L'inflation a ralenti en décembre mais les prix des aliments restent élevés

Publié le 17/01/2023 à 09:07, mis à jour le 17/01/2023 à 19:03

L'inflation a ralenti en décembre mais les prix des aliments restent élevés

Publié le 17/01/2023 à 09:07, mis à jour le 17/01/2023 à 19:03

Par La Presse Canadienne

(Photo: La Presse Canadienne)

Toronto — L’inflation alimentaire dépasse l’inflation d’ensemble depuis des mois au Canada, les prix des produits d’épicerie montrant des augmentations de plus de 10% sur un an, et des économistes estiment qu’il faudra attendre plus longtemps pour la voir se refroidir.

Même si les données sur l’inflation publiées mardi ont donné de bonnes nouvelles dans l’ensemble, la croissance des prix des produits d’épicerie a donné peu de signes de ralentissement, a souligné Pedro Antunes, économiste en chef au Conference Board du Canada.

En décembre, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 11,0% sur une base annuelle, — comparativement à 11,4% en novembre —, pendant que l’inflation d’ensemble s’établissait à 6,3%. Les prix des produits d’épicerie ont augmenté de 9,8% en 2022 par rapport à 2021, progressant à leur rythme le plus rapide depuis 1981. Ils avaient grimpé de 2,2% en 2021.

En fait, les prix de chaque aliment suivi par Statistique Canada ont augmenté en 2022, à une exception près: le saumon en conserve, dont le prix a baissé. Certains articles courants ont contribué à faire grimper les prix moyens des aliments, notamment les céréales, avec une hausse de 13,6% ; la viande transformée, en hausse de 9,6% ; les légumes frais, en hausse de 8,3% ; les fruits frais, en hausse de 10,4% ; et les produits laitiers, en hausse de 8,6%.

Les prix des aliments ont été touchés par une multitude de facteurs mondiaux, notamment la guerre en Ukraine et les conditions météorologiques extrêmes. En outre, les prix de l’énergie ont été un facteur majeur, a souligné David Macdonald, économiste principal au Centre canadien de politiques alternatives. Il a noté que des marges plus élevées tout au long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire étaient probablement un autre facteur.

Mais alors que les prix de l’énergie ont baissé à mesure que 2022 avançait, l’inflation des aliments n’a pas suivi la même trajectoire, a noté M. Macdonald, puisque l’énergie n’était pas le seul facteur à faire grimper les prix.

«Pour l’instant, rien n’indique que les prix des aliments dans les épiceries se modèrent», a-t-il affirmé.

Pendant ce temps, la Banque du Canada a augmenté les taux d’intérêt avec dynamisme dans le but de contenir l’inflation.

Le taux d’intérêt directeur de la banque centrale est passé de 0,25% au début de l’année 2022 à 4,25% en décembre, et une nouvelle hausse devrait être annoncée la semaine prochaine, selon la plupart des observateurs.

Mais des économistes notent que l’instrument des taux d’intérêt a peu ou pas d’effet sur les prix alimentaires, car ils sont plus intimement liés aux facteurs mondiaux.

C’est probablement la raison pour laquelle les prix des denrées alimentaires ont dépassé l’inflation globale et celle pour laquelle ils mettront probablement plus de temps à se refroidir, a expliqué M. Antunes. «Ces choses n’ont rien à voir avec la politique monétaire.»

De nombreux facteurs affectant l’alimentation ont commencé avant que l’inflation d’ensemble ne commence sa montée fulgurante, a souligné M. Antunes, citant les problèmes de production mondiale en 2020 et la demande croissante alors que les économies se déconfinaient après la pandémie. Ensuite, la hausse des prix du gaz naturel et des engrais a accentué la pression, a-t-il dit.

Les prix de l’essence se sont refroidis depuis leurs sommets (bien que ce ne soit pas nécessairement attribuable aux décisions de la banque centrale), le marché du logement s’affaisse sous le poids de la flambée des taux d’intérêt, et pourtant l’inflation alimentaire reste obstinément élevée, s’imposant aux consommateurs chaque fois qu’ils vont à l’épicerie.

Même si les prix de certaines matières premières sont revenus aux niveaux précédant la guerre, a observé M. Antunes, il faudra peut-être du temps pour que cela fasse son chemin dans le système.

«Je pense que nous verrons éventuellement un relâchement des pressions sur les prix des denrées alimentaires», a-t-il affirmé.

À ce stade, M. Macdonald n’est pas convaincu que l’inflation alimentaire se modérera en 2023, à moins que quelque chose de majeur ne se produise pour la relancer, comme la fin de la guerre en Ukraine. Mais il espère que l’inflation alimentaire a au moins atteint son apogée.

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