Les mesures adoptées par le conseil des gouverneurs de la BCE, un an après l’adoption d’une nouvelle stratégie, «visent à mieux prendre en compte le risque financier lié au climat dans le bilan (des banques centrales de la zone euro)» et à «soutenir la transition verte de l’économie conformément aux objectifs de neutralité climatique de l’UE», selon un communiqué publié lundi.
Concrètement la BCE vise «à partir d’octobre 2022» à «décarboner progressivement son portefeuille d’obligations d’entreprises» accumulé ces dernières années et lourd d’environ 350 milliards d’euros.
Ce portefeuille montre un déséquilibre significatif en faveur des entreprises et des industries nuisibles au climat, qui émettent aussi le plus de dettes sur le marché.
L’institut «fera basculer ces avoirs vers des émetteurs aux meilleures performances climatiques», et ce, alors que près de 10% du portefeuille au bilan, soit 30 milliards d’euros, devront être réinvestis chaque année.
La BCE n’a cependant pas communiqué dans quelle proportion elle va verdir sa politique de réinvestissement au détriment d’entreprises moins performantes sur le climat.
Le principe est que «nous encourageons davantage les entreprises à réduire leurs émissions», a indiqué Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, lors d’un point presse.
Mais «aucune entreprise ne sera entièrement exclue du portefeuille», a-t-elle ajouté.
Autre mesure annoncée: d’ici fin 2024, les actifs apportés en garantie pour emprunter auprès d’une banque centrale de la zone euro seront limités s’il s’agit d’actifs émis par des entreprises polluantes.
Ces actifs devront par ailleurs se conformer à la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité (CSRD) pour être éligibles comme garantie.
Mais ce texte censé s’appliquer à près de 50 000 entreprises dans l’UE voit sa mise en œuvre retardée, c’est pourquoi les critères d’éligibilité de la BCE ne devraient s’appliquer qu’à partir de 2026.
Le concept de prêts «verts» de la BCE aux banques pour financer des projets durables, cher à la présidente Christine Lagarde, reste lui absent de ce catalogue de mesures.
En voulant verdir sa politique monétaire, la BCE dit agir en «pleine conformité» avec l’objectif de ramener l’inflation à 2%, au moment où la transition vers une économie durable est susceptible d’entretenir la hausse des prix, déjà parvenue à des niveaux records.